Anne Goscinny et Aymar du Chatenet, les califes des éditions IMAV, ont mis les petits plats dans les grands lors de leur fête de lancement hier soir. Non seulement un nouvel album vient de sortir, pourrait-on dire, en "rase-campagne" : Iznogoud Président (en librairie le 21 février 2012) mais aussi une intégrale des premières histoires du méchant grand vizir (à paraître le 23 février).
Une affaire de famille
Au dessin du nouvel album, Nicolas Tabary, le propre fils de l’auteur décédé en août 2011. Pour lui, ce premier album de "l’après jean Tabary" est une étape douloureuse : "La disparition de notre père a été un choc et en même temps une délivrance, nous raconte-t-il, parce qu’il avait beaucoup souffert, surtout moralement, depuis son accident vasculaire et la perte de ma mère. Il était coupé du monde. Il avait fini dans une bulle en fait, il était aphasique, hémiplégique, il avait perdu tout le contact avec l’extérieur, lui qui était très sociable, très à l’aise en société et plein d’humour... Du jour au lendemain, plus rien."
Depuis plusieurs années, son fils Nicolas [1] était à ses côtés pour la réalisation des couleurs et pour l’organisation de la maison d’édition gérée par toute la famille. En 2002-2003, il commença à dessiner Iznogoud pour les strips quotidiens d’actualité et non sur les albums dans un premier temps. Mais une fois prêt, il dessina son premier album en 2008 : Les 1001 nuits du Calife.
L’accident de Jean Tabary provoqua une décision familiale : vendre la maison d’édition que l’auteur avait créée au lendemain du décès de René Goscinny en 1977. Son épouse en était la directrice et la maladie de son mari rendait impossible une gestion sereine du label. Ses enfants l’accompagnèrent dans ce démarchage auprès de différents éditeurs.
Mais un an après le dramatique accident, une autre tuile arrive : c’est l’épouse du dessinateur qui décède ! Les enfants de Tabary poursuivirent les négociations tout en réalisant un nouvel album ensemble. Une fois celui-ci publié, chacun ayant une activité séparée, ils se rendirent compte qu’ils n’étaient pas assez disponibles pour mener sérieusement cette entreprise.
Anne Goscinny et Aymar du Chatenet qui ont créé avec IMAV une des sociétés les plus profitables de l’édition française, grâce au succès du Petit Nicolas, se sont positionnés et les parties se sont rapprochées : "C’est une chance et un symbole fort, nous raconte Nicolas Tabary. Mon père avait repris la série au moment où René Goscinny est décédé et c’est par hasard, au moment où mon père décède que Goscinny, au travers de sa fille Anne, qui reprend la série. Cela reste en famille, c’est magnifique !, d’autant plus qu’Anne Goscinny est pour moi comme une sÅ“ur et qu’Iznogoud est un frère de papier pour elle. Elle s’occupe du Petit Nicolas et d’Iznogoud maintenant. Il ne pouvait se retrouver dans meilleur endroit : dans d’autres sociétés, il aurait été noyé dans plein d’autres collections."
Mais comment allait-on s’y prendre pour relancer la série ? Anne Goscinny en était à cet état de la réflexion au moment où elle entendit l’humoriste Nicolas Canteloup sur Europe 1. Iznogoud a toujours eu un caractère politique. Dans les années 1970, Le Journal du Dimanche lui avait d’ailleurs demandé de commenter l’actualité. Si Canteloup acceptait de faire le scénario, ce serait une bonne idée, d’autant que précédemment, Laurent Gerra était intervenu sur Lucky Luke avec un gros succès commercial à la clé.
L’engagement de Nicolas Canteloup avait un autre avantage : il ne travaille pas seul. La plupart de ses textes sont coécrits par Laurent Vassilian. "Nicolas est un auteur qui se paie le luxe de ne pas avoir l’angoisse de la page blanche, nous explique ce dernier. On est là pour lui remplir déjà un pu la page, on amorce l’idée et puis après, il est très précis que ce qu’il veut faire. On est ultra-rôdés en fait : entre la radio et la TV, il nous arrive souvent de rédiger 26 minutes de vannes dans la journée !"
Après un mois de réflexion, nos deux auteurs sont revenus chez Anne Goscinny avec une ébauche d’histoire. Elle a aimé... Les deux compères repartent au travail se basant essentiellement sur le Dictionnaire Goscinny dirigée par Aymar du Chatenet (Éditions Jean-Claude Lattès) : "notre Bible" dit Vassilian.
Le scénario d’Iznogoud Président vise bien évidemment les Présidentielles, mais est-ce que pour autant il y a une allusion au président sortant ? "Le slogan "je veux être calife à la place du calife" résume bien l’action politique, explique Vassilian. Mais s’il y avait sûrement un rapport entre Iznogoud et Sarkozy en 2007, mais plus maintenant : il est calife et bien calife, il est califié ! Ce serait d’ailleurs dommage de "sarkozifier" le personnage car Iznogoud fête ses 50 ans cette année et qu’il existe bien avant Sarkozy. S’il y en a un qui a copié l’autre, c’est bien lui. Il y a des clins d’Å“il, mais pas tant que cela." Informations importantes pour vous à propos du Levitra avec dapoxétine. Veuillez ne pas achat Levitra avec Dapoxetine sans ordonnance si vous êtes sous traitement de médicaments connus sous le nom de "nitrates" car ils peuvent causer des effets secondaires plus intenses.
Lâkan, et comment !
Il en reste un album au rythme époustouflant où le lecteur doit s’habituer quelques pages avant d’assumer les rafales d’incessants calembours. Un capriné se trouve-t-il affublé d’un fez ? Il devient un véritable bouc émissaire, un "fez-book" qui recrute des amis et applique un "I like" à tout ce qui lui plaît. Comme dirait Goscinny : " Le calembour est infâme mais la chose est splendide."
Le personnage central de cet album est le grand Lâkan qui connaît le moyen de faire parler l’âme, allongé, pour 60 piastres. Sa thérapie est foudroyante : les goûteurs ne goûtent plus, les dresseurs ne dressent plus, les bourreaux en oublient leur terrible office, bref c’est l’anarchie...
Entre conseillers en communication et le peuple qui gronde, la démocratie s’impose et avec elles des élections où le Grand Vizir et le Calife sont en compétition. Mais, on s’en doute, personne ne parierait un maravedi sur un homme politique aussi détesté que le grand vizir...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
[1] Il n’est pas anodin de savoir que la première mention d’Iznogoud l’a été dans un récit du Petit Nicolas...
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