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Julien Frey ("Un Jour, il viendra frapper à ta porte") : « Je ne m’attendais pas à ce qu’il me balance un tel secret de famille... »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 décembre 2014                      Lien  
Dessiné par Dominique Mermoux et écrit par Julien Frey, "Un Jour il viendra frapper à ta porte" (Shampooing / Delcourt) est un roman graphique de 300 pages qui évoque avec subtilité les interrogations sur la paternité, le lien familial et la transmission entre les générations. Nous avons rencontré son scénariste.
Julien Frey ("Un Jour, il viendra frapper à ta porte") : « Je ne m'attendais pas à ce qu'il me balance un tel secret de famille... »
"Un Jour il viendra frapper à ta porte" de Julien Frey et Dominique Mermoux (Shampooing / Delcourt)

Julien Frey, vous publiez ici votre premier livre. Pour que nos lecteurs fassent connaissance avec vous, expliquez-nous votre background.

Après une licence de cinéma, j’ai travaillé sur des tournages en enchaînant les postes d’assistant. Mais je voulais écrire. J’ai commencé par faire des lectures de scénario pour des chaînes et des producteurs. Puis j’ai eu l’opportunité d’écrire des dessins animés [1].. J’ai travaillé sur une quinzaines de séries avant de me mettre à la bande dessinée.

Vous avez rejoint l’atelier Satellites à Montpellier. Quel est l’intérêt de cette formule de travail ?

Après dix années à écrire dans les cafés et les bibliothèques, j’avais besoin de me poser, d’avoir un vrai bureau. Au quotidien, l’atelier permet aussi de multiplier les échanges, les rencontres (avec Dom par exemple). Et puis voir les autres avancer sur leurs propres projets m’a boosté dans les miens.

"Un Jour il viendra frapper à ta porte" de Julien Frey et Dominique Mermoux
© Delcourt

Comment avez-vous choisi votre dessinateur ?

J’avais remarqué le travail de Dom sans trop savoir exactement quel projet pourrait nous réunir. Mais quand il m’a parlé de la revue Papier et de la thématique du numéro 2 (la famille), je lui ai tout de suite raconté ma première rencontre avec mon père et le secret autour de mon grand-père. Nous avons proposé l’histoire à Lewis Trondheim et à Yannick Lejeune qui nous ont donné leur feu vert. Cette histoire terminée, j’ai eu envie de reprendre mes recherches et d’aller à Jérusalem. J’ignorais ce que j’allais y découvrir et je ne pensais pas qu’il y aurait matière à faire un album.

Comment avez-vous travaillé avec votre éditeur ?

Lewis nous a laissé très libre. Nous nous sommes vus plusieurs fois pour discuter de l’album. C’est l’avantage d’être tous sur Montpellier.

C’est une histoire très personnelle. C’est votre propre paternité qui vous mène à vous interroger sur votre père. Ce n’était pas un sujet avant ?

Si, mais ce n’était pas encore le bon moment pour moi.

Dominique Mermoux et Julien Frey.
Photo : DR © Delcourt

La rencontre avec votre père n’est pas hostile, mais elle est un peu froide. Comment expliquez vous cela ?

Je suis allé le voir sans le prévenir, et sur son lieu de travail. C’était une forme de provocation, une façon de prendre la main. Je ne m’attendais pas a un échange chaleureux. Pour autant, je ne m’attendais pas non plus à ce qu’il me balance un tel secret de famille...

Le rapport à la (sa) judéité vous interpelle-t-elle ? Pour quelles raisons, selon vous ?

Parce qu’on m’a souvent demandé si j’étais juif. J’ai toujours su que mon père l’était. Alors, même si ma mère n’est pas juive, j’ai toujours du mal à répondre à cette question.

Ensuite, vous menez une véritable enquête, jusqu’en Israël. A-t-elle répondu à vos questions ?

Mon voyage en Israël m’a permis de reconstituer le parcours de mon grand-père, du Ghetto de Varsovie à son arrivée à Strasbourg. Un parcours que ses propres enfants ignoraient jusqu’ici. Pour autant certaines questions demeurent. Mais c’est aussi le sujet du livre. Montrer qu’avec le temps et le silence, l’histoire se déforme, et parfois se perd. Comme moi, beaucoup de gens voyagent pour enquêter sur leur histoire familiale. Et il est parfois difficile de ne pas se perdre dans ses recherches. Pour ma part, j’ai appris qu’ il fallait savoir s’arrêter.

Comment avez-vous travaillé avec Dominique Mermoux ? Avait-il une approche différente de la vôtre par rapport à cette histoire ?

Dominique s’est nourri de toutes les photos que j’ai prises en Israël mais aussi celles accumulées pendant mes recherches. Il me montrait ses crayonnés et nous en discutions. Effectivement, son approche de l’histoire était différente de la mienne. C’était tout l’intérêt de travailler à deux sur un sujet aussi personnel. Avoir assez de recul pour éviter tout pathos.

Maintenant que ce livre est fini, l’affaire est close ou une suite est-elle possible ?

Non, pas de suite. Cela ne m’intéresse pas.

Quels sont vos autres projets ?

Je viens de terminer deux histoires courtes. Une pour Papier, une autre pour Citrus. Et j’avance sur l’écriture d’un nouveau roman graphique.

"Un Jour il viendra frapper à ta porte" de Julien Frey et Dominique Mermoux
© Delcourt

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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[1Notamment pour Le Petit Spirou et Les Blagues de Toto. NDLR.

 
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