Troisième opus des aventures de James Bond aux éditions Delcourt Comics - Collection Dynamite. On reprend les mêmes ingrédients (efficaces), tout en changeant aussi bien scénariste que dessinateur. Après deux tomes pour le moins surprenants du génie Warren Ellis, nul doute, que plus d’un lecteur aborderait la venue d’un nouveau scénariste avec un léger scepticisme. Toutefois, lorsqu’on sait qu’il s’agit d’Andy Diggle (auteur du Maître Voleur) qui prend le relais, spécialiste du polar à suspense et de l’espionnage moderne, on se doute que le résultat risque également de sonner juste.
Et de fait, dés les premiers instants, Andy Diggle nous sert un met onctueux : quelques dialogues percutants de la part de méchants patibulaires, un Bond omniprésent plein de charisme, et l’apparition rapide d’une "James Bond girl" avec du répondant, autant physique que cérébral.
007 sera pour le coup confronté à un certain Kraken, un militant anti-capitaliste dont le but consiste à pirater "Hunt Enginneering", le plus colossal fabricant d’armes britannique. Un schéma tactique de faux-semblants et de trahisons à tout-va.
Malheureusement, plus on avance dans cette trame, plus on se rend indéniablement compte qu’ Andy Diggle ne parvient pas à restaurer la même ambiance que son prédécesseur Warren Ellis. L’intrigue, bien que cohérente, demeure téléphonée à plus d’une reprise. 007 n’a pour ainsi dire aucun obstacle, pas de réel adversaire, tout semble trop facile, comme c’est hélas le cas dans certains des films.
Là, où Ellis créait un duel dantesque en fin de second volume, montrant Bond, bel et bien dominé, ne devant la vie qu’à une chance miraculeuse, Andy Diggle joue davantage sur un héros indestructible, comme c’est bien trop souvent le cas. Hormis ce style stéréotypé, félicitons tout de même la trame soignée apportée par le scénariste, qui reste tout de même fidèle à l’œuvre de Ian Fleming.
D’un point de vue graphique, ce troisième opus laisse l’opportunité à Luca Casalanguida d’y inscrire sa touche personnelle. Bien que peu connu, son travail révèle des caractéristiques prometteuses. De manière simple mais réaliste, il sait donner vie aux protagonistes et nous porte vers cette aventure de bout en bout.
Un trait qui d’ailleurs est mis en relief par les couleurs lumineuses de Chris Blythe qui accompagnent cet album d’une atmosphère noire et crispante que le lecteur savoure pleinement. Bien que la moitié de l’album se déroule dans la pénombre, l’harmonie entre le jeu d’ombre et de lumière est respecté.
La collection James Bond chez Delcourt se décortique, et reste après trois tomes une valeur sûre ! Certes, on en espère toujours davantage, voire même une touche d’innovation, pour un thème à maintes fois visité.
Notez que le quatrième tome Kill Chain paraitra déjà début juillet 2018. En voici le pitch : une organisation assassine à tour de rôle les agents secrets et place 007 comme prochaine cible. Plusieurs organismes prendront part au récit, dont notamment l’OTAN, la CIA ou encore le SMERSH (le Spectre). Le duo Andy Diggle & Luca Casalanguida pourront donc marquer un grand coup !
(par Marc Vandermeer)
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James Bond T3 : Hammerhead. Scénario : Andy Diggle. Dessin : Luca Casalanguida. Éditeur : Delcourt Comics. 152 pages. Sortie : le 28 mars 2018. Prix : 16,50 euros
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