Après avoir illustré Blackwood, diptyque consacré aux aventures d’un chasseur de morts-vivants, Kan-J se consacre désormais à Haven, série en trois tomes (dont les deux premiers sont disponibles en librairie), en collaboration avec Jacques Lamontagne.
Exilé de la cité fortifiée de Gaskerr pour avoir subtilisé des médicaments aux castes les plus riches, le jeune Haven, « nettoyeur » de profession (sorte d’éboueur-fossoyeur), est banni et jeté en pâture aux créatures voraces qui vivent dans les douves de la cité. Mais, miracle, Haven réussit à s’enfuir, devenant ainsi le premier membre de sa communauté à explorer le monde extérieur.
Il fait rapidement la connaissance de Tuena, une jeune fille débrouillarde poursuivie par les Lykantes, sortes de loups-garous. Ensemble, ils partiront à la recherche de son père, qui serait esclave des Wollacks, peuple cruel aux étranges pouvoirs surnaturels. En chemin, ils croiseront toutes sortes des créatures fantastiques – paisibles ou dangereuses – et feront des rencontres déterminantes qui leur permettront d’en apprendre davantage sur le passé de Haven.
Vous n’êtes pas illustrateur de formation, qu’est-ce qui vous a amené au dessin et à la bande dessinée ?
Simplement le fait que j’ai toujours aimé lire des bandes dessinées. J’ai toujours été fasciné par le contraste que donne une encre noire sur une feuille blanche.
Vous êtes d’origine belge, vous habitez au Canada, dans la région de la capitale nationale. Pourquoi s’installer au Canada ? Qu’est-ce qui vous attire à Ottawa (plutôt que Montréal ou Québec, par exemple) ?
Là, c’est une question hors BD… Et pourquoi pas ? J’ai toujours aimé le Canada, pour ce que l’on en voyait de l’extérieur (télévision, films, etc.). L’envie d’une nouvelle aventure s’est dessinée très jeune. Pourquoi Ottawa plutôt que Montréal ou Québec ? Au départ, je suis un vrai fan de Montréal, j’aime beaucoup cette ville. Mais Ottawa m’apporte tout ce que je recherchais en tant que vie de famille. Nature, parc, pistes cyclables, qualité de vie, soins, etc. (que l’on trouve partout au Canada). Québec, sans doute que son trop long hiver nous a refroidis…
Vous habitez dans une région majoritairement anglophone. Quels sont vos principaux défis, en tant qu’auteur de bande dessinée francophone ?
Aucun. Travaillant pour l’Europe, je pourrais aussi bien travailler sur une plage à Miami, avec une bonne connexion Internet. Pour le reste, une fois mes 8-10 heures de dessins par jour, les soirées et les week-ends, je les passe à autre chose, en famille. Je suis même assez content du coup, de ne pas faire de festivals etc., pouvoir décrocher de mon travail, ça fait du bien.
Vous êtes un des lauréats de la deuxième édition Concours de bande dessinée Hachette Canada (Histoire d’hiver). Qu’est-ce que cette expérience signifie pour vous ?
Un test, un pas dans l’écriture et dans tout ce que cela peut apprendre. Écrire, découper une histoire, dialogues, le tout en collaboration avec un dessinateur c’est beaucoup plus dur que je ne le pensais. Ça s’est super bien passé avec Mikey. Cette aventure en six planches, c’est en plus une belle opportunité d’essayer sur un court scénario, plutôt que d’embarquer directement sur un 46 planches sans savoir dans quoi on s’embarque…
Vous êtes dessinateur des séries Haven et Blackwood, mais vous êtes aussi le scénariste du récit « Vieux fou » (illustrations de Mikey, Histoires d’hiver, Glénat Québec). À quand un album entièrement illustré et scénarisé par vous ? Est-ce une option qui vous intéresse ou que vous envisagez éventuellement ?
Oui et non, c’est un gros challenge et puis je pense que deux têtes valent mieux qu’une, s’il peut y avoir des échanges et avancer à deux sur une histoire, plutôt que de se planter tout seul.
Comment est née votre collaboration avec Jacques Lamontagne, scénariste de Haven ?
Sortant de Blackwood, j’ai demandé à mon directeur de collection un nouveau projet, il m’a mis en contact avec Jacques (qui m’a dit lors de notre premier échange qu’il ne faisait pas de Fantasy, qu’il n’en avait jamais fait et qu’il n’était pas vraiment super à l’aise dans cet univers). Mon directeur de collection avait dit dans un courriel, « vous habitez tous les deux au Canada, ce sera plus facile pour vous voir »… Ha ha oui, Québec et Ottawa, c’est juste à côté… sur une carte !
Vous publiez chez Soleil. Vous faites beaucoup de fantasy. Qu’est-ce qui vous attire dans cet univers ? Y a-t-il d’autres genres qui vous intéressent ou que vous aimeriez essayer ?
J’ai commencé comme autodidacte, m’essayant sur de la SF punk. J’ai eu mes premières commandes pour un magazine de Fantasy Khimaira et tout s’est enchaîné. Je suis resté avec une étiquette de dessinateur de pin-up fantasy longtemps. Je ne pourrais pas faire le grand écart entre Fantasy et SF, ou réaliste, avec des voitures etc., mais j’aimerais y aller progressivement.
Qui sont vos sources d’inspiration dans votre travail ?
Personne et tous, puis le reste. Bien trop long à expliquer. Mignola, Bisley et Otomo en premières places quand même.
Quels sont vos projets d’avenir ?
Rien encore de signé, où même à l’état d’ébauche. Je croise les doigts et ne dit mot, par superstition.
(par Marianne St-Jacques)
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Image en médaillon : © Kan-J et Soleil