Un Japonais n’est pas un Français ; une femme n’est pas un homme ; Tôkyô n’est pas la province ; un auteur n’est pas un autre... C’est l’intérêt de ce genre d’anthologie que de faire surgir de telles évidences.
L’intériorité d’un Taniguchi, qui ne déroge pas de son registre habituel, n’est pas l’exubérance d’un Nicolas de Crécy qui décrypte le Japon des signes. Les esprits qui soufflent dans les temples de Kazuichi Hanawa au cœur de la forêt profonde se dissipent face au Tôkyô de Sfar décodé à travers de l’expérience japonaise d’un vieux pote, un personnage digne de la Parabole des Aveugles de Breughel. L’approche un peu décevante d’un Schuiten sans surprise contraste avec le temps maîtrisé et inventif des cases muettes de Little Fish ; les fantasmes assumés de Frédéric Boilet en ribaude dans la ruelle d’amour répondent à la sèche abstinence d’un Fabrice Neaud poursuivant à Sendaï, sur son destrier de métal, l’ombre introuvable d’un quelconque gay japonais.
C’est l’altérité qui s’arpège ainsi en quelque 250 pages. Un corps étranger que l’on peut apprécier à défaut de le comprendre.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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