Victor Hugo évoquait La Belgique (en particulier Anvers) comme "un pistolet que Napoléon voulait tenir toujours chargé sur le cœur de l’Angleterre." Aujourd’hui que sont dépassées les guerres européennes, le Plat Pays est tout simplement au cœur de l’Europe, à 38 minutes de Lille, à 1h20 de Paris et à moins de deux heures d’Amsterdam, de Cologne, pas très loin de Londres...
C’est en constatant le nombre de Belges qui venaient à Japan Expo Paris que ses animateurs qui, par ailleurs ont créé parallèlement Japan Expo Sud et Japan Expo Centre, se sont dit qu’il y avait quelque chose à faire là-bas.
Leur force, on la connaît : celle de ne pas être qu’un salon de la BD, comme il y en a dans chaque ville française importante, comme il y en a à Bruxelles, et qui vivent souvent des fonds publics. Leur autre force : une relation unique avec les Japonais, auteurs et éditeurs, groupes musicaux, compagnies de jeux vidéo, etc. Leur joker : la capacité de développer et d’animer harmonieusement des communautés autour d’une "culture geek" (bande dessinée, jeux vidéo, séries TV, licences cultes, Internet...), une stratégie qui sert de viatique économique aux éditeurs émergents de la scène BD comme Ankama et, dans une bien moindre mesure, Delcourt et Soleil (dans le registre de ces genres dominants de la culture des jeunes d’aujourd’hui : la SF et l’Heroïc Fantasy) mais qui est devenue le "main business" de groupes internationaux comme Shueisha ou encore Disney-Marvel et Warner-DC Comics.
On est frappés par la capacité d’adaptation de cette équipe de jeunes entrepreneurs mangaphiles. Créant une entité "Japan Expo Benelux" animée par des salariés belges, cet événement est là pour durer, longtemps, et avec des ambitions bien affichées. Et puisque, depuis la nuit des temps, le meilleur vecteur de diffusion des biens et des idées, et donc de la culture, c’est le commerce, nos impétrants expriment clairement leurs intentions commerciales.
Japan Expo est en effet le temple des goodies, des objets fun, du sabre d’apparat au kimono, des mangas, des DVD... La surface a doublé depuis l’année dernière ce qui, ce vendredi, donne à certaines salles une impression de vide, mais la fréquentation est là, supérieure à la précédente édition, les journées de Samedi et de Dimanche s’apprêtant à faire le plein, d’autant que, comme nous vous l’avons expliqué, Tôru Fujisawa, le créateur de GTO, est là, en Guest of Honnor, comme disent les Belges qui ne savent plus s’ils doivent parler flamand ou français...
"Premier arrivé, premier servi" annonce le programme car, ne vous y méprenez pas : même s’il y a moins de monde qu’à Villepinte, les fans sont là, venus de Bruxelles, de toute la Belgique, mais aussi de Lille et de Paris...
Là encore, Bruxelles est un choix habile : avec l’un des parcs hôteliers les mieux dotés d’Europe, les festivaliers n’ont pas les sueurs froides qu’occasionne Angoulême où l’on est parfois obligé d’aller chercher une chambre jusqu’à 100 kilomètres à la ronde.
Et puis, il y a plein d’autres choses à visiter, notamment le Centre Belge de la BD (en ce moment, une expo François Walthéry et une autre sur l’auteure anglaise Posy Simmonds). Là aussi, surprise : le Centre était blindé. Nous y sommes allés vers 15 heures et une file de visiteurs attendait pour prendre son ticket jusqu’à l’entrée, soit sur 25 mètres ! La librairie et le restaurant ne désemplissaient pas. Il n’y a pas à dire, la BD a encore de beaux restes en Belgique.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Japan Expo Belgium
Tour & Taxis (à côté de la Gare du Nord)
Du 2 au 4 novembre 2012