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Jean-Yves Delitte jette l’ancre à Ostende

Par Charles-Louis Detournay le 28 mai 2010                      Lien  
Le port belge d'Ostende fête ce week-end les voiliers en tous genres et accueille en invité d'honneur le Belem et son dessinateur, Jean-Yves Delitte : deux expositions, une visite du bateau, le lancement du nouvel album...

C’est la Caisse d’Epargne qui racheta le Belem, ce grand trois-mâts, témoin d’une époque, qui croupissait au sein de l’Arsenal vénitien. En l’offrant à la France qui en fit un navire-école et qui le décréta monument national par la suite, ce fut un premier pas décisif pour le faire connaître au grand public.

Jean-Yves Delitte jette l'ancre à Ostende
Jean-Yves Delitte accueille le Belem à Ostende, une ville où se déroule une partie du prochain Black Crow

Une autre étape fut de proposer aux éditions Glénat qu’un dessinateur lui consacre un album pour célébrer les 110 ans du bateau, un projet pas aussi fantasque que cela quand on se rappelle que la Caisse d’Épargne est depuis longtemps le soutien essentiel de quelques-uns des principaux festivals en France : Angoulême, Blois, Aix-en-Provence, Bastia,Solliès-Ville, etc. Avec le Neptune (et quelques bateaux apparus dans les Coulisses du pouvoir), Jean-Yves Delitte avait démontré ses aptitudes à dompter la mer et l’Histoire à l’aide d’un trait réaliste, et c’est avec passion qu’il s’engagea dans cette aventure.

Un succès inattendu et une passion dévorante

Alors qu’il ne devait s’agir que d’un one-shot de commande, Delitte s’investit pleinement, autant dans l’imaginaire porté par le récit afin de proposer au lecteur une trame narrative conséquente, que dans la documentation liée au bateau pour mieux coller encore à la vérité historique.

« J’ai accumulé énormément de documents, regroupés par la Fondation Belem ou par mes propres soins », explique Jean-Yves Delitte. « Si l’authenticité dirige mon trait, j’avoue que je place parfois un peu trop de cordages pour les marins habitués à diriger le Belem. Mais le grand public n’est pas forcément marin, et je désire avant tout donner de la vie au trois-mâts ! »

Comme un poisson dans l’eau, Delitte guide les visiteurs sur le Belem

Plus qu’un succès d’estime, c’est un réel engouement public qui saluera la sortie du premier titre. Après les séries du Neptune et des Nouveaux Tsars, Jean-Yves Delitte semble avoir trouvé sa voie : concrétiser une de ses passions grâce à la bande dessinée. C’est ainsi que les tomes deux et trois vont bientôt voir le jour, expliquant les moments forts de la vie du bateau.

Le prochain et dernier tome sortira en janvier prochain : « Avec un brin de nostalgie, nous évoquerons le dernier voyage du Belem, des Antilles vers la France, avant qu’il ne devienne un yacht de plaisance. Il faillit percuter un vapeur, ce qui aurait mis fin prématurément à sa carrière. Symboliquement, c’est un point important, car c’est bien entendu les ’steamers’ qui mirent les voiliers à la retraite, même si la France continuera à en construire jusqu’aux portes de la Première Guerre mondiale ! Ce dernier voyage du Belem sera aussi l’occasion d’évoquer les souvenirs du capitaine, en particulier lorsqu’il se fit ’accrocher’ par un U-Boat en 1915. »

Lorsqu’on visite le bateau en compagnie de l’auteur, on ressent la passion qu’il tente de faire partager au lecteur : il en connaît les moindres recoins, évoquant les différentes étapes de sa carrière.

Ostende à l’Ancre

Le port belge d’Ostende, à quelques dizaines de kilomètres de Dunkerque, fête les voiliers en tous genres, accueillant comme invité de marque le fameux bateau-école français. C’est donc l’occasion d’aller arpenter son pont et ses cabines, pour retrouver le souffle de l’aventure qui fit tant de fois gonfler ses voiles.

Outre la demi-douzaine d’autres grands trois-mâts et la centaine de gréements qui y sont regroupés, diverses expositions font également la part belle à la mer. En se focalisant plus spécialement sur la bande dessinée, on notera une exposition spécialement consacrée au Belem, en face de l’ancrage de celui-ci. Elle présente vingt-cinq planches originales de Jean-Yves Delitte et, en parallèle, une série de documents d’époque commentés pour s’immerger au mieux dans l’histoire du bateau. Nous vous avions déjà parlé de cette exposition, précédemment présentée à Nantes.

Détail de l’exposition.
(c) Thierry Lemaire

Le thème de cette onzième édition d’Ostende à l’Ancre est consacrée aux Corsaires, et c’est tout naturellement qu’une exposition didactique utilise le dernier-né de l’imagination de Jean-Yves Delitte : Black Crow. On retrouve de très beaux agrandissements de ses planches, mettant son trait, ses couleurs ainsi que son goût pour les voiliers et l’Histoire en avant. On profite surtout d’une demi-douzaine de panneaux explicatifs sur la vie des Corsaires, illustrés par ces dessins : le corsaire, son navire, le sabre, le mousquet, les instruments de navigation, les canons de marine, les ancres et gréements, etc.

C’est aussi l’occasion de découvrir en primeur l’album et les agrandissements des planches du deuxième tome de Black Crow : le Trésor maudit

La mer, sinon rien !

L’année dernière, Jean-Yves Delitte avait effectivement introduit son nouveau personnage, en sortant deux albums à quelques mois d’intervalles. Cette introduction nous présentait un ‘héros’ au caractère bien trempé : un corsaire du roi d’Angleterre vers la fin du XVIIIe siècle, Occidental habillé à la mode indienne et qui ne fait pas de cadeau à ses ennemis, tout en dirigeant ses hommes d’une main de fer.

Le décor planté, voilà que le souffle de l’aventure guide son bateau, le Revenge, même si c’est plus un relent de souffre qui semble traîner tout au long de cette quête. « Black Crow est un corsaire, et à ce titre, je voulais qu’il puisse nous faire voyager dans des lieux aussi exotiques que captivants », explique son auteur. « Après la Révolution américaine, il est contraint de s’embarquer dans une chasse au trésor dans les contrées reculées de l’Afrique. Cette aventure s’articulera dans un diptyque, mais ce sera aussi l’occasion d’en apprendre plus sur son passé, et principalement sur la disparition tragique de ses parents. On s’apercevra alors que Black Crow est loin d’être un enfant de chœur ! »

Dès les premières pages, on tombe sous les charmes des évocations historiques de Jean-Yves Delitte. Même si ses personnages féminins semblent parfois raides et peu convaincants, ses marins patibulaires, ses gréements, et les superbes double-pages qu’il offre au lecteur sont aussi saisissants de beauté qu’empreints de réalisme. En particulier, les scènes nocturnes et le combat naval valent le détour ! De plus, la première édition de l’album contient un beau poster de son bateau, ‘le Revenge’ (60 sur 80 cm).

Delitte n’en oublie pas non plus sa série parallèle, Black Crow raconte, qu’il avait entamée avec son récit de l’Hermione : « Arrivant bientôt au bout de l’épopée du Belem, je ne compte pas pour autant arrêter les récits de bateaux réputés. J’ai déjà beaucoup de projets sur lesquels j’ai bien planché, et j’ai hâte de pouvoir faire découvrir au lecteur leurs fantastiques aventures. »

Les panneaux didactiques illustrés par les dessins et les planches de Delitte

Et Tanâtos dans tout cela ?

« Pas possible d’oublier ce génie du mal ! », continue Delitte. « Ses prochaines aventures seront le prolongement du tome 3 et du naufrage du Lusitania. Une fillette repêchée garde le souvenir d’un gros crabe aux yeux oranges … L’album sortira pour l’automne ! »

Entre le Belem et ces deux expositions, rien d’étonnant à ce que Jean-Yves Delitte ait signé l’affiche de cette concentration de voiliers. Une belle occasion pour prendre le large ce week-end.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire les premières pages de l’album

Ostende à l’Ancre vous accueille gratuitement jusqu’à ce dimanche 30 mai. Plus d’informations

Sauf exception, toutes les photographies sont © CL Detournay, les dessins sont © JY Delitte - Glénat.

✏️ Jean-Yves Delitte
 
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