Les Aventures (ouvrage publié au Québec par Mécanique générale sous le titre de Non-aventures), reprend l’ensemble de ses œuvres autobiographiques (Quelques pelures, Résine de synthèse, Le Moral des troupes, Le Roi cafard). Celui-ci a été choisi à la suite d’un vote des membres de l’ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée).
Une distinction qui touche le principal intéressé : « C’est émouvant. Je suis toujours sceptique par rapport aux prix, parce que quand on accepte les compliments, il faut aussi accepter les critiques. Et pour me protéger des critiques, je me méfie des compliments. Sauf que là, c’est une association de critiques chevronnés, c’est un beau prix. Le timing était bon. Je mets mon cynisme de côté et je l’accepte volontiers. »
Questionné sur l’impact positif que cette reconnaissance pourrait avoir sur la diffusion des deux éditions de son livre, celui-ci répond : « Je l’espère pour les éditeurs. C’est toujours pour eux que je m’inquiète le plus. Car ils nous soutiennent de manière assez active quand ils publient nos bouquins. Donc, pour Benoît Peeters (Les Impressions nouvelles) et pour Renaud Plante (Mécanique générale), j’aimerais bien que ça augmente un peu les ventes. Mais si je note tous les articles qu’il y a eu, l’abondance est surprenante. C’est super chouette. J’ai eu plein de messages de félicitations. J’espère que ça va redonner un peu d’énergie au livre, qui est un peu vieux, car il est sorti en 2013 ici et en 2015 en Europe. »
Deux autres titres, 23h72 de Blonk (Pow Pow) et La Guerre des arts de Francis Desharnais (Pow Pow), comptaient également parmi les finalistes. Ces albums ont été sélectionnés parmi les 115 ouvrages de BD québécoise parus entre le 1er juillet 2014 et le 30 juin 2015.
Promouvoir la BDQ au-delà des frontières
Présent à Montréal pour l’occasion, le président de l’ACBD, Fabrice Piault, explique ce qui a mené à la création de cette première reconnaissance internationale francophone annuelle consacrée à la BD québécoise : « L’ACBD regroupe 84 adhérents, en Europe, en France, en Belgique, en Suisse et également au Canada. En fait, on a 10 % de nos adhérents qui sont principalement au Québec. Ceux-ci ont souhaité et ont proposé de faire un prix spécifique, et l’ACBD a tout de suite été très enthousiaste par rapport à cette idée. Il y a des auteurs québécois qui sont déjà connus en France, et que nous connaissons, nous, en tant que journalistes européens. Mais comme la BD québécoise est plutôt une jeune bande dessinée, qui a vraiment émergé depuis environ une quinzaine d’années, elle est encore assez mal connue. Il nous a semblé intéressant de mettre un phare sur cette créativité nouvelle qui s’exprimait au Québec dans le domaine de la bande dessinée. »
Au sujet du lauréat de cette année, celui-ci ajoute : « C’est un hasard. Il y a eu un vote. Il y a eu des débats. Je trouve que le fait de le remettre à Jimmy Beaulieu permet vraiment de montrer ce qu’on veut faire avec ce prix. C’est-à-dire que Jimmy Beaulieu est vraiment quelqu’un qui a incarné ce renouveau de la bande dessinée québécoise. Ce n’est pas le seul, bien sûr, mais c’est une des figures marquantes. Et je pense que c’est très positif pour l’avenir de ce prix. »
Selon le coordonnateur du prix, Nicolas Fréret, la production annuelle limitée d’albums de BD québécoise est un avantage quand vient le temps de décerner une récompense : « Il y a beaucoup de prix, mais pour la plupart d’entre eux, il y a une sélection auparavant. Il y a un jury qui décide quel titre va concourir. Nous, ce n’est pas ça : toute la production est éligible de fait. Ensuite, tous les journalistes font leur rôle de lecteur. Durant l’année, ils lisent pour travailler et ils font leur propre sélection. Pour le Grand Prix de la Critique, on a jusqu’à cinq tours, pour en arriver à la substantifique moelle, celle qui correspond à nos critères. Et on a reporté ça pour le Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise, avec en plus la chance que, contrairement au marché européen francophone, qui est ultra-saturé, au Québec, il y a une production qui est raisonnable. On parle d’une centaine de titres. On est tout à fait capable de tous les lire. »
Le Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise a pour bout de souligner une oeuvre à « forte exigence narrative et graphique, marquant par sa puissance, son originalité, la nouveauté de son propos ou des moyens que l’auteur y déploie ». L’édition 2016 est déjà en préparation.
(par Marianne St-Jacques)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Également sur ActuaBD.com :
« Jimmy Beaulieu : “Je pense que le dessin est intimement lié au désir.” »
« Les Aventures. Planches à la première personne – Par Jimmy Beaulieu – Les Impressions nouvelles »
Ailleurs sur le web :
Commander Les Aventures chez Amazon ou à la FNAC