Leurs noms : Sylvain et Laurent Lehon. Qu’ils soient en "stage de motivation", en train de draguer une meuf, invités à la table de l’imprésario du sosie de Johnny, les deux frères s’éclatent. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Et ça les fait rire !
Bien sûr, Lindingre est excessif.
Sylvain et Laurent sont des têtes de mule, de cochon, de pioche, bref des fortes têtes qui n’ont qu’une idée en tête : ne rien faire ! Ou presque rien ! Ou bien alors si c’est drôle ! Leur vocabulaire est très limité, par contre ils aiment crier à tue-tête des insultes : noter que "tête de mort" est une expression gentille chez eux. Sylvain n’a sans doute jamais été tête de classe ni Laurent tête d’affiche. Ils se fondent dans une masse de médiocrité à l’oisiveté quotidienne navrante. À se taper la tête contre les murs... Les parents ne sont pas dupes, mais ils sont complètement dépassés par leur progéniture qui n’en fait qu’à sa tête. Les deux frères tiennent tête systématiquement à un père et une mère résignés et impuissants.
Mais n’allez pas croire que les histoires de Lindingre sont sans queue ni tête. Il vise la satire sociale et les sujets abordés sont d’actualité (les banlieues, le chômage...). Son humour décalé est à la fois grotesque et pertinent. La jeunesse qu’il dépeint n’a aucune notion du respect de l’autre ; elle est si redoutable que personne ne souhaiterait se retrouver en tête à tête avec elle ou devenir sa tête de turc. Avec un graphisme simplifié (toutes les têtes des personnages sont en forme de poire), Lindingre signe ici un album décapant et dérangeant. Ça fait froid à la tête, euh dans le dos...
(par Laurent Boileau)
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