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Jean-Christophe Caurette (éditeur et agent) : " Kim Jung Gi est un dessinateur compulsif "

Par Charles-Louis Detournay le 22 février 2016                      Lien  
L'éditeur-importateur exclusif des travaux de Kim Jung Gi en Europe nous en apprend un peu plus sur un véritable phénomène du dessin, porté aux nues par le milieu professionnel, mais que le grand public a surtout appris à connaître grâce à ses grandes fresques murales réalisés à main levée !

Avant de nous expliquer comment vous avez la connaissance de Kim Jung Gi, pourriez-vous retracer son parcours pour les lecteurs qui ne le connaissent pas ?

Kim Jung Gi est issu des Beaux-Arts de Corée du Sud et a co-fondé avec Hyun Jin Kiù une école de dessin AniChanga basée à Séoul. Sa particularité est d’être un dessinateur compulsif : il dessine tout le temps ! Même lorsqu’on vient d’enchaîner dix heures de festival et que l’on part se restaurer, il sort son carnet, et se remet à dessiner.

Quelle est sa motivation ?

Il nous explique que cela le détend, car le dessin qu’il réalise en dédicace n’est pas le même que celui qu’il réalise pour lui-même. C’est pour lui une façon de se souvenir de ce qu’il a vu, et de le restituer avec sa propre vision.

Jean-Christophe Caurette (éditeur et agent) : " Kim Jung Gi est un dessinateur compulsif "
Kim Jung Gi, au naturel
Photo : Charles-Louis Detournay

Le fruit de ces dessins se retrouve dans des sketchbooks où vous les avez classés par année. En douze mois, il a donc dessiné de quoi remplir environ cinq cents pages... ?

Non, plus de mille pages ! Nous gardons tous les dessins qu’il réalise au cours de l’année, que cela soit issu de ses carnets de croquis, mais aussi sur une nappe ou une serviette au restaurant. On réalise un choix qualitatif parmi cette profusion. On retrouve dans ces carnets des recherches destinées à se détendre, des dessins très poussés au pinceau, d’autres réalisations en couleurs, des bandes dessinées, etc.

Comment vous est-venue l’idée de rassembler ses dessins en d’imposants carnets ?

On connaît Kim Jung Gi comme performeur graphique, et lors de ces démonstrations, pas mal de personnes demandaient à pouvoir se faire une idée plus générale de ce qu’il réalisait. Kim Jung Gi a donc commencé à publier ses dessins à partir de 2007. ses carnets regroupent donc une ou plusieurs années, en fonction des choix qualitatifs que nous avons opérés.

Vous réalisez également des sélections thématiques, par exemple avec Omphalos. Quel a été le moteur de cette édition à part des autres carnets ?

Nous avons effectivement compilé tous les dessins érotiques réalisés depuis plus de trois ans. Kim Jung Gi est très populaire en Chine, ce qui se traduit d’ailleurs par beaucoup de ventes d’albums pirates sans que ces derniers ne lui paient de droits. Mais en Chine, dès qu’un livre contient un dessin érotique, il est censuré. Kim Jung Gi a donc rassemblé tous les dessins érotiques dans cet Omphalos, afin de regrouper tous les autres dans un second recueil qui pourra dès lors être vendu en Chine sans problème de censure.

Tout cela s’est réalisé en auto-édition. Comment a-t-il pu percer dans le marché francophone ?

Kim Jung Gi a donc commencé à éditer ses carnets en 2007, mais il n’était du tout distribué en dehors de la Corée jusqu’en 2012. A cette époque, j’étais le président du festival de BD de Strasbourg Strasbulles, et je suis tombé par hasard sur une vidéo de JD Morvan présentant Jung Gi en train dessiner. C’était avant Spy Game. J’étais abasourdi en découvrant cette prestation extraterrestre ! Et j’ai appelé Jean-David afin de vérifier si on pouvait inviter Kim Jung Gi à Strasbulles. C’était la première fois qu’il allait sortir de Corée !

Kim Jung Gi sera à Livre Paris le jeudi 17 mars à 18h15. Le nombre de places est limité.

Et vous avez voulu profiter de sa venue pour vendre ses livres ?

Oui, j’ai fait le tour d’éditeurs pour voir qui pourrait être intéressé par importer ses albums. Mais tout le monde m’a ri au nez. Et comme nous avions entrepris la démarche de l’inviter, j’ai décidé de lui commander trois cents livres. Après pas mal de déboires, la palette est finalement arrivée deux jours avant le début du festival. Mais comme personne ne le connaissait, il n’a vendu que dix exemplaires sur le festival. Comme il me restait 290 livres à écouler, j’ai réalisé un site internet pour en faire la promotion. Et j’ai tout vendu très rapidement, mais presque exclusivement aux dessinateurs !

Oui, je viens de croiser Bastien Vivès qui a acheté le dernier album que Kim Jung Gi a publié !

Le grand public n’a pas directement pris la mesure de son talent. Jusqu’à aujourd’hui, énormément d’illustrateurs, de dessinateurs, de professionnels du jeu vidéo, de tatoueurs le prennent en référence, beaucoup plus que le grand public. Et c’est ainsi que tout a commencé ! Et après l’exposition-vente chez Daniel Maghen, Kim Jung Gi sera au Salon du Livre de Paris !

Un dessin à la main levée

(par Charles-Louis Detournay)

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