Pour Jack, l’été s’annonce particulièrement pénible. Tandis que sa mère débute un second boulot histoire de soutenir les finances d’une maisonnée sans référent paternel, notre garçon doit s’occuper de sa sœur Maddy, autiste et mutique. Mais mutique jusqu’au jour où, au marché aux puces, un vendeur leur propose des sachets de graines extraordinaires, ce qui suscite l’enthousiasme inédit de la jeune fille.
Un projet de jardin secret - au sens propre - plus tard, avec une nouvelle acolyte en la personne d’une charmante voisine passionnée par le combat médiéval, et nos jeunes héros se retrouvent à cultiver des plantes aux propriétés quasi-magiques. Petites créatures mignonnes, super-pouvoirs et aventures au sein de cet espace auquel ils ont seuls accès. De quoi enchanter un quotidien morose ! Mais, passé l’émerveillement de la découverte, le jardin, devenu une véritable jungle, se révèle de plus en plus inquiétant...
Brodant autour du motif initial de Jack et le haricot magique, Ben Hatke embraye rapidement vers le jardin des merveilles. Mais conte oblige, l’utopie se change en dystopie et la menace se fait rapidement jour. Avec la promesse de transformer le conte en récit d’aventure, renouant avec le périple du Jack originel, mais ce sera pour le deuxième volume.
Joyeux et enlevé dans sa partie merveilleuse, Jack le téméraire se construit aussi sur un versant dysphorique avec le contexte social et personnel de nos protagonistes. Entre désenchantement du rêve américain, parents absents, désœuvrement estival, nos héros ont déjà beaucoup a gérer. S’y ajoute, pour Jack, la charge très lourde que constitue sa petite sœur, dont les soucis de communication rejaillissent, comme par ricochet, dans les échanges entre Jack et sa mère, entre quiproquos, incompréhension et non-dits.
Voilà qui confère une profondeur bienvenue à un récit dont une des qualités première est bien d’osciller entre le pur merveilleux et un ancrage assez réaliste. On attendra avec intérêt la suite, puisqu’elle est prévue en deux volumes.
(par Aurélien Pigeat)
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