Mon Bruno,
c’est quoi ce mystère qui fait qu’on aime les gens à la première rencontre, à la première pogne, au premier sourire en coin mangé de barbe à Père Noël ?
C’est quoi ce phénomène étrange d’être séduit à la première image, au premier humble coup de crayon, à la première atmosphère entrevue ?
Où ça se trouve la classe et l’élégance dans des pays qu’on imagine frileux et cagneux, comment on la déniche la beauté au milieu des cailloux et au bout des quais bétonnés, ça s’écrit comment l’Humanité ?
Comment on peut être d’ici et parler à tout l’ailleurs ?
Comment qu’on grandit sans jamais faire de l’ombre ?
Et comment qu’on va raconter tout ça désormais, à ceux qui vont nous le demander et qui ne t’auront pas connu ?
On t’a pas vu, t’es parti où, putain ? T’es parti où ?
S’il fallait ça pour dire que tu comptais tant pour nous, ben bravo l’Ankou, t’es qu’un sale petit et piètre comptable.
En plus, ça se compte même pas, on est juste un bout de moins qui repousse dès qu’on ouvre un bouquin, même si ça fait mal je vais te dire, même si ça fait un mal de chien Mathurin : on est juste un bout de moins qui oublie qu’il est plus là dès qu’on repense à toi.
Je sais pas où t’es parti, mais je t’embrasse mon Bruno, je t’embrasse plein la barbe, vieux matelot.
Kris
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