Japan Expo a fermé ses portes dimanche. Tout était à craindre : une vague de chaleur record, une ligne RER perturbée, un BAC qui s’installait en pleine manifestation... La Japan Expo allait-elle tirer son épingle du jeu ? Eh, oui, grâce à un public patient et fidèle, et à un peu de chance.
La chance d’abord : alors que la veille de la manifestation le RER B avait interrompu son trafic de 16 à 19h30 en raison de "personnes sur la voie" (prétexte pour évoquer un matériel défectueux en raison de la chaleur...), les transports se sont passés à notre connaissance sans incident particulier durant toute la durée de la manifestation. Mieux même : la S.N.C.F. a joué le jeu en écrivant les panneaux signalant la gare de Parc des Expositions-Villepinte en... japonais. Une marque de considération pour le festival qui n’est pas passée inaperçue.
L’autre coup de pot, c’est que le climat s’est rafraîchi le temps du festival. Du coup, l’air était un peu plus respirable, du moins à l’extérieur.
La Japan Expo cette année peut se résumer en un mot : "resserré". Les horaires d’abord : le mercredi après-midi avait été ajouté l’année précédente, il est supprimé cette année. En outre, l’heure de fermeture a été ramenée à 18 heures au lieu de 19 heures. La suppression du mercredi répond à la demande des exposants qui n’ont pas trouvé dans ce demi-jour, source de coûts et de travail en supplémentaires, un profit suffisant pour justifier son maintien. Quant à la fermeture plus précoce, elle a soulagé tous les exposants : "Quand cela fermait à 19h00, nous dit l’un d’eux, le temps qu’on évacue tout le monde, on finissait à 20h30. Là, la fermeture à 18h00 signifie que l’on a vraiment fini à 19h00."
On sent bien aussi que la Japan s’est recentrée sur ses fondamentaux : la venue d’une star du jeu vidéo, LA star en fait : Shigeru Miyamoto (Mario, Zelda, Donkey Kong, Star Fox, Pikmin, etc...) ne déparait pas avec la présence de Yoshiyuki Sadamoto, auteur de manga, illustrateur et charac designer de Neon Genesis Evangelion.
Par ailleurs, après avoir développé les cosplays, les arts martiaux, la J-Pop ou la mode, c’est maintenant la cuisine qui occupe le devant de la scène, comme dans nos programmes TV, et il est difficile de croire que tout cela n’est pas lié.
Bref, si pour les amateurs de manga, cette édition était une édition en droite ligne avec les précédentes, ce sont les à-côtés qui ont apporté le plus de bonnes surprises.
Même le déplacement de la Comic Con (annoncée pour la fin de cette année) a été perçu comme un recentrage heureux. L’éditeur Bragelonne/Milady, qui n’est pas exactement un éditeur de mangas mais qui publie en revanche des novellisations de Final Fantasy, était content d’être là : "Il y a des centres d’intérêt communs avec les lecteurs de manga qui justifiaient notre présence" nous dit-on.
Les "pure-players" éditeurs de manga s’y retrouvent, avec un chiffre d’affaire globalement en progression. De 10% à 20% selon les participants. Cette embellie dépend beaucoup du nombre de nouveautés présentes sur salon et du nombre d’auteurs présents pour dédicacer : car là comme ailleurs, la dédicace est un moteur. L’autre moteur est l’animation. Chez Kana, le stock d’Assassination Classroom s’est littéralement fait ratiboiser. "En raison des animations sur le festival autour de la série" nous dit-on. Pas mal d’éditeurs, comme Kurokawa et Nobi-Nobi, fêtaient leur anniversaire. Là encore, goodies et bonus attiraient le chaland.
On a vu un peu moins de Cosplayers dans les travées. En cause sans doute la chaleur, mais aussi la difficulté, par ce temps de canicule, de circuler en costume dans les transports en commun. Mais associations et particuliers gardaient une bonne humeur communicative traduite par ces manifestations de "free hugs" plutôt dégoulinants, vu les circonstances.
Nous reviendrons demain plus précisément sur quelques rencontres et événements marquants d’une manifestation dont on fait de toutes façons difficilement le tour.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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