Heureux qui comme Isaac, fit un long voyage ou comme celui-là qui conquit les sept mers (en trois tomes, chez Dargaud), pour s’en revenir plein d’usage et raison, vivre auprès de ses parents, le reste de son âge ? Que nenni. D’abord, il faut retrouver Alice, la jeune femme avec les cheveux rouges qui enflamma ses années ribaudes lorsque, jeune peintre, il promenait dans la capitale son appétit et ses illusions.
Case départ : la maison des parents. Isaac Sofer retrouve son père désespéré d’avoir perdu son fils. Le vieux juif, austère comme un Janséniste, le reçoit un soir de Shabbat. Prière de repas. Le pain est couvert et la bassine pour se laver les mains est prête. Isaac est un peu content de retrouver ces repères de la tradition. Evidemment, son comparse invité n’y comprend rien, d’autant que l’on judaïse en hébreu. Il le rejoindra au café. Ce voyage à Paris est donc pour Isaac un retour aux sources. Familiales, spirituelles et amoureuses.
Cela n’empêche pas nos deux complices de se frotter aux mauvais garçons de la capitale. Ils sont bientôt recrutés par une société de tire-laines, laquelle éprouve leur talent de pickpocket sur un mannequin bardé de clochettes. Une scène sortie tout droit d’une aventure de Hassan & Kaddour de Jacques Laudy et Yves Duval, Le Major Redstone, ou alors de Dickens. Courses-poursuites, chausses-trappes, complots... Le récit est échevelé, brillant, inventif, sans complexe. Un vrai plaisir.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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