Stupeur : des documents hautement confidentiels ont été dérobés au cœur même du quartier général de l’armée par le lapin James Hardin : pour les gradés, nul doute que la résistance va tenter de s’attaquer à l’ouest à un camp de prisonniers.
Le général Hanslowe charge le capitaine Engel -un tigre- et l’officier Pavel -un corbeau- de coordonner la traque du lapin. Seulement, rien ne se déroule comme prévu : le vol des plans de la prison n’était qu’une diversion afin de faire sauter un train abandonné par la sécurité du fait du redéploiement massif des effectifs à l’ouest.
Engel est persuadé que Pavel est de mèche avec les résistants. Hardin disparaît et ses enfants tentent d’agir comme ils s’imaginent que leur père l’aurait souhaité, sans parvenir à s’entendre : comment assumer l’héritage politique paternel ? Faut-il suivre aveuglément ses intentions supposées par fidélité à ses idéaux, ou faut-il se ménager des moments de sécurité ? À travers les questions que se posent les divers personnages du récit dans ce contexte trouble, S. M. Vidaurri redéfinit les frontières entre courage et lâcheté, fidélité et abandon, dévouement et égoïsme.
Le rythme parfois haletant du récit est entrecoupé de pleines pages sans dialogue qui offrent des pauses bienvenues et permettent d’apprécier les tonalités bleues et grises du dessin.
Dans de très beaux paysages enneigés, Iron constitue une pertinente parabole sur la guerre d’après : ce moment qui n’en fait officiellement plus partie dans les livres d’histoire, mais au cours duquel les individus qui ont vécu la guerre ne peuvent instantanément faire table rase de ce passé immédiat, dont les plaies ne sont pas cicatrisées et dont les séquelles demeurent, quel que soit son camp.
(par Damien Boone)
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