Car notre héros, pauvre manchot ayant rejoint une troupe itinérante de Kugutsu, des danseuses, se révèle rapidement doté d’un étrange pouvoir : de son membre coupé poussent des excroissances animales qui le transforment plus ou moins complètement en véritable chimère. Et il ne semble pas le seul à pouvoir ainsi se métamorphoser. Ce qui permet à une structure narrative du type de l’enquête de se déployer dans un premier temps, Kokemaru se voyant soupçonné des crimes commis à Kamakura.
Mais au-delà de cette base finalement classique - un héros doté d’un pouvoir surnaturel, qui plus est missionné pour protéger un personnage féminin - Kedamame se distingue par plusieurs éléments intéressants.
Le premier d’entre eux tient au contexte historique choisi. Le shogunat de Kamakura, au XIIIe siècle, offre un cadre original, notamment sur le plan social, culturel et politique, puisque se jouent alors des tensions entre le pouvoir assuré par le Shogun et les lignées impériales pourchassées. D’ailleurs, travail éditorial pertinent et précieux, plusieurs notes discrètes mais décisives accompagnent la lecture et permettent de correctement appréhender ce contexte historique.
Autre qualité remarquable, le dessin de Yukio Tamai. Si les visages demeurent un peu passe-partout, un véritable soin est apporté aux corps - beautés féminines ou monstruosité masculine - et aux décors, le plus souvent détaillés avec minutie. À cela s’ajoute un travail sur l’ambiance avec des jeux de contrastes efficaces.
Reste pour le moment une histoire qui pêche par manque d’originalité. Le premier volume peut faire office d’introduction. Mais comme la série ne fait que quatre tomes, il lui faudra développer son propos avec énergie et trouver véritablement quelque chose à nous raconter.
(par Aurélien Pigeat)
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Kedamame T1. Par Yukio Tamai. Traduction Yohan Leclerc. Glénat Manga, collection Seinen. Sortie le 7 février 2018. 224 pages. 7,60 euros.