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Hokusaï, l’homme qui éveilla le dessin de l’Occident

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 septembre 2010                      Lien  
Si l’on devait s’intéresser aux relations entre la BD occidentale et la BD japonaise, il faudrait commencer par étudier la vie et l’œuvre du peintre et graveur Hokusaï. Il n’est pas seulement l’inventeur du mot « manga », il est aussi le premier à synthétiser un style qui influença profondément les artistes japonais, mais aussi ceux de l’Occident. Shôtarô Ishi No Mori vient de lui consacrer une biographie en… manga.

Il n’est jamais trop tard pour devenir un grand artiste. Comme Edgar-Pierre Jacobs qui commença sa carrière de bande dessinée à 42 ans, produisant les chefs d’œuvre que l’on connaît, Katsuhika Hokusaï ne signa sous ce nom que passé la quarantaine. Mais contrairement au baryton belge, il avait déjà une sacrée carrière de peintre derrière lui, et même de peintre à succès, sous le nom de Tetsuzô.

Les raisons de cette rupture ? Sans doute la volonté de changer d’ère –la société japonaise pèse de tous temps sur ses citoyens- mais surtout de se faire reconnaître non pour le genre qu’il illustre, mais pour son vrai talent. Ce faisant, il révolutionne la technique de l’estampe japonaise livrant même avec ses 36 vues du Mont Fuji, célèbres grâce à la Grande Vague de Kanagawa, une œuvre sous contrainte (il s’agit de montrer le Mont Fuji sous 36 angles différents) digne de l’OuBaPo.

Hokusaï, l'homme qui éveilla le dessin de l'Occident
Katsuhika Hokusaï – « La grande vague de Kanagawa » (1830 ou 1831) extrait de la suite « 36 vues du Mont Fuji ».

Une influence profonde sur l’Occident

Mais outre le talent inouï de l’artiste, notamment dans l’expression des paysages, c’est à la fois l’influence que l’Occident exerça sur son art, et la façon dont celui-ci influença à son tour les Japonais qui mérite l’attention. Le manga de Ishi No Mori (le créateur de Cyborg 009) décrit ce moment où ses amis apportent à l’artiste du papier de Hollande, un papier de belle qualité produit de façon industrielle, mis au point à partir de 1802. Grâce à lui, Hokusaï découvre les vertus de l’aquarelle et, par ricochet, une technique de trait –simple, lisible- et une gamme de tons inédits, ces fameux tons pastels qui influenceront la mise en couleurs des maîtres de la Ligne Claire.

Hokusaï s’approprie la perspective que les Européens traitent à la perfection et que les Japonais ne découvrirent qu’à la moitié du XVIIIe Siècle et livre des estampes dotées d’une puissance et d’une liberté de traitement inouïs jusque là pour des imprimés. Ses fantômes de femmes, en particulier, fondent un imaginaire fantastique qui marquera profondément la société japonaise.

Un manga de Katsuhika Hokusaï – « Fugaku Hyakkei », extrait du recueil « 100 vues du Mont Fuji » Tome 1 – 1834.
(Dessin issu de Coconino-world)

A l’origine du Japonisme

L’exposition des estampes japonaises des collections Bing, Burty et Guimet à l’exposition universelle de Paris, en 1878, lance le japonisme qui influence l’Impressionnisme qui s’inspire par ailleurs de la théorie des couleurs de la trichromie des physiciens Young et Maxwell. On trouve des traces de ce japonisme dès 1880 chez Christophe (La Famille Fenouillard, Le Sapeur Camember) ou chez les imagiers de la maison parisienne Quantin. Mais aussi chez Caran d’Ache, Steinlein, Toulouse Lautrec ou Aubrey Beardsley.

Cette influence du japonisme s’étend jusqu’aux États-Unis : L’Américain A. B. Frost, l’un des précurseurs du Comic dans son pays et « le plus célèbre illustrateur de son temps » vint habiter avec sa famille à Giverny en 1906. Il est probable qu’il n’ignore rien des 231 estampes japonaises de la collection de Claude Monet, son voisin. Elles sont signées pour la plupart Hokusaï, Hiroshige et Utamaro. Des Japonais, Frost retiendra les sujets anecdotes et contrastés, tendant vers une dynamique d’une parfaite lisibilité. On retrouve ici chez son disciple Peter Newell dans The Naps of Polly Sleepyhead (1905) des traces de ce japonisme américain.

L’influence du japonisme sur l’un des fondateurs de la BD française. Les Lundis de Caran d’Ache – Lundi 20 juillet 1889.
(Dessin issu de la numérisation du Figaro sur Gallica)

On sait dans l’autre sens le Français Georges Bigot (1860-1927) influença à son tour l’univers des mangas en résidant et en publiant au Japon à partir de 1882 (nous y reviendrons un de ces jours).

Enfin, on sait ce que Hergé doit à Tchang dans l’influence du dessin oriental dans son œuvre à partir du Lotus bleu (1934).

Qu’importe si le scénario de ce manga publié par Kana est un peu foutraque et s’il insiste un peu lourdement sur l’aspect érotomane du grand peintre. Cet ouvrage a le mérite de jeter un éclairage édifiant sur l’homme qui éveilla le dessin occidental, et celui de la bande dessinée en particulier.

Katsuhika Hokusaï – « Le Rêve de la femme du pêcheur » - Vers 1820.
L’influence du Japonisme sur la BD allemande. Il est clair que c’est l’estampe de Hokusai qui inspire cette planche. Wilhelm Schulz, « Schutzengel Ägir », Simplicissimus, n° 41, du 9 janvier 1897.
Dessin emprunté au site Topferiana.com

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Les publications originales de Hokusaï visibles sur le site de Coconino-world

Hokusaï de Shôtarô Ishi No Mori - Éditions Kana
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12 Messages :
  • Shôtarô Ishi No Mori vient de lui consacrer une biographie en… manga.

    Il serait plus juste de dire que cette biographie en manga vient de paraître en français. En effet, le Hokusai d’Ishinomori (1938-1998) a été publié au Japon en 1987. Ce n’est donc pas si récent que cela...

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  • Hokusaï, l’homme qui éveilla le dessin de l’Occident
    19 septembre 2010 15:08, par la plume occulte

    Ce n’est pas les physiciens Young et Maxwell qui ont influencé le travail des impressionnistes mais le chimiste français Eugène Chevreul qui bien avant (1839)à découvert la loi du contraste simultané des couleurs,l’induction des dîtes couleurs et le phénomène des images successives.

    De plus si le japon et Hokusaï ,ont sans contexte influencés l’art de la BD mondiale et le dessin au trait autrement dit la ligne claire,ce même japon à aussi été déterminant dans l’influence de l’autre approche- picturale celle là "inventée" par Noel Sickles et popularisée par Milton Caniff-avec le Sumi-e cette peinture monochrome que les japonais ont empruntée à la calligraphie chinoise.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 septembre 2010 à  19:27 :

      Revoyez votre chronologie : le britannique Thomas Young donne une explication optique au principe de la trichromie RVB (Rouge – Vermillon – Bleu) dès 1807. Chevreul joue certainement un rôle de diffusion de cette théorie mais il n’en est pas l’inventeur. L’écossais James Clerck Maxwell théorise quant à lui les intuitions de Young et Chevreul en établissant le diagramme physique des couleurs fondamentales en 1857 donnant les explications mécaniques adaptées, permettant la création de la vraie photographie en couleur. Pardon de faire des raccourcis historiques mais les digressions rendraient l’article illisible et hors sujet.

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      • Répondu par Sergio Salma le 20 septembre 2010 à  15:08 :

        Chers amis, je trouve un peu ( même beaucoup) réducteur d’ écrire" la science influença les impressionnistes". Ah !Bon !? C’est donc si simple ?! Un peintre en 1840 est dans son atelier, lit une revue, tombe sur les travaux d’Untel ou Truc et hop ! attrape ses pinceaux, court au bord de l’eau et plic-plotch te peint un tableau avec plein de petits points RVB( ce serait pas plutôt Vert le V ? Parce que vermillon et rouge ça fait quand même un peu doublon). Là-dessus un marchand d’art passe par là par hasard, descend de son cheval et achète tout l’oeuvre du monsieur barbu (forcément barbu) en promettant de l’exposer dans le monde entier tout en goupillant un scandale quant à l’art classique qui n’a , pôvre de lui, pas lu les synthèses des éminents scientifiques cités ci-dessus.

        Hokusai n’a influencé ni l’art de la peinture, ni l’art du dessin , ni l’art de la bande dessinée ; je pense qu’il a été un élément important dans des domaines graphiques où de multiples talents se sont entrechoqués . Phénomène perpétuel d’où sortent constamment des merveilles et aussi de grosses bouses il faut l’avouer, quoi, non ?! Ah bon. Sinon, Monet en revenant de Londres et ayant vu Turner a d’un coup changé sa palette et sa façon de faire bien plus qu’en lisant d’obscurs compte-rendus scientifiques. Il me semble du moins.

        Question BD , je peux autant affirmer que le précurseur est Honoré Daumier à ce compte-là. C’est avant Hokusai(en partie contemporain évidemment) et certaines images , ses caricatures déclinées en plusieurs images sont de véritables séquences de bande dessinée. Affirmer aussi que Hokusai est "l’inventeur" du mot "manga" et dire qu’il est l’inventeur de la manga est quand même aussi un brin rapide. Il a comme beaucoup de dessinateurs des centaines de croquis dans ses cartons, toutes techniques confondues. On les appelle esquisses, sketches etc...en japonais on dit( si je ne m’abuse) manga parce que ce sont des images vite faites, parfois un peu satiriques. Hokusai un matin appelle ses travaux "mangas". Il y a donc là un aspect presque péjoratif. On reprend le terme et ça passe dans le langage commun bien plus tard pour baptiser ce que nous appelons communément manga alors que ça concerne(ou a concerné) bien d ’autres choses.
        Bref, l’article bien que très documenté fait plus que des raccourcis, il tente d’expliquer et sans fioritures la filiation évidente alors qu’il s’agit de tâtonnements maladroits qui courent sur des dizaines d’années. Entendre prononcer le terme" ligne claire" pour nommer cette façon très linéaire de dessiner est aussi , je pense, un peu exagéré. Il y a des traits simples et clairs sur les vases grecs et dans les hiéroglyphes. De Vinci ou Goya dans leurs gravures ont-ils alors inventé l’art de la caricature ? Les journaux anglais(satiriques ou pas) de la fin du 18è siècle ( juste avant et après la révolution française, oui j’y vois là une relation directe) ont-ils inventé le cartoonist ? Le dessin de presse ? Ces artistes contemporains et même antérieurs à Hokusai pourraient aussi être considérés comme les pères de la bande dessinée( bien avant Töppfer qui devient célèbre parce qu’il invente des personnages mais pas le principe de la suite d’images. Attention de ne pas mélanger la notoriété avec l’importance. Même s’il faut reconnaître à plusieurs artistes une immense influence dans leur domaine respectif, je me méfie toujours de cette volonté de faire revenir à une personne la paternité d’un genre ou d’un style. D’une part c’est gênant parce que ça ressemble un peu à un culte de personnalité . D’autre part ça éluderait l’extrême porosité de tous ces arts qui s’influencent les uns les autres( voir aujourd’hui ce qui se passe dans le cinéma et la bande dessinée). Il n’en a jamais été autrement. On ne peut pas parler ce qui s’est passé au temps d’Hokusai et Monet sans parler de l’apparition de la photographie par exemple. Et de bien d’autres choses encore. Cher Didier, sans vous accabler( mais je sais que votre réponse va être cinglante) le titre de votre article volontairement grandiloquent c’est un peu comme affirmer que Charlemagne a inventé l’école.

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        • Répondu par Alex le 20 septembre 2010 à  22:30 :

          Affirmer aussi que Hokusai est "l’inventeur" du mot "manga" et dire qu’il est l’inventeur de la manga est quand même aussi un brin rapide. Il a comme beaucoup de dessinateurs des centaines de croquis dans ses cartons, toutes techniques confondues. On les appelle esquisses, sketches etc...en japonais on dit( si je ne m’abuse) manga parce que ce sont des images vite faites, parfois un peu satiriques.

          Je ne vous suis pas sur ce point. L’édition de livres étant pour Hokusai et ses contemporains plus qu’un dérivatif mais une nécessité, ainsi -et je cite E.de Goncourt- un artiste était bien plus reconnu par ses publications que par ses peintures. Les Mangas, entre autres, servaient aussi de "bible" graphique aux graveurs chargés de reproduire l’oeuvre.

          Bref, l’article bien que très documenté fait plus que des raccourcis, il tente d’expliquer et sans fioritures la filiation évidente alors qu’il s’agit de tâtonnements maladroits qui courent sur des dizaines d’années.

          Nous sommes d’accord sur ce point : l’influence d’Hokusai n’est pas causale. Toutefois les hommages à l’Ukiyo-E ne sont pas rares en "Ligne Claire" cf l’appartement d’Olrik dans "SOS Météores"

          De Vinci ou Goya dans leurs gravures ont-ils alors inventé l’art de la caricature ? Les journaux anglais(satiriques ou pas) de la fin du 18è siècle ( juste avant et après la révolution française, oui j’y vois là une relation directe) ont-ils inventé le cartoonist ?

          Mais De Vinci ou Goya n’avaient pas le même traitement graphique des volumes. Nous pourrions parler d’eux dans un autre contexte toutefois. Quand aux journaux anglais "de la fin du 18e"... je ne vous suis pas vraiment. Pourriez-vous préciser ? À mon avis, et si l’on parle de Jacobs en particulier, c’est plutôt les illustrés de la fin du 19e qui me viennent à l’esprit.

          D’une part c’est gênant parce que ça ressemble un peu à un culte de personnalité . D’autre part ça éluderait l’extrême porosité de tous ces arts qui s’influencent les uns les autres( voir aujourd’hui ce qui se passe dans le cinéma et la bande dessinée). Il n’en a jamais été autrement. On ne peut pas parler ce qui s’est passé au temps d’Hokusai et Monet sans parler de l’apparition de la photographie par exemple.

          Absolument ! Et l’importance des transports... eh, quand même !

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          • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 21 septembre 2010 à  07:35 :

            Si je vous suis bien, les artistes créent ex nihilo, seuls, dans le secret de leur atelier. C’est risible.Que Chevreul de fasse photographier par Nadar dans l’atelier duquel les Impressionnistes font l’une de leurs premières expositions collectives, c’est sans doute un hasard ? Les peintres ne lisent donc pas les scientifiques ? Les historiens de l’art ne sont pas de votre avis. La représentation du réel par les peintres est remise en cause par la photographie, Hokusaï, notamment dans ses 36 vues du Mont Fuji, remet la subjectivité du peintre au cœur de sa création, de même que Turner, contemporain d’Hokusaï, souligne la subjectivité de l’impression. L’un et l’autre influencent Monet, ainsi que les thèses de Chevreul,

            Je citais à dessein les théoriciens anglo-saxons parce que l’attribution de ces théories au seul Chevreul est une vision, comment dire, "Troisième République".

            Vous faites le distinguo entre le peintre et le caricaturiste. Mais ils ont été simultanément l’un et l’autre. Goya imprime des estampes qui ont beaucoup de succès. Dès que ces procédés d’impression existent, les peintres (pas tous) s’y investissent, de la même façon que Daumier fait de la peinture.

            A ce propos, Sergio, Hokusaï arrive avant Daumier. C’est un contemporain de Töpffer (il arrive même un peu avant) et quand on compare le Suisse au Japonais, on constate que si celui-là était très avancé dans la narration, la maturité du dessin, en revanche, n’y est pas. Dans l’exemple publié dans l’article, on voit bien la maîtrise du Japonais, alors que Cham publie ses premiers essais de BD à la même date.

            Oui, Hokusaï est un précurseur brillant. Oui, il a influencé (avec ses pairs et avec 50 ans de décalage) le dessin européen et américain, comme on peut le voir sur ces dessins de Caran d’Ache et Schulz. Oui, les Japonais reconnaissent qu’il est à l’origine des mangas.

            RVB : Vous avez raison, c’est vert et non vermillon.

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            • Répondu par Sergio Salma le 21 septembre 2010 à  12:44 :

              On est d’accord sur le fond ; je mets en doute l’aspect "mécanique" des choses , des causes et des effets : des scientifiques étudient la lumière DONC les impressionnistes travaillent en suivant leurs résultats.
              Bien sûr qu’ils ne créent jamais ex nihilo. Je le soutiens d’ailleurs, tout s’entremêle. Mais ce qui nous semble une évidence en historiens de l’art 150 ans après ne reflète qu’en partie ce qui s’est passé. Je crois du moins. Ils sont d’ailleurs des centaines de peintres à récuser cette manière de faire. Or, pour nous, il était EVIDENT que l’histoire de l’art allait aller dans ce sens.

              Mais puisque ce serait si simple pourquoi tout le monde n’a-t-il pas embrayé le pas ? Il y a eu (et il y a encore) des milliers de peintres non-impressionnistes. Il y a aussi des artistes qui comme Corot pourrait très bien être assimilé au mouvement impressionniste alors que le nom ne sera donné que des dizaines d’années plus tard. Etc...

              Si les peintres s’intéressent à la modernité( certains plus que d’autres) on peut observer qu’ils sont souvent réfractaires justement( pour des amateurs de lumière c’est cocasse). Parce qu’ils peignent sans cesse les champs, les bois, les plans d’eau, la nature. Je ne les imagine pas outre-mesure fascinés par la technologie et la science. L’oeil des artistes évolue en même temps que les avancées technologiques. Il s’agit là , je pense, de fabuleuses coïncidences. J’oserais même dire que c’est parce que Turner "déconstruit" ainsi la lumière que des scientifiques se sont intéressé aux phénomènes optiques.

              Pour répondre à Alex quant aux caricaturistes anglais, c’est en voyant bon nombre de leurs travaux que j’émets l’hypothèse. Si je ne suis pas sûr à propos de peinture, il me semble déceler les phénomènes qui ont amené petit à petit à la naissance de la bande dessinée.

              J’aime d’ailleurs ce foisonnement et cette hystérie d’événements qui conduisent les artistes à évoluer. Pour schématiser, il a fallu que la presse d’opinion émerge. Dans cette presse, des journalistes et des graphistes.( l’anglaise étant avec la française la plus connue chez nous mais j’imagine les mêmes mouvements en Italie, aux Etats-Unis et ailleurs). Façon Honoré Daumier ils sont très nombreux à venir illustrer l’actualité. On se paie la tête des souverains, des dirigeants, des politiques, des industriels, le pouvoir. Ces dessins de presse portent en eux , j’ai l’impression, tout ce qui se trouvera dans la bande dessinée : des personnages forts, typés et que l’on retrouve de semaine en semaine ou de jour en jour. Les premiers personnages de bandes dessinées sont les hommes politiques caricaturés. Puis un jour, au lieu de placer un ou deux pavés de textes dans une page on dégage une bande pour pouvoir placer une suite de dessins avec une légende placée en dessous. C’est littéralement une bande dessinée. Je n’invente rien. En français et en anglais, le nom est resté. Celui, sans doute un rédacteur en chef ou un maquettiste de l’époque, qui a inventé le terme bande dessinée n’a pas inventé la bande dessinée. C’était mon hypothèse quant à Hokusai et les mangas.

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              • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 21 septembre 2010 à  14:32 :

                Or, pour nous, il était EVIDENT que l’histoire de l’art allait aller dans ce sens.

                Je ne crois pas non plus au déterminisme historique. Mais après 1878, la notoriété des estampes japonaises est énorme. Zola en parle dans Au Bonheur des Dames. Et "La Vague" est la Joconde du dessin japonais.

                Mais puisque ce serait si simple pourquoi tout le monde n’a-t-il pas embrayé le pas ? Il y a eu (et il y a encore) des milliers de peintres non-impressionnistes. Il y a aussi des artistes qui comme Corot pourrait très bien être assimilé au mouvement impressionniste alors que le nom ne sera donné que des dizaines d’années plus tard. Etc...

                Tu confonds l’Histoire et sa relation. Chaque époque la relit différemment. L’Histoire est aussi un bien de consommation.

                L’oeil des artistes évolue en même temps que les avancées technologiques. Il s’agit là , je pense, de fabuleuses coïncidences. J’oserais même dire que c’est parce que Turner "déconstruit" ainsi la lumière que des scientifiques se sont intéressé aux phénomènes optiques.

                Évidemment, la nature copie l’art (O. Wilde). Mais l’influence est là. L’évolution de la reproduction imprimée est vertigineuse dans les années 1850-1880. En 1875, il y a 225 journaux de caricatures en kiosque (225 !). Cela s’explique aussi bien par l’évolution de la technique (chromotypographie) que par celui des chemins de fer et des kiosques de gare, de même que par la lecture favorisée par les bibliothèques publiques.

                Puis un jour, au lieu de placer un ou deux pavés de textes dans une page on dégage une bande pour pouvoir placer une suite de dessins avec une légende placée en dessous. C’est littéralement une bande dessinée. Je n’invente rien. En français et en anglais, le nom est resté. Celui, sans doute un rédacteur en chef ou un maquettiste de l’époque, qui a inventé le terme bande dessinée n’a pas inventé la bande dessinée. C’était mon hypothèse quant à Hokusai et les mangas.

                Pff. La suite d’image narrative imprimé arrive dès les premières heures de l’invention de l’imprimerie. Laisse tomber Couperie et ses copains, ils se trompaient sur ce point. Va lire Kunzle.

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  • Il y a surtout que ce pauvre Ishinomori Shotaro est décédé voici quelques années.

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  • Attention La "grande vague" d’HOKUSAI date de 1830-31 et non 1930.
    Bien à vous

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 mai 2019 à  12:43 :

      Bien sûr. Nous avons corrigé cette coquille.

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