Je suis Thor – Collectif – Panini Comics

Thor, le dieu du tonnerre de la mythologique nordique, débarque dans l’univers de l’éditeur Marvel à partir de 1962 sous la direction artistique des plumes de Stan Lee et de son frère Larry Lieber, ainsi que du crayon de Jack Kirby.

Lors de l’introduction du personnage, ce n’est pas la divinité elle-même qui est présenté au lecteur, mais Donald Blake, un médecin américain qui tombe accidentellement lors d’une invasion extra-terrestre en Norvège sur le marteau de Thor, objet qui lui permet de prendre les traits et la force du dieu en question. Les années et les aventures passant, le personnage du médecin est peu à peu relégué au second plan par celui du dieu du tonnerre, qui permet de développer autour de lui un univers mythologique fantasmé et bariolé dans les revues de l’éditeur Marvel.

Sous le crayon de Jack Kirby, l’évocation de Ragnarok, la fin d’Asgard, prend presque vie !

© Marvel

C’est avec un plaisir de lecture non dissimulé que l’on retrouve dans cette anthologie de nombreux récits axés sur les aventures en Asgard, la planète des dieux dont est issu Thor dans l’univers Marvel. En effet, l’anthologie ne fait peu de cas de la dualité entre le dieu et ses nombreux alter-ego humains au fil des décennies, car ce sont les aventures épiques de Thor en compagnie de ses amis divins qui sont mises en avant pour les décennies 1960 à 1980. Difficile toutefois de bouder son plaisir avec les histoires ici retenues, tant la qualité est au rendez-vous grâce aux auteurs qui se sont succédés pour faire vivre ce personnage : Stan Lee et Jack Kirby nous content dans les années 1960 des fresques épiques qui font leur effet, Len Wein et John Buscema reprennent avec brio ce flambeau dans les années 1970 en nous racontant notamment la possible chute d’Asgard au travers d’une saga devenue mythique chez le lectorat (« Si Asgard doit périr », 1976), quant à Walter Simonson, il assure dans les années 1980, tant sur le plan du scénario que du dessin, pour donner de nouvelles lettres de noblesse à un personnage décidément bien gâté en aventures savoureuses à conter.

Avec Walter Simonson, le caractère épique des aventures des dieux d’Asgard peut parfois se marier avec une étonnante modernité.

© Marvel

En revanche, comme c’est le cas fréquemment pour ces anthologies, le plaisir de lecture se dissipe nettement à partir de l’évocation des années 1990 : non pas parce que les auteurs d’alors étaient mauvais, loin de là, mais parce que les intrigues prennent alors de très nombreux épisodes pour être développées et conclues, contrairement aux décennies précédentes, ce qui empêche bien souvent d’avoir des morceaux choisis qui reflètent bien l’esprit du moment.

Que les amateurs du dieu du tonnerre se rassurent, l’anthologie parvient à communiquer l’intérêt palpable de deux auteurs emblématiques pour la période contemporaine, à savoir Joseph Michael Straczynki pour les années 2000 (accompagné entre autres du dessinateur français Olivier Coipel, il a redonné toutes ses lettres de noblesse au personnage après des années moins enthousiasmantes) et Jason Aaron pour les années 2010 (après avoir imaginé les aventures des Thor du passé, du présent et du futur ; il s’agit de l’auteur qui a fait d’un personnage féminin la nouvelle détentrice du marteau et du titre de Thor).

Ici, sous le trait d’Olivier Coipel, la dualité entre Thor et Donald Blake, le dieu et son alter-ego humain.

© Marvel

Malgré quelques regrets de notre part, comme l’absence d’une histoire consacrée à Beta Bill Ray (l’extra-terrestre qui s’est montré digne du titre de Thor) ou une histoire centrée sur sa relation de longue date avec la terrienne Jane Foster, cette anthologie consacrée à Thor nous a semblé de bonne facture. Au-delà d’histoires souvent agréables à suivre ou à découvrir, nous conseillons ce titre aux amateurs de belles planches : Jack Kirby, John Buscema, Walter Simonson, Olivier Coipel, Marko Djurdjevic, Dan Pastoras ou bien encore Russell Dauterman prouvent par leurs œuvres qu’à travers ces dernières décennies, le dieu du tonnerre a été très gâté pour être mis en valeur dans le feu de l’action.