Dans ce tome, Isabella Bird s’apprête à prendre un nouveau tournant dans son expédition vers le grand nord japonais. Forte de l’expérience acquise lors du début de son voyage, où elle a rencontré bon nombre de personnes et de mœurs typiques ; elle semble plus insouciante qu’à son accoutumée, plus exubérante, tête en l’air,... Tandis qu’Ito, son interprète, se renfrogne davantage à cause des courriers qu’il reçoit de sa mère.
Alors que l’attitude du second d’Isabella, nous paraît toujours un peu plus familière, entre sa fierté pour son pays et son avis mitigé quant à l’évolution vers un mode de vie plus occidental, il nous est difficile de cerner, en revanche, l’attitude de notre héroïne. Que se passe-t-il dans sa tête, mais aussi et surtout : dans l’esprit de l’auteur qui ne nous avait jamais tant gratifié d’autant de légèreté dans ses pages ?
Il nous dépeint une aventure à l’héroïne puérile, excessive, immature...et fatiguée ! Amateurs de la première heure, ne vous laissez pas berner par ce virage : il colle parfaitement avec l’état d’esprit de cette jeune femme au bout du monde, souffrant atrocement d’un mal de dos qui semble s’aggraver de jour en jour. Une douleur qu’elle feint de ne pas ressentir pour n’inquiéter personne...
Il fallait donc bien sûr jouer l’excès - même pour Taiga Sassa - afin de n’éveiller aucun soupçon sur son calvaire journalier. Une attitude trop exubérante pour être naturelle, tant pour nous lecteurs que pour les autres protagonistes, évidemment.
C’est donc en comprenant cette façon de penser que le lecteur peut souffler, et se dire qu’il s’agit d’une suite logique aux pérégrinations de notre héroïne, qu’elle finira bientôt par se révéler telle qu’elle est au grand jour, sans pour autant entraver sa marche vers les peuples Aïnous qu’elle désire tant rencontrer.
Le dessin, quant à lui, toujours autant attractif et perfectionniste dans l’établissement des décors se découvre au fil des cases : des modes vestimentaires fluctuants entre l’Orient et l’Occident aux mœurs chamboulées qui se trahissent par des expressions de visage étudiées. Une base qui permet d’assurer encore bon nombre de tomes instructifs et ludiques, avec une trame qui se noircit de chapitre en chapitre, tant au niveau de la santé d’Isabella, que d’une prémonition peu engageante pour Ito, partagé entre l’aventurière et son ancien employeur, pour le moins borné et violent, qui est de retour au Japon.
(par Marc Vandermeer)
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Isabella Bird, femme exploratrice T4. Auteur : Taiga Sassa. Éditeur : Ki-oon. 207 pages. Sortie : le 16 août 2018. Prix : 7,90 euros.
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Lire la chronique Isabella Bird, Femme exploratrice T.2 - Par Taiga Sassa - Ki-oon