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« Je suis morte », T. 1, (apprendre), Morvan et Nemiri, Glénat (La Loge Noire)

Par Martin Grillard le 17 janvier 2004                      Lien  
Comment vivre quand on a engendré la différence ? Comment vivre différent dans le monde ? Comment vivre quand on ne sait pas en quoi on est différent ?
Autant d'énigmes auxquelles nous confrontent Jean-David Morvan et Nicolas Nemiri dans cet album. Le trait est original et le scénario plus proche de nous qu'il n'y paraît.

L’album s’ouvre sur l’accouchement de Sékiane Zendre, la maman d’Aster, et sur cette déclaration : « ça y est, je suis née. Mais … dans le temps d’un battement de paupières… je suis morte. » Ensuite, tout va très - très - vite. Aster souffle deux bougies sur son gâteau d’anniversaire ; Aster rejetée par les autres enfants, mais traquée par les journalistes ; Aster désarmée devant le rejet paternel ; Aster qui rêve, Aster qui joue ; Aster, dont les parents s’engueulent ; Aster toujours meilleure que ses camarades ; Aster qui perd son chien, Aster qui comprend, Aster qui se révolte, enfin, Aster qui s’en va…

Aster a deux ans, puis huit, puis quinze. Elle fait peur, elle attire, elle inquiète et fait pitié. L’enfance de cette petite fille nous la vivons à vitesse grand V. Nous souffrons de cette différence, de cette absence - affective - du père, sans jamais comprendre… jusqu’à ce qu’elle découvre le terrible secret de sa naissance…

Morvan nous livre ici un thriller sur fond de crise familiale au XXIVe siècle et dans la lignée du film Bienvenue à Gattaca. La SF n’étouffe pas le lecteur. La violence est permanente, mais justifiée. Et surtout, les personnages sonnent juste. Le temps s’écoule trop vite dans cette histoire, et ce que rendent parfaitement l’accumulation des actions (souvent muettes) et le cadrage.
Le trait, quant à lui, est novateur. Clairement inspiré du manga, il peut dérouter le lecteur. On s’y attache pourtant rapidement, malgré quelques petites imperfections (des visages parfois maladroits). Par contre la couleur est absolument somptueuse et sert magnifiquement l’ambiance de cet album (voir en particulier les scènes oniriques, les pages 16-17 par exemple).

« Je suis morte » sort la science-fiction des gros flingues et lui ouvre les portes du polar psychologique. Après ce premier tome qui se suffit (amplement) à lui-même, on attend la suite des tribulations d’Aster avec impatience.

(par Martin Grillard)

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