L’Académie Honnôji, hiérarchisée et élitiste, ne fait pas mystère de son ambition hégémonique sur le Japon. Mené d’une main de fer par la présidente du Conseil des élèves, Satsuki Kiriyûin, l’établissement, autour duquel s’est développé une gigantesque cité, dispense, outre un enseignement standard, des uniformes particuliers aux meilleurs de ses élèves, les uniformes goku, octroyant à ceux qui les endossent des pouvoirs spéciaux.
Ryûko Matoi rejoint Honnôji alors qu’elle cherche à élucider le meurtre de son père et découvre que Satsuki connait certains secrets concernant ce dernier. Débute alors un affrontement titanesque entre les deux jeunes filles prenant pour cadre l’académie, son système, ses élèves et ses mystères.
Complètement décalé et déjanté, introduisant une galerie de personnages particulièrement loufoques et néanmoins charismatiques, KILL la KILL se caractérise par son rythme échevelé, par sa manière de traiter situations, caractérisation et décors de manière hyperbolique, et par sa volonté affichée de s’emparer à bras le corps de la thématique classique des costumes.
Cela donne, d’ores et déjà, une héroïne littéralement possédée par un vêtement qui la dénude plus qu’il ne l’habille, des demi-ciseaux en guise d’épée, des discours étonnants et mystérieux sur le fait de se vêtir et un professeur à tendance exhibitionniste !
Burlesque, à la limite du grotesque, l’univers et l’histoire imaginés par Kazuki Nakashima se révéleront denses et cohérents, associant le rire aux larmes, le comique au tragique, la logique à l’incroyable, le premier degré d’un engagement sans bornes des héroïnes et le second degré souvent absurde de la narration.
L’adaptation manga qu’en propose Ryô Akizuki, pour l’heure d’une stricte fidélité à l’anime, loin d’être indigne, apparaît même globalement correcte. Malgré quelques approximations, surtout dans les personnages secondaires, le character design convient dans l’ensemble et le découpage de l’action fait preuve de fluidité.
Mais il manque ce supplément d’âme qui fait la qualité de la série d’origine. Pour le moment trop sage, et malgré des efforts pour rendre dynamique l’action racontée, le manga ne procure pas cette sensation d’hystérie complète qui émane du travail réalisé par le studio TRIGGER, fondés par d’anciens de Gainax , auteurs de Gurren Lagann, et dont KILL la KILL fut le premier grand chantier autonome.
Plaisant, KILL la KILL version manga peine pour le moment à faire oublier son statut de produit dérivé. Si la lecture s’avère sympathique et rappelle à ceux qui ont vu la série le plaisir du visionnage, elle semble au final quand même assez fade et l’on conseillera plutôt d’aller voir l’anime, bande annonce ici, à ceux que l’univers pourrait tenter.
(par Aurélien Pigeat)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
KILL la KILL T1. Par Ryô Akizuki, sur un scénario par TRIGGER et Kazuki Nakashima et sous la supervision de Kazuki Nakashima. Traduction Thibaud Desbief. Kana. Sortie le 20 mars 2015. 180 pages. 6,85 euros.