Les clichés ont la vie dure. Une certaine propagande anti-dessins animés japonais des années 80 avait diabolisé Goldorak en stigmatisant sa violence, son animation « minimale », et ses scénarios « simplistes ». Premier grand succès du dessin animé japonais en France, la création de Go Nagaï, une série télévisée de 74 épisodes de 26 minutes produite par Toeï animation en 1975, arrivée sur les écrans de Récré A2 (Antenne 2) le 3 juillet 1978 et souvent rediffusée depuis, est devenue un symbole au point qu’il prête ses atours aux « Nagmas » envahisseurs d’Astérix.
Pourtant l’apport de Go Nagaï à son époque ne se limite pas à ce super-robot devenu monstre sacré qui surfait alors sur la vague des mechas (pour mechaniks), ces grands robots articulés pilotés mentalement par des héros.
Cet ancien assistant de Shôtarô Ishinomori, l’auteur de Cyborg 009, est l’un des premiers auteurs de l’archipel à instiller dans ses récits une touche plus adulte. Au point de faire scandale en 1968 avec Harenchi Gakuen (Shueisha, 1968) pour avoir osé aborder un discret érotisme dans une aventure se passant dans un lycée.
Les ligues de vertu se déchaînèrent. Malgré lui, Go Nagaï devient la coqueluche des émissions de société à la télévision. Le magazine Shônen Jump qui vient de se lancer bondit à un million d’exemplaires par semaine. Go Nagaï devient super-bankable et il ne manquera pas de saisir cette opportunité : en 1969, il fonde sa propre société avec ses frères, Dynamic Visions.
Sans éditeur conservateur pour lui servir de tutelle, Go Nagaï en donne pour leur argent aux pères-la-pudeur : histoires sanguinolentes de vampires, Magical girls érotisées, thrillers haletants,… Go Nagaï en produit en coulée continue. Il a découvert la pierre philosophale du succès. La plupart de ses créations sont adaptées au cinéma ou à la télévision. À la tête d’un studio, l’enfant fragile aux nuits agitées, né en 1945 un mois après l’explosion de la Bombe, a réussi à bâtir une œuvre avec ses pires cauchemars.
Il est présent à Japan Expo cette semaine. Ne manquez pas de venir voir le phénomène.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Go Nagaï par Didier Pasamonik (L’Agence BD). Reproduction interdite.
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