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Hur Young-man, le "Tezuka coréen", est exposé à Paris

Par Laurent Melikian le 29 décembre 2016                      Lien  
Avec l’exposition des pages savoureuses de la série gastronomique « Sik Gaek », le public parisien peut entrevoir une des facettes du Tezuka Coréen. Attention, il ne reste plus que quelques jours pour découvrir le travail de ce monstre des manhwas.

Hergé au Grand Palais, Gaston à Beaubourg, Schuiten et Peeters aux Arts et métiers, L’Art et le Chat de Geluck au Musée en Herbe, « Ô vous, frères humains — Luz dessine Albert Cohen » au Musée d’art et d’histoire du judaïsme... l’offre parisienne en expositions dédiées au 9e art est impressionnante cette fin d’année. À ces personnalités distinguées, il convient d’un ajouter une autre, même si elle est fort peu connue des lecteurs francophones : Hur Young-man dont la délicieuse exposition (dans tous les sens du terme) est visible jusqu’au 4 janvier au Centre Culturel Coréen de Paris, situé à deux encablures du Trocadéro et de la Tour Eiffel.

Hur Young-man, le "Tezuka coréen", est exposé à Paris

Si le manhwa a droit de cité dans nos librairies, on n’en perçoit encore que deux branches d’arbres qui cachent une forêt comparable aux jungles nippones ou américaines. D’une part, une poignée d’auteurs de romans graphiques tels Park Kun-Woong ont eu les honneurs d’une publication en français. Et d’autre part, quelques séries populaires ont été adaptées lors de l’explosion de la BD asiatique dans notre paysage éditorial, dont l’impressionnant Bandit généreux par Lee Doo Ho (11 volumes de 800 pages aux éditions Paquet). Reste un demi-siècle de publications foisonnantes quasi inconnue dans nos contrées...

"Gaksital", première série de Hur Young-man, son premier succès populaire.

Parmi celles-ci, les productions de Hur Young-man appartiennent à la seconde catégorie, celle du feuilleton au long cours. Sa première rencontre avec le grand public remonte à 1974 avec Gaksital, un justicier masqué en lutte contre l’occupant japonais au début du 20e siècle. Ce héros évoque à la fois Zorro, Scaramouche et les super-héros américains.

L’auteur s’est emparé par la suite de nombreux genres, espionnage, sport, science-fiction, humour... Ses premières œuvres étaient publiées en livrets jeunesse d’une centaine de pages destinés aux boutiques de location, puis elles firent les beaux jours des hebdomadaires spécialisés proche de la tradition japonaise de type Jump. Hur Young-man devint ensuite le premier auteur de manhwas publié dans la presse quotidienne avant de s’adonner aujourd’hui aux webtoons, ces bandes dessinées numériques devenues le support dominant du genre en Corée. Ce géant du manhwa qui approche les 70 ans a dessiné plus de 150 000 planches pour une centaine de feuilletons dont une vingtaine ont connu des adaptations audiovisuelles.

Hur Young-man
Photo de Laurent Melikian

Pourtant l’exposition du Centre Coréen se concentre sur une seule de ses créations, Sik Gaek (littéralement « Le Gourmet »), ce feuilleton gastronomique aujourd’hui édité en 27 recueils a été publié par le quotidien Donga Ilbo de 2002 à 2010 à raison de quatre pages par jour. Le Gourmet en question est un maraîcher parcourant la Corée à la rencontre des cuisiniers, pêcheurs, éleveurs, … Toutes sortes de petites gens dont chacun recèle une histoire intime voire bouleversante en rapport avec la gastronomie de sa région. Des millions de lecteurs se sont reconnus dans cette saga au cœur de la population coréenne. Sik Gaek a été déclinée en série télévisée, ainsi qu’en deux films de long métrage réalisés par Jeon Yun-su et diffusé jusqu’en Europe sous le titre Le Grand Chef.

L’exposition permet autant de stimuler ses yeux que son appétit et se présente comme une double mise en bouche, d’abord à la cuisine coréenne, ensuite à l’œuvre de Hur Young-man. Si vous insistez auprès du personnel du Centre peut-être pourrez-vous devenir l’heureux propriétaire de deux extraits de Sik Gaek traduits en français et imprimés spécialement pour l’exposition. Et par ailleurs, afin de prolonger la découverte de l’auteur, on trouve facilement chez les libraires d’occasion, les deux premiers volumes de Hammer Boy, une science-fiction pour la jeunesse au dynamisme réjouissant publiée par les éditions Paquet en 2006.

Exrait du fascicule "Sik Gaek, l’Ombrine en sauce piment" imprimé en français spécialement pour les visiteurs du Centre coréen.

Et puisque nous en sommes en saison des vœux, souhaitons que l’initiative du Centre culturel coréen soit prochainement suivie d’autres publications francophones signées Hur Young-Man. Rendez-vous ici, pour mieux connaitre cet auteur emblématique.

"Hammer Boy", personnage préféré de Hur Young-man est la seule oeuvre de ses oeuvres a avoir connu une timide publication en français.

(par Laurent Melikian)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Centre Culturel Coréen
2, Avenue d’Iéna, Paris 16ème
M° Iéna
Ouvert

[Centre Culturel Coréen de Paris6>www.coree-culture.org]

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