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Jean Van Hamme & Philippe Francq ("Largo Winch") "Tout rebondissement doit être inattendu et extrêmement plausible !"

Par Nicolas Anspach le 6 janvier 2011                      Lien  
L’un des événements éditoriaux de la fin de l’année a été la publication de « {Mer noire} », le 17e album de {Largo Winch} (Dupuis). {{Philippe Francq}} et {{Jean Van Hamme}} reviennent sur les 20 ans de leur série. Une occasion de faire le point sur leurs projets de Jean Van Hamme et de bénéficier de ses réflexions sur les grands enjeux actuels du monde de l’édition.

Les marchés internationaux subissent une crise économique depuis l’été 2007. Était-ce un passage obligatoire que d’expliquer les conséquences de ce marasme pour le groupe W, la holding de Largo Winch ?

J. Van Hamme : Nous ne pouvions pas nous désintéresser des événements de ces dernières années. Mais d’un autre côté, nous ne pouvions pas réaliser une intrigue uniquement sur la crise économique. Cela aurait été ennuyeux pour les lecteurs. Nous avons traité ces éléments sur quatre pages. Les personnes qui ne sont pas intéressées par ce résumé de la crise économique et de ses répercussions sur le groupe W peuvent sauter ces pages aisément.

Jean Van Hamme & Philippe Francq ("Largo Winch") "Tout rebondissement doit être inattendu et extrêmement plausible !"
Extrait du T17 de Largo Winch
(c) Francq, Van Hamme & Dupuis

Dans ces pages, vous expliquez la holding va déménager à Chicago. Cela faisait longtemps que Philippe Francq rêvait de dessiner un nouveau siège social pour le groupe W.

JVH : Cela fait quelques années que Philippe m’avait formulé cette demande, mais il me fallait un motif ! La crise économique est un excellent prétexte pour régler de nombreuses questions dans l’organisation interne du groupe, avec notamment une répercussion pour la division presse dont les bureaux se trouveront toujours dans le bâtiment new-yorkais. Nous expliquons que les nouveaux bureaux de Largo vont être payés par la revente de certaines activités. Tout cela s’enchaîne naturellement, les nouveaux locaux du groupe seront situés à Chicago, dans la région des Grands Lacs.

Ph. Francq : New York est une ville beaucoup trop sage en matière d’architecture. Je n’aurais pas pu y placer le building auquel je pensais ! Il s’inspire d’immeubles qui sont actuellement construits. Aujourd’hui, les profils architecturaux sont modélisés sur des logiciels informatiques. Cela permet la fabrication spécifique de certaines pièces dans les usines pour arriver à des formes particulières, tordues et modernes. Je voulais un building qui soit dans l’air du temps ! Chicago est une ville innovante, elle nous permettait d’y placer un immeuble audacieux. Elle est connue pour être la « capitale » de l’architecture. Bien qu’elle soit détrônée depuis quelques temps par Shanghai ou Hong-Kong. Mais nous n’avions aucune envie de décentraliser le groupe en Asie !

Cet album marque les 20 ans de Largo Winch. Y avez-vous pensé lors de la réalisation de nouveau diptyque ? Nous avons l’impression d’assister à une réunion de famille chaleureuse avec ce mariage…

JVH : Je n’ai pas du tout pensé à cet anniversaire en inventant cette scène …

PF : C’est l’effet que cela m’a fait quand j’ai eu en dessinant cet album. Surtout que nous revenons dans des pays que nous avons déjà mis en scène. Je songe à la Turquie, où nous reprenons le commissaire Beliler, que Largo avait croisé dans le premier diptyque. Cela faisait également longtemps que Largo n’était plus allé en Suisse. Dans le diptyque OPA / Business Blues, Largo rencontre le directeur de sa banque, en Suisse. Il n’était pas anormal qu’il tombe, par hasard, sur l’une des femmes qu’il a aimées. Il y a quelques jours, en me baladant dans Paris avec Françoise, ma femme, nous avons rencontré l’une de ses tantes, qui habite Liège !

JVH : La clef de tout rebondissement est extrêmement simple : il doit être tout à fait inattendu et extrêmement plausible ! C’est aussi simple que cela. Mais c’est un peu moins simple de les inventer et de faire en sorte qu’ils se fondent dans l’histoire.

Tous ces personnages sont comme des vieux amis. On les retrouve au mariage de Freddy et de June. Il n’est pas certain que l’on reverra cette dernière dans un prochain épisode. Par contre, Freddy est un personnage plus important. Cela m’a fait plaisir d’écrire cette réunion de famille pour ce mariage. Ce type de scène réjouit également le lecteur.

Extrait du T17 de Largo Winch
(c) Francq, Van Hamme & Dupuis

Christian Denayer nous disait dernièrement que vous reveniez à vos fondamentaux dans Wayne Shelton. Son prochain album revient également sur les lieux de l’action du premier tome, comme avec cette nouvelle aventure de Largo.

JVH : C’est fait exprès, évidement ! Cela fait plaisir à Christian Denayer et cela permet de renouer avec cette série là où je l’avais abandonnée. Dans notre propre vie, on revient tous à nos fondamentaux. Alors pourquoi Shelton ne ferait il pas de même ?

Un "Art Book" est paru aux éditions Dupuis à l’occassion des 20 ans de Largo Winch

Philippe Francq, quelles scènes avez-vous eu le plus de plaisir à dessiner dans ce nouvel album ?

PF : Il y en a quelques-unes. Mais j’ai particulièrement apprécié celle où Simon rencontre le Juge, à la planche 34. Il y a toujours un côté jouissif d’être confronté à une séquence où l’on se pose des questions par rapport à un personnage à inventer, un décor, une scénographie. Lorsque j’ai reçu le scénario de Jean, je me suis demandé comment j’allais dessiner ce personnage. J’ai rajouté des éléments qui n’étaient pas inclus au scénario, mais le lecteur ne s’en doute pas. Sinon, j’ai apprécié de dessiner les pages qui concernent le mariage de June et Freddy.

Largo Winch est sans doute la série qui contient le plus d’humour parmi celles que vous écrivez…

JVH : Il m’était difficile d’en placer dans Thorgal ! Dans Largo Winch, plusieurs personnages hauts en couleur permettent de placer des situations humoristiques. Je songe à Simon ou à Gus Fenimore. Largo Winch est un personnage actuel, et même les gens les plus sérieux peuvent avoir la tentation de faire de temps en temps de l’humour. Mais c’est vrai, je ne suis pas un humoriste au départ…

Extrait de l’Art Book
(c) Philippe Francq

La première adaptation cinématographique a-t-elle eu une répercussion sur les ventes du fond de la série ?

JVH : Oui et non ! Nous n’avons pas ressenti une différence par rapport aux ventes de la nouveauté. Du moins, je n’ai rien vu dans les relevés de vente. Le film a évidemment contribué à accroître la notoriété du personnage. Nous avons eu un excellent retour dans la presse et il y a eu des opportunités en matière de droits dérivés. Le film a permis, je pense, d’éviter une chute trop brutale du fond, des ventes des « anciens titres ». Un second film sortira dans les salles en février prochain et nous étudions la possibilité d’en réaliser un troisième. La notoriété de Largo Winch va petit à petit encore augmenter. Ceci dit, je ne crois pas qu’un film suffise pour donner l’envie à un spectateur qui n’a jamais lu de BD de sa vie, d’aller courir dans une librairie acheter un album ! Il faut une habitude de lecture pour la bande dessinée. Mais ces films peuvent ramener en librairie d’anciens lecteurs de BD, qui ont arrêté d’en lire par manque de temps. Les fonds s’effondrent partout. Les libraires manquent de place et ne savent plus où mettre les anciens titres. C’est dramatique pour certains auteurs qui ont un fond important. Mais pour Largo Winch, j’ai vu un impact positif sur les ventes de fond. Les ventes s’érodent moins.

Vous avez donné des cours de scénario à l’I.A.D. à Louvain La Neuve (Belgique) et écrit des films et des téléfilms, n’avez-vous jamais été tenté de passer derrière la caméra ?

JVH : Jamais ! Je ne serais pas capable, comme un dessinateur, de passer un an ou deux sur la même histoire. Je n’ai déjà pas le sens de la photographie, alors ne parlons pas de la caméra ! Je ne connais rien aux aspects techniques. La seule chose qui serait éventuellement amusante, c’est la direction des acteurs. Mais je n’ai aucune envie de diriger une équipe de 120 personnes et de m’assurer que les dix camions nécessaires seront bien présents le lendemain. Vous me direz qu’il y a des assistants pour certains de ces métiers, mais moi, ce qui me plait le plus, c’est d’écrire … dans mon coin !

PF : Le cinéma est un métier différent. La bande dessinée a un avantage indéniable : l’auteur est le seul maître à bord. Nous sommes deux à travailler sur Largo Winch, et le travail se fait en deux temps. Jean écrit l’histoire et je la dessine. C’est ce qui fait d’ailleurs l’unité d’une bande dessinée. J’ai déjà suffisamment de mal à expliquer à mon coloriste les ambiances colorées que j’aimerais obtenir pour les différentes scènes, je ne me vois pas gérer une équipe de cent personnes ! Au cinéma, il faut savoir déléguer.

Extrait de l’Art Book
(c) Philippe Francq.

Cela fait vingt ans, Philippe Francq, que vous dessinez Largo Winch sans discontinuer. Pourquoi n’avez-vous jamais eu envie de réaliser un one-shot ?

PF : La raison est simple ! Jean parvient depuis vingt ans à renouveler mon enthousiasme pour ce personnage. Ses récits ne sont jamais monotones et il découpe les séquences d’une manière spécifique, propre à lui. À la fin d’une histoire de Largo Winch, on a toujours un sentiment de trop peu. Souvent je m’aperçois dans les BD qu’il y a trois ou quatre pages inutiles dans les albums. Avec Jean, ce n’est pas le cas.

JVH : Je ne veux également pas m’ennuyer en écrivant une histoire. Regardez la scène avec le juge. En une page, on a tout compris ! On perçoit la relation que Simon a avec cette personne et pourtant je n’ai pas écrit une ligne pour la décrire. Certains scénaristes auraient découpé cette scène en six planches, en rajoutant de nombreux éléments inutiles ! La libération de Mlle Stroegl tient en quatre ou cinq planches. Il est inutile de s’étendre…

Mlle Stroegl semble tomber amoureuse de Simon.

JVH : Fortement, oui.

« Colère Rouge », le prochain album se terminera-t-il par un mariage ?

JVH : La suite, l’année prochaine.

Crayonné de la planche 34, du T17 de Largo Winch
La rencontre entre Simon et le Juge (c) Francq, Van Hamme & Dupuis

Jean Van Hamme, vous avez vécu toutes les grandes étapes de l’évolution des structures éditoriales de ces 40 dernières années. Comment voyez-vous l’évolution du marché de la BD ?

JVH : Je ne connais pas son évolution, je ne possède pas les données nécessaires pour vous répondre. Si on croit Gilles Ratier, on vend à peu près tout autant d’albums que ces dernières années. Mais seulement, les ventes cumulées sont réparties sur cinq ou six mille titres, au lieu de trois à quatre mille auparavant. Toute la différence est là… Le marché est hyper-encombré et les libraires n’ont plus la place pour promouvoir le fond. Les différents acteurs de l’édition se demandent ce que les nouvelles technologies vont détruire ou apporter dans ce marché. Il y a beaucoup d’interrogations sur ces deux sujets.

La plupart des grandes maisons d’édition sont dirigées par des employés qui ont des comptes à rendre à un conseil d’administration et à une assemblée générale qui n’attend qu’une seule chose : des bénéfices ! Le côté passion, au niveau éditorial, n’y est plus ! Il y a bien sûr quelques engouements de la part de directeurs éditoriaux qui ont des coups de cœur. Mais que l’on ne me parle pas de passion pour la BD au niveau de la hiérarchie supérieure…
Des auteurs sont capables d’écrire des bonnes histoires, mais il y en a beaucoup trop qui réalisent des albums inintéressants. Cela encombre les rayons. L’édition – dans son aspect production - n’est plus un métier de passion. C’est regrettable. Quand des entrepreneurs étaient à la tête des maisons d’éditions, il y avait des prises de décision,qui étaient parfois illogiques, mais le côté passionnel était là. [1] Ils pouvaient avoir un coup de cœur totalement injustifié et risqué !

Extrait (crayonné) de la planche 8 du T17 de Largo Winch
Le mariage entre June & Freddy (c) Francq, Van Hamme & Dupuis

D’un autre côté, la BD s’est diversifiée. Il y a plus de livres, mais dans des genres différents.

JVH : Mais il y en a beaucoup trop, et beaucoup trop de livres qui ne valent pas la peine ! Pourquoi les édite-t-on ? En plus, plus de 80% des auteurs ne gagnent pas leur vie avec la BD. Les malheureux ! … Alors, cela rime à quoi, tout cela ?

Croyez-vous à l’émergence du numérique ?

JVH : Bien sûr ! On est tous piratés… Les éditeurs s’organisent, mais est-ce que signer des contrats pour être édité sur ces plateformes va changer quelque chose au piratage ? Je ne sais pas. Mais je ne demande pas mieux de signer des contrats où l’on rétrocède un pourcentage du chiffre à l’auteur. Je n’ai aucune idée de ce qu’apportera le numérique. Je ne suis pas certain que les maisons d’édition aient une réponse à ce sujet. Personne ne le sait ! Alors, c’est quoi le débat ? Il y a toute une bande d’auteurs qui disent qu’il ne faut pas signer ? Il faut signer n’importe quoi, mais au moins signer quelque chose. Pour l’instant on ne signe rien, et on n’a rien ! C’est une attitude stupide.

Les auteurs ont peur d’être prisonniers de contrats léonins à durée indéterminée. Vu que l’on ne sait pas où l’on va, ne faudrait-il pas qu’ils signent des contrats limités à une durée définie ?

JVH : On est bien d’accord là-dessus. … Mais, signons !

PF : Il y a une émergence d’un lectorat différent – ou parallèle - de celui du livre classique. Ce n’est pas une question d’âge. Certaines personnes de 60 ou 80 ans se passionnent pour le numérique, et on envie d’être à la page en ayant un iPad contenant des centaines de livres. L’iPad permet à des lecteurs d’avoir des livres à leur disposition tout en étant mobile. Ce n’est pas pour cela que ces mêmes personnes n’auront pas les mêmes livres dans leur bibliothèque. C’est vrai que les jeunes ont un intérêt économique à utiliser le numérique. Le livre coûtera moins cher par ce biais. La moyenne des prix des livres doit avoisiner les quinze euros ! Cela représente un fameux budget pour quelqu’un qui aime lire… Ce n’est pas pour autant que le papier disparaîtra du jour au lendemain. Le livre imprimé a encore de beaux jours devant lui. Une nouvelle technologie qui apparaît ne remplace pas tout à fait la précédente. Les CD n’ont toujours pas éradiqué les vinyles. Il y encore des magasins spécialisés qui vendent des vinyles, neufs ou anciens !

Extrait (crayonné) de la planche 8 du T17 de Largo Winch
Le mariage de June & Freddy - (c) Francq, Van Hamme & Dupuis

Le feuilleton télévisé Rani est en cours de tournage. Dans une précédente interview, vous aviez confié que votre grande envie, était d’écrire une pièce de théâtre…

JVH : J’attends d’avoir le temps pour l’écrire. J’ai deux idées, que je pourrais éventuellement développer en BD. Mais ce ne serait pas passionnant pour le lecteur et le dessinateur. Le théâtre impose une unité de lieu, et de temps ! On doit tenir compte de ces contraintes. Je ne sais pas si je les écrirai un jour. Cela fait partie des projets… que l’on ne réalise pas toujours !

Extrait (crayonné) de la planche 10 du T17 de Largo Winch
(c) Francq, Van Hamme & Dupuis.

Le deuxième album de « La Malédiction des trente deniers » vient de paraître.

JVH : Antoine Aubin a réalisé un excellent travail ! C’est assez exceptionnel car c’est quasiment sa première bande dessinée. Évidemment, il a été un peu écrasé par l’univers et des différents aspects de l’image véhiculé par Blake & Mortimer. Mais il l’a été beaucoup moins que ne l’aurait été un dessinateur de bande dessinée classique. Il a travaillé pendant quelques années sur des personnages de l’univers Disney. Il est habitué de reproduire les personnages inventés par d’autres. Antoine Aubin a joué le jeu parfaitement ! Pour que le livre sorte a temps, il a été par Étienne Schréder pour l’encrage des décors, puis de planches complètes sur la fin. La conclusion de l’intrigue de ce second tome fait référence à Indiana Jones. C’est manifeste.
Je ferai encore un album avec lui. J’avais dit que je ce diptyque serait ma dernière histoire de Blake & Mortimer. Mais mon épouse, Huguette, m’incite à en faire encore un ! Elle me demande régulièrement d’arrêter d’écrire et elle va promettre à Yves Schlirf que je vais encore signer Blake & Mortimer. C’est la contradiction féminine ! C’est ce qui me passionne avec elle…

Edgar P. Jacobs a axé ses différentes histoires autour de trois thématiques principales : l’archéologie, la science-fiction et l’espionnage. Lequel de ces sujets suivrez-vous pour ce nouveau récit ?

JVH : L’espionnage n’a pas tellement été exploré par Jacobs, mais j’ai repris ce genre pour L’Affaire Francis Blake. C’était opportun, car le métier de Blake n’avait auparavant jamais été mis en avant ! Je suis occupé à construire l’histoire. A priori, dans le prochain album, Blake et Mortimer vont s’opposer pour des raisons politiques. J’en avais un peu marre de les voir la main dans la main, tous le temps ! Ils vont être confrontés à quelque chose qui risque de créer un réel problème politique et qui est sous-jacent depuis près d’un siècle ! Je n’en dis pas plus. Je construis actuellement cette intrigue… dans la douleur !

Quels sont vos projets ?

JVH : Vous pouvez poser cette question à ma femme ! Mes projets ? Tout simplement vivre le plus longtemps possible en bonne santé et continuer à faire les choses qui me font plaisir !

Extrait (crayonné) de la planche 26 du T17 de Largo Winch
(c) Francq, Van Hamme & Dupuis

Quelle est votre implication dans les séries dérivées de "Thorgal" ou dans les "XIII Mystery" ?

JVH : Je ne m’occupe absolument pas de Thorgal et je ne veux même pas lire les scénarios ou discuter du choix des dessinateurs. Je fais confiance à Yves Sente, à Grzegorz Rosinski et au Lombard. Pour XIII, je ne m’occupe uniquement des XIII Mystery où j’ai un rôle de directeur éditorial. Je gère une galerie de jeunes – ou moins jeunes – scénaristes que je fais travailler, recommencer … recommencer, encore et encore ! La plupart d’entre eux ont réécrit leur album trois fois, certains cinq fois !

Cela m’amuse. Je suis le méchant sergent qui forme les futurs officiers en les faisant ramper dans la boue et qui les remercie à la fin du parcours. Comme dans le film Officier & gentleman ! Je les fais chier à mort ! Bien sûr, il y a la carotte : le tirage ! Finalement, je m’aperçois qu’ils aiment l’expérience et me remercient quand l’album est terminé …

Voyez-vous des héritiers parmi eux ?

… Des héritiers ? Non, je n’en vois pas. Ils doivent se trouver tout seuls, et devenir capables. Ils choisissent un personnage, une trame, et nous devons faire sortir ce qu’il y a de meilleur chez eux ! Ce n’est parfois pas ce que j’espérais. Certains n’atteindront pas certaines limites et ne les dépasseront pas ! D’autres ont du potentiel. Il y en a qui ne peuvent pas dépasser un certain niveau, c’est manifeste. Mais je ne vous citerai aucun nom !

Jean Van Hamme & Philippe Francq
(c) Nicolas Anspach

(par Nicolas Anspach)

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Des actualités :
- Jean Van Hamme, l’homme de l’année 2010 (Janvier 2011)
- La Déferlante Largo Winch (Novembre 2010)
- Jean Van Hamme se moque de la crise (Novembre 2008)

Des interviews :
- Philippe Francq : "Largo va être confronté à une fronde des présidents du groupe W (Novembre 2008)
- Philippe Francq & Jean Van Hamme : "Largo Winch est un personnage en devenir" (Avril 2007)
- Jérôme Salle (réalisateur du film) : "Largo Winch est un héros qui conserve des côtés ordinaires qui le rendent touchant". (Décembre 2008)
- Philippe Francq : « Mon trait change peu, mais j’évolue toujours dans la représentation du jeu des acteurs » (Novembre 2005)

Des chroniques d’album :
- Largo Winch T16, T15, T14, T13
- Le Mariage de Largo

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Lien vers le site officiel de Largo Winch et le blog du second film


Illustrations : (c) Francq, Van Hamme & Dupuis
Photographies : (c) Nicolas Anspach

[1Casterman appartient au groupe Flammarion. Dupuis, Dargaud, Lombard et Kana sont la propriété de la holding franco-belge Média Participations. Seuls Bamboo, Soleil, Glénat et Delcourt appartiennent encore à leurs fondateurs. NDLR.

 
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16 Messages :
  • Bravo à Monsieur Van Hamme !!!

    Malgré sa position de vedette incontestable, il a le courage de dénoncer avec brio la méprisable mentalité "d’épicier" qui règne au sein de la plupart des maisons d’éditions.

    Depuis trop longtemps déjà, ces dernières polluent le marché avec de nombreux albums formatés où le talent n’a d’égal que les très médiocres chiffres de ventes qu’ils occasionnent.

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    • Répondu le 6 janvier 2011 à  13:07 :

      Ah ? la qualité d’un album se mesure au nombre de ses ventes ?

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    • Répondu par Sergio Salma le 6 janvier 2011 à  14:09 :

      J’aime aussi comment M’sieur Van Hamme observe le marché. Mais Lieutenant, si je peux me permettre, le problème c’est que quand il dit : " il y a vraiment bon nombre d’albums dispensables" et que vous répondez :" ça c’est vrai !" il est plus que probable que vous ne parliez pas des mêmes livres. Chacun a sa vision des trucs à publier et des machins impubliables. Et tout le monde est de bonne foi. Ou en tout cas, tout le monde y croit. C’est d’autant plus problématique. Personne ne se dit : " Bon là je vais polluer le marché. J’aime pas du tout, j’y crois pas, je vais quand même le faire" . Et dans les albums formatés il y a de très bonnes choses et dans les albums personnels, faits avec amour il y a de belles bouses. Rhâââ ! c’est énervant n’est-ce pas ?

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    • Répondu le 6 janvier 2011 à  14:57 :

      Non mais n’importe quoi, c’est Van Hamme le premier de ces épiciers (tendance Leader Price), c’est lui qui polluent le marché avec les ersatz de ses séries (souvent elles-même des plagiats au départ), il a beau jeu de se plaindre ce commercial de chez Phillips !

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      • Répondu par PPV le 7 janvier 2011 à  11:11 :

        ce qui est n’importe quoi c’est votre raisonnement : avec plus de 30 millions d’albums vendus, aucun éditeur normalement constitué ne jugera les albums de Van Hamme comme étant des "polluants", par contre il les considérera comme des "régénérants" de ventes moyennes qui s’étiolent, et ça c’est une certitude.

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        • Répondu le 7 janvier 2011 à  18:08 :

          Mais rognetedjûû est-ce que c’est possible de parler de bd sans tout justifier par le pognon !! Raz le bol !!

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  • C’est un petit peu le malade qui se fout de l’infirmerie, s’il n’y avait pas les épiciers dont il parle il n’y aurait sans doute pas autant de machins signés Van Hamme...

    Quand à prétendre que ses bd à lui sont plus "utiles" que la plupart des autres...

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  • Souvent je m’aperçois dans les BD qu’il y a trois ou quatre pages inutiles dans les albums. Avec Jean, ce n’est pas le cas.

    Moi c’est en refermant un album scénarisé par Van Hamme que je m’aperçois qu’il y a quarante quatre pages inutiles (Plus même pour les Blake et Mortimer).

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    • Répondu par lpa le 29 décembre 2011 à  23:58 :

      De Van Hamme, je lis surtout XIII et Winch.
      Mais il m’est arrivé de feuilleter ses autres séries et je suis forcé de constater une chose c’est que quoi qu’il le fasse, il y met toujours du sien.
      Oui, van hamme est un marchand de soupe, pas un "auteur", mais au moins il fait son boulot avec passion.
      Pas besoin de se consacrer à une grande oeuvre révolutionnaire pour être passionné.
      Je dirais même : au contraire, on reconnaît les grands scénaristes à ce qu’ils sont capables de faire une vraie histoire avec un sujet banal.
      Bravo à van hamme !

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  • Amusant de voir comme au travers d’une interview retranscrite Jean Van Hamme passe pour un mégalomane égocentrique profondemment antipathique. Si il y avait du second degré (il a bon dos le second degré) il est indécelable.

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    • Répondu par lol le 23 janvier 2012 à  22:35 :

      N’importe quel discours peut-être interprêté comme celui d’un mégalomane antipathique.
      Il suffit d’y mettre un peu de mauvaise foi.

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  • Les auteurs ont peur d’être prisonniers de contrats léonins à durée indéterminée. Vu que l’on ne sait pas où l’on va, ne faudrait-il pas qu’ils signent des contrats limités à une durée définie ?

    JVH : On est bien d’accord là-dessus. … Mais, signons !

    Bah non, pourquoi signer à tout prix, c’est bien un discours d’éditeur ça (Van Hamme a bien été éditeur au Lombard en quittant Philips en 76).
    Il n’y a pas que la question de la durée, mais bien celui du pourcentage de droits d’auteurs, aucune raison de rester au niveau de l’édition papier (entre 8 et 12%) alors que le livre numérique est vendu 3 ou 4 fois moins cher, et qu’il n’y a plus les coûts d’impression, distribution, transport, part du libraire qui rentrent en compte. Sur un livre numérique l’auteur doit toucher 50% du prix minimum, en dessous c’est une arnaque.

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    • Répondu par PPV le 7 janvier 2011 à  11:55 :

      please, renseignez-vous avant de dire des sottises : Van Hamme n’a jamais été éditeur au Lombard, mais bien directeur Général chez Dupuis durant les années 80 (86 je crois), et l’espace de quelques mois.

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  • Vous ne signalez pas la provenance des nombreux crayonnés qui illustrent vos nombreuses pages sur le nouveau Largo Winch ? Est-ce une grâce de Francq à l’endroit d’ActuaBD, ou bien proviennent-ils d’un tirage spécial qui aurait été publié ?

    Répondre à ce message

    • Répondu par Nicolas Anspach le 7 janvier 2011 à  16:42 :

      Nous aimons publier des crayonnés ou des roughs quand c’est possible. Pourquoi s’en priver si l’auteur (ou l’éditeur) possède le matériel scanné ? Cela permet au lecteur de mieux comprendre la technique et l’approche graphique de l’auteur. Le lecteur portera un autre regard sur les planches et le style de l’auteur. Nous publions quand c’est possible des crayonnés ou autres illustrations inédites.

      Nous avons eu, bien entendu l’accord de Philippe Francq et de Dupuis pour ces publications de cases crayonnés. … qui ne dévoilent pas grand-chose quant au contenu de l’histoire.

      A notre connaissance, ils n’ont pas été publiés dans un livre. Mais ils le pourraient tellement ils sont détaillés.
      Par le passé, nous avons illustré d’autres interviews avec des crayonnés d’auteurs. Je songe à Midam, à Denayer, …

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      • Répondu par Frenchoïd le 7 janvier 2011 à  18:41 :

        Ah mais faut pas vous sentir obligé de vous justifier, je posais juste la question de la provenance.

        Là-dessus, merci bien sûr pour cette réponse, et bonne année, ActuaBD !

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