Qu’est-ce qui peut bien pousser au suicide une femme ravissante ? L’amour bien sûr. Qu’est-ce qui est libre comme l’air et qui peut sauter de toit en toit, s’immiscer dans les maisons, assister jusqu’aux scènes les plus intimes ? Un chat.
C’est ce dialogue entre l’âme en peine d’une jeune suicidée et d’un chat de gouttière qui permet à Guillaume Sorel de dérouler son fil poétique.
Petit à petit, les personnages de l’immeuble se révèlent, permettant à l’auteur de nous entraîner dans une sarabande fantastique : de l’enfant dans le placard traversant le miroir, à l’amoureux de littérature qui jouit jusqu’à l’orgie de victuailles et de jolies filles, de l’artiste au cœur endolori à la sorcière tourmenteuse de chats, c’est toute l’âme d’une maison qui s’exprime, laissant à la mort le goût salé de la vie.
De L’Île des morts (Vents d’Ouest, sc. de Thomas Mosdi) aux Derniers Jours de Stefan Sweig (Casterman, sc. Laurent Seksik), Sorel semble se faire une spécialité des univers morbides. Pourtant, son lavis délicat arrive à rendre cette évocation bienveillante, apaisante comme un profond sommeil.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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