Il se décrit lui-même vissé à sa table de travail, reclus au centre de Tôkyô, ne sortant jamais, même dans les manifestations japonaises, sauf quand il voyage pour se documenter, et encore : Pour Monster, c’est en une semaine qu’il fait le voyage de Francfort à Prague, glanant des détails pour un scénario minutieusement préparé en amont avec son Tantô (éditeur, quasi coauteur du scénario).
Son enfance, il la passe à lire les mangas de Tezuka et est frappé par leur dimension humaniste et réaliste qui tranche avec les autres mangas shonen produits à l’époque. Pour Pluto -qui est un hommage au maître de Takarazuka, il ira relire ses œuvres et s’apercevra qu’elles avaient grandi en lui, au point de ne plus les reconnaître, mais tout en y remarquant des scènes qu’il n’aurait jamais imaginées sous sa plume. Il parle de Tezuka comme on parle de Bouddha : comme d’un maître spirituel, un sommet sans doute inatteignable mais auquel chacun peut prétendre d’accéder par son propre chemin
Passionné de Rock et de dessin
Urasawa est quelqu’un qui s’investit à fond dans ses passions. Partageant son intérêt entre les mangas et le rock, ses premières années dans la vie adulte sont déchirées entre ces deux pôles et quand il choisit le manga, cet autodidacte en musique comme en dessin, garde le contact avec les musiciens qu’il a connus dans sa jeunesse.
Il les a retrouvés sur scène dimanche et il avait bien l’intention de ne pas s’y laisser compter. Déjà, le samedi, il avait fait une rencontre publique en dessinant en direct.
Réservé, certes, mais beaucoup moins coincé que d’autres compatriotes qui vont jusqu’à interdire qu’on les photographie. Ici, rien de cela : nous avons trouvé un Urasawa disponible, prenant la pose le temps qu’il faut, et ouvert à toutes les questions, renvoyant des mangakas japonais une image éminemment sympathique. Bravo à Japan Expo d’avoir pu organiser cette rencontre avec le public !
"Cela ouvre des pistes"
Samedi, nous retrouvions le scénariste Jean Dufaux et le dessinateur Philippe Delaby, les auteurs de Murena et de La Complainte des Landes perdues. Ils étaient les invités d’honneur de la manifestation jumelle, le Comic Con’ 2012.
Venu pour la première fois, Jean Dufaux est bluffé. "Cela me fait penser, nous dit-il, à cette question posée un jour à Pierre Boulez : -Qu’est-ce que le Rock apporte de plus à la musique ? "L’énergie." avait répondu le grand compositeur français."
Cette ferveur autour des différents univers développés par les auteurs de mangas et de comics l’interpellent : "Cela ouvre des pistes, j’en ai parlé avec Delaby."
C’est exactement cela Japan Expo et le Comic Con’ : un carrefour entre les univers filmés, dessinés, musicaux qui forgent notre culture commune.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Naoki Urasawa - Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)