Ki et Hi T3 - Par Kevin Tran et Fanny Antigny - Michel Lafon

C’est un phénomène, débuté fin 2016, à côté duquel nous étions passés. Et qui fit pourtant un tabac l’année dernière - des tirages au-dessus de 200 000 exemplaires - au point de créer l’événement avec cette sortie du troisième volume juste avant la Japan Expo. C’est que finalement Ki & Hi comble un manque évident et s’appuie sur une tendance résolument moderne pour se créer un lectorat.

Le manque, c’est celui du manga comique. La bande dessinée humoristique, franco-belge, nous connaissons bien. Mais force est de constater que son public n’est plus celui des jeunes, des enfants, hormis quelques exceptions comme Imbattable. À côté de cela, le manga constitue le format bande dessinée plébiscité par ce lectorat. Mais sans succès du côté des gag mangas, malgré quelques perles comme Sket Dance, du fait de la transposition difficile, d’une culture à l’autre, de l’humour.

Et voilà donc le créneau dont s’empare Ki & Hi : des codes et une dynamique empruntés au manga, à même de séduire les enfants, et un humour et des références qui leur parlent également directement puisque ses deux auteurs sont... français ! Une synthèse aboutie, et diablement efficace.

Ajoutons à cela la notoriété du scénariste, Kevin Tran, connu en tant que Youtuber. Co-auteur, avec son frère, de la chaine Le Rire jaune, qui compte 4,4 millions d’abonnés, Kevin Tran se lance dans le manga avec une communauté derrière lui. Une communauté déjà sensible à son humour, très réceptive à la culture manga et donc susceptible de le suivre sur cet autre medium. D’ailleurs, la vidéo présentant la sortie du tome 3 de Ki & Hi dépasse les 1,2 million de vues.

Alors, que raconte Ki & Hi ? L’histoire nous situe dans un pays imaginaire aussi schématique que chromatique. Un pays, fait d’îles reliées entre elles, chacune caractérisée par une couleur et des valeurs qui lui sont associées : village vert qui se soucie de la nature, le rouge composé de guerriers, le bleu dévolu à la science et le jaune, plus petit mais central, lié au divertissement et à la culture.

C’est de ce dernier dont viennent nos héros éponymes, deux frères par lesquels nous découvrons les différents aspects, souvent loufoques, de cet univers. Il y a quelque chose du premier Dragon Ball ou de Ranma 1/2 dans Ki & Hi. De l’action, des situations qui virent rapidement à l’absurde et un dessin rond mais pêchu de Fanny Antigny : voilà les bases d’une écriture et d’un graphisme qui visent à faire mouche toutes les trois cases par un humour protéiforme (jeux de mots, références, personnages...)

Et ça fonctionne parfaitement. C’est bien simple, la série est devenue la star auprès du lecteur de 8 ans maison. Parce que « c’est très drôle, le pays est en forme de panda, il y a des personnages animaux et ce sont de petites histoires séparées et pas une grande histoire » nous confirme l’intéressé. Et pour avoir constaté tout au long de l’année l’engouement suscité par la série auprès des camarades de classe dudit lecteur, avec des volumes offerts d’anniversaire en anniversaire, il est évident qu’il se passe quelque chose avec cette bande dessinée.

Et le tome 3 devrait confirmer la tendance. Le thème des jeux olympiques fournit son lot de situations amusantes, on a droit à quelques révélations sur le Royaume des couleurs et les personnages s’avèrent toujours aussi hilarants. Plus que sympathique et dans l’air du temps, Ki & Hi constitue une jolie réussite qui concilie jeune lectorat, humour et manga.