Dans une île-prison de Taiwan, un jeune homme - a priori un robot fait à l’image de Ô Shibun, dirigeant de la triade Chingpang - va apprendre à jouer au billard. Pour participer au règlement de querelles entre gangsters certes, mais surtout pour s’approprier une mémoire perdue, une histoire qui lui fait défaut et que le drap et les billes doivent lui restituer.
La qualité graphique offerte par le trait de Junichi Noujou saisit immédiatement le lecteur. Installant une atmosphère globalement sombre, propice à la percée d’éclairs lumineux, notamment autour des mains du héros et des coups de billard exécutés.
Parallèles à ces moments de grâce, d’autres, issus de souvenirs, d’il y a 15 ans, d’un amour ancien, de la période d’ascension de celui à présent devenu chef de la triade. Le premier volume de ce seinen entremêle ainsi l’exploration du billard dans les sous-sols d’une prison et les premières remémorations des bas-fonds de Taiwan.
Le récit conserve une part d’étrangeté qui doit beaucoup à ce personnage présenté comme artificiel qu’est J.Boy. L’ensemble du volume n’est en fin de compte qu’une longue exposition qui entrouvre à peine l’histoire présentée. Pourtant, malgré la bizarrerie de la situation posée, un certain charme opère rapidement.
Jouant de manière réussie essentiellement sur l’ambiance et la délicatesse des dessins, on regrettera toutefois de petites fautes laissées par la traduction dans le peu de dialogues qu’offre le manga. On demeure néanmoins curieux de découvrir comment Junichi Noujou saura rendre palpitantes des parties de billards dramatisées par des enjeux mafieux.
(par Aurélien Pigeat)
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J.Boy T1. Par Junichi Noujou. Traduction Tetsuya Yano. Akata Delcourt. Sortie le 12 mars 2014. 224 pages. 7,99 euros.