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Journées de réflexion sur la BD au Québec : vers une action concertée ?

Par Marianne St-Jacques le 10 avril 2017                      Lien  
Inspirées par la démarche des États généraux de la bande dessinée en Europe, et organisées conjointement par le Festival de la BD francophone de Québec et le Festival BD de Montréal, les Journées de réflexion sur la BD au Québec témoignent d’un véritable désir d’organisation par tous les intervenants du milieu de la bande dessinée. ActuaBD a assisté à la première journée tenue à la Maison de la littérature de Québec, le 7 avril 2017. Résumé d’une discussion embryonnaire mais prometteuse.

Une définition large et inclusive de la bande dessinée québécoise (BDQ). Une association professionnelle des auteurs de BD avec des grilles tarifaires et des assurances partagées. Un regroupement d’éditeurs québécois dans les salons et les festivals. Une enquête sur les conditions de pratique des auteurs et des éditeurs. Une politique du livre propre à la bande dessinée. Une stratégie de visibilité médiatique et d’approche des instances de financement. Des journées d’initiation à la BDQ auprès des bibliothécaires et des enseignants. Voilà quelques-unes des idées et des pistes de solution qui ont été soulevées au cours de cette première Journée de réflexion sur la bande dessinée au Québec.

Pour Thomas-Louis Côté, directeur général du Festival de la BD francophone de Québec et co-instigateur du projet, cette initiative n’est que la première étape d’une démarche plus large : « Cela fait plusieurs fois qu’on entend des gens du milieu parler de la volonté d’avoir des États généraux de la bande dessinée au Québec. On a décidé, avec le Festival BD de Montréal, de prendre un peu les devants là-dessus parce que nous avons des structures qui permettent de rassembler des auteurs à chacun de nos événements. Ce sont de bons moments pour faire un état des lieux, pou voir les problématiques afin de mener éventuellement à de vrais États généraux de la bande dessinée québécoise. »

Journées de réflexion sur la BD au Québec : vers une action concertée ?
Les participants à la Journée de réflexion ont discuté de différentes stratégies afin de mettre en valeur la bande dessinée québécoise dans les salons du livre et les festival BD au Québec et à l’étranger.
Photo : Marianne St-Jacques.

Rassemblant une quinzaine d’acteurs du milieu (auteurs, éditeurs indépendants, médiateurs culturels, responsables de festivals, chercheurs et journalistes), ceux-ci ont pu échanger de manière libre sur une multitude d’enjeux. Si les questions financières demeurent au cœur des préoccupations de chacun, les spécificités culturelles propres à la BDQ ont également été soulignées : sa quête de légitimité auprès du grand public, sa non-conformité aux initiatives et politiques liées à l’édition littéraire et aux arts visuels, son lectorat démographiquement restreint, etc. Si aucune résolution n’a été formellement adoptée, un certain consensus a été atteint et pourrait mener à des actions conjointes.

L’auteure et essayiste Mira Falardeau a pris part à cette première journée. Pour celle-ci, l’expérience était plus que positive : « On était une équipe vraiment fantastique. On avait beaucoup de richesse et de polyvalence. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, il n’y avait pas que des auteurs ; ils étaient même en minorité. Il y a eu une chimie entre nous et on est allé tout de suite à l’essentiel. On a pris des décisions intéressantes. J’ai hâte de voir comment la réunion de Montréal va conclure sur nos propositions, car elles sont vraiment constructives. (…) On était très content de la journée. On ne pensait jamais qu’on arriverait aussi rapidement à un consensus. »

Les Nombrils sont l’un des plus grands succès d’édition de la bande dessinée québécoise. La série a également grandement contribué au rayonnement de la BDQ à l’étranger.
Photo : Marianne St-Jacques.
L’Agent Jean d’Alex A. (Presses Aventure) est devenu un incontournable des salons du livre et des festivals de BD au Québec.
Photo : Marianne St-Jacques.

Auteure d’expérience, Line Arsenault a publié neuf tomes de sa série La vie qu’on mène, d’abord aux Éditions Mille-Îles, puis en autoédition. Celle-ci a tenu à participer afin de prendre le pouls des acteurs et d’exprimer ses préoccupations. Elle souligne les conditions de travail précaires des créateurs, surtout lorsqu’ils doivent assurer eux-mêmes la distribution et la promotion de leurs ouvrages : « J’aimerais diffuser mon plus récent album. Mais, pour ma part, en étant seule dans ma barque, c’est pratiquement impossible. J’aimerais multiplier le rendement du travail que j’ai accompli depuis trois ans, mais, à l’heure actuelle, je n’en ai pas la capacité. Ce que je souhaiterais, c’est de partager mon travail. »

Même son de cloche du côté des petits éditeurs : Jean Philippe Bergeron est scénariste et co-fondateur des Éditions BerBer, qui se spécialisent dans la bande dessinée de genre ancrée sur le territoire québécois. Celui-ci désire développer une plus grande cohésion avec toutes les parties prenantes, notamment afin de surmonter des défis d’ordre financier : « C’est la survie. Cela fait moins de cinq ans que nous existons. Nous allons fêter notre troisième anniversaire au mois de mai. Le principal enjeu est de trouver des fonds au quotidien, de faire en sorte que nos auteurs soient bien traités. Notre principale préoccupation est d’arriver à accoter les conditions des auteurs en Europe et aux États-Unis. »

Le recueil 1792 : à main levée est une initiative de l’Assemblée nationale du Québec et des Publications du Québec. L’album, qui souligne le 225e anniversaire des institutions parlementaires du Québec et qui retrace les premières élections au Bas-Canada, a été lancé lors du Festival de la BD francophone de Québec 2017.
Photo : Marianne St-Jacques.

Au terme de cette journée, Johanne Desrochers, directrice générale du Festival BD de Montréal (FBDM) et co-instigatrice des Journées de réflexion, semblait satisfaite de cette démarche, qui a permis de dégager des orientations communes : « Je retiens qu’il reste toujours cette volonté de faire des États généraux. Je retiens cette volonté d’avoir une représentation efficace de l’art de la bande dessinée et de toutes les composantes de l’industrie de la BD. Je retiens qu’il y a véritablement un besoin exprimé par tous les différents intervenants du milieu à ce que la bande dessinée soit bien représentée et bien reçue dans le domaine culturel, qu’elle soit identifiée comme un art à part entière. »

La fécondité des échanges permettra d’ailleurs d’alimenter la discussion lors du deuxième volet prévu à Montréal, le 26 mai prochain. Selon Johanne Desrochers, la Journée de réflexion au FBDM devrait également être l’occasion de sonder la communauté anglophone, très active dans le milieu de la bande dessinée à Montréal, notamment grâce aux activités et au rayonnement de l’éditeur Drawn and Quarterly.

Les Journées de réflexion sont une initiative conjointe du Festival de la BD francophone de Québec et du Festival BD de Montréal. La prochaine journée aura lieu le 26 mai 2017, à Montréal.
D. R.

(par Marianne St-Jacques)

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