Cinq ans après le magnifique Pinocchio, Winshluss revient avec l’hilarant In God We Trust. C’est donc à la Bible qu’il s’attaque après avoir revu et corrigé le chef-d’œuvre de Carlo Collodi. Guidé dans les méandres de l’Ancien et du Nouveau Testament par un certain saint Franky (tiens donc...), le lecteur révise les mythes fondateurs du livre saint. Mais la recette de l’auteur de Monsieur Ferraille contient plus d’alcool et de baston que tout autre ingrédient.
Absurde et provocateur, cette relecture bienvenue des personnages bibliques : un Dieu séducteur timide et alcoolique blasé, Jésus en looser dépressif, et autre Pierre physionomiste du Paradis, met en avant une humanité violente et criarde. Piochant dans les moments les plus illustres, c’est un véritable déluge qui nous est raconté, inspiré et graphique.
On retrouve dans ce délire punk et providentiel tout le talent de Winshluss. Encore une fois, il navigue avec facilité dans les diverses pratiques graphiques : gravures, pastels, aquarelles, épures ou parodies d’affiches publicitaires. Sans oublier le comics et ce duel fracassant entre Dieu et Superman.
Ces usages graphiques ne sont jamais gratuits. Loin d’être un singe savant, il convertit sa palette graphique et son sens du détail pour coller au rythme narratif d’un récit éclaté qui explose les bornes de l’histoire biblique. Les affres subis par une humanité inepte et inconséquente et les actes d’une puissance divine apathique et blasée sont l’occasion de réaffirmer une vision iconoclaste jouissive.
Déjà lauréat du prix du meilleur album à Angoulême avec Pinocchio en 2009, il est de nouveau nommé cette année pour cet album.
Mystifiant, il nous reste à célébrer ce nouvel apôtre de l’athéisme. Bénie à la bière, voici une Bible qu’on veut lire et relire.
(par Vincent GAUTHIER)
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