L’intrigue farfelue de cet album doit autant à Alice au pays des merveilles qu’aux voyages de Gulliver.
Soit un couple en pleine parade amoureuse se contant fleurette avec retenue. Survient alors une sorte d’avalanche de liquide rouge qui plonge les deux personnages dans un autre monde. Un univers qui se construit autour d’une fillette venant de mourir, dans un paysage plutôt bucolique. Aurore, qui prenait encore le thé quelques instants auparavant, doit alors assurer sa survie face à tout un univers nouveau plein de menaces. D’autant plus que le danger vient aussi bien de la petite princesse auto-proclamée régnant dans la terreur que de créatures géantes, à l’image de la défunte... Face à elle, la communauté qui entoure Aurore paraît microscopique...
Jolies Ténèbres se joue de multiples références fantastiques -de toutes époques, jusqu’au cinéma de David Lynch- pour brosser un terrible conte social. La petite société qui naît sous nos yeux obéit à des rapports de force terriblement agressifs. Chacun se révèle sous son vrai jour (à commencer par le prétendant du début de l’histoire).
Le dessin signé à quatre mains par Marie Pommepuy et Sébastien Cosset, qui signent sous le patronyme Kerascoët, joue sur un habile contraste coloré : l’univers des "lilliputiens" est croqué d’un trait vif et minimaliste, et tout ce qui concerne le "monde réel" bénéficie d’un réalisme soigné.
Hormis sa noirceur un peu appuyée, ce one shot étonnant a tout pour séduire tant il brille par son originalité.
(par David TAUGIS)
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