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Heureux qui comme - Par Nicolas Presl - Atrabile

Par Thierry Lemaire le 5 février 2013                      Lien  
Nicolas Presl s'attaque à l'Afrique noire, à ses maux, à ses espoirs, dans une histoire muette et colorée de 240 pages. Un récit contemporain, moite, sombre autant que lumineux, et très réussi.

Il y a près de trois ans, l’excellent Fils de l’ours père paru chez The Hoochie Coochie était malheureusement passé à peu près inaperçu malgré une sélection officielle au FIBD 2011. Heureux qui comme va-t-il connaître le même destin ? Ce serait une nouvelle fois bien dommage car le dernier album en date de Nicolas Presl est là encore assez remarquable. L’histoire relate deux destins croisés en Afrique noire. Celui d’une jeune femme fragile qui vient de France pour effectuer une sorte de pèlerinage sur les traces d’un être aimé. Et celui d’un expat’ sans foi ni loi, cadre de l’African Mining Company. Ces deux êtres qui n’ont rien en commun et représentent deux regards européens opposés sur l’Afrique, vont pourtant brièvement se rencontrer comme l’eau entre en contact avec l’huile.
Heureux qui comme - Par Nicolas Presl - Atrabile
Avec cette histoire sans paroles et son gaufrier de quatre cases, on pouvait craindre simplisme et répétitivité. Il n’en est rien bien évidemment. L’habileté de Presl à exprimer des sentiments et des situations complexes sans les mots est comme toujours épatante. Le scénario est riche, épais, et astucieusement servi par un encrage de couleur tout en symbole. Les tons bleus pour l’Europe ou le monde occidental, les tons orangés pour l’Afrique, le noir pour les menaces, le vert pour les hallucinations, etc. Et certains bleus ont tendance à se rapprocher dangereusement du noir. Quant au gaufrier qu’on croirait trop rapidement immuable, il est en réalité bien plus mouvant qu’on ne le pense.

Certes, le constat que fait Nicolas Presl de l’Afrique noire n’est pas très optimiste. Épidémies, corruption, violence, oppression, chaleur étouffante, isolement méprisant des expatriés sont palpables à chaque page. Le personnage de la jeune femme, qui se mélange à la population, tempère un peu ce sentiment désagréable. Mais le pot de terre ne peut pas grand chose face au cynisme de l’African Mining Company. L’espoir est quand même là, petite flamme dans les yeux de cette femme transformée par son voyage. On aurait bien sûr aimé qu’il fut plus présent. Mais la vie ressemble rarement à un conte de fée.

(par Thierry Lemaire)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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