La précision du titre colle bien aux pages minutieusement construites de l’auteure : une plongée dans une jeunesse, une époque, une famille. Ellen Forney, issue d’un couple mixte mère juive/père de l’église de Brethren (tendance pacifiste chrétienne), a effectivement bien des choses à raconter. D’une tradition à l’autre, d’un principe au suivant, son éducation et son enfance ont jonglé entre des tendances enrichissantes, multiples, parfois même contradictoires. Fêter à la fois Noël et Hanouccah entrant évidemment dans la première catégorie. Quoi que...
Si l’impressionnante précision des scènes compilées frappe d’emblée, c’est surtout le regard d’Ellen Forney qui domine. Elle parvient à garder une distance, tout en livrant de larges parts d’intimité, sans oublier les tensions dramatiques. L’épisode des baby sitters et l’arrivée de la police à la maison pour possession de marijuana relève d’un tragi-comique de première classe.
Les portraits de famille constituent un autre point fort du recueil, notamment dans la description des principes éducatifs plutôt originaux défendus par ses parents. Un mélange de bon sens et de libertarisme, avec toujours une grande attention portée aux enfants. Les récits d’école sont moins réussis, l’abondance de détails alourdissant parfois les saynètes.
Plus qu’un aperçu de l’Amérique des seventies, J’avais 7 ans en 75 incarne une voie biographique sensible et soignée, doublé d’un coup de projecteur sur les tentatives de vie atypiques de banlieues ordinaires, entre idéaux libéraux et militantisme modéré.
(par David TAUGIS)
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