Harvey Slater hante Los Angeles autant que la Cité des anges le hante, indéniablement. Policier respectable le jour, il arpente les bas-fonds de sa ville la nuit, avec la bénédiction de son supérieur hiérarchique, qui lui confie régulièrement de singulières missions de nettoyage. Missions qui ne vont pas sans heurts, accidents, uppercuts, coups de revolver ou même revers de croc de boucher, c’est selon. Selon les affinités de ses partenaires, ou de ses adversaires.
Mais voilà que les choses se corsent, avec deux problématiques retours, côté cour et côté jardin. Avec, côté cour, celui d’un baron de la pègre, dont il faut limiter l’influence au plus vite. Et, côté jardin, celui de Bonnie, toute aussi experte dans l’art d’attirer les hommes que les ennuis. Et là, il s’agit manifestement de gros ennuis.
Reprenant de nombreux codes du récit hard boiled, ancré dans un imaginaire de Los Angeles déjà riche, Hit livre une partition plus que convaincante, s’appuyant habilement sur la topographie ainsi que sur les différentes ambiances de la ville. Dépeignant un monde décrépi et corrompu, cette histoire dérive en une virée sordide vécue au plus près du héros et où les diverses étapes convergent finalement dans la plus pure tradition du genre.
Le travail de Vanesa R. Del Rey, la dessinatrice, pour installer l’atmosphère et camper les personnages impressionne : l’immersion est immédiate et permet à l’histoire imaginée par Bryce Carlson de se déployer de manière fluide et nerveuse à la fois. On sort de là un peu groggy, à la manière du héros, mais avec en tête l’envoûtante Bonnie, parfaite incarnation de la femme fatale et l’une des vraies réussites du volume. Hit se révèle un bel ouvrage qui devrait séduire les amateurs du genre.
(par Aurélien Pigeat)
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