Naïm, gamin des rues de Kililana, roublard au cœur tendre, traîne sa bosse le long des quais. Günter, capitaine d’un navire, contrebandier « accidentel », négocie sa remise de peine avec les gardes-côtes kenyans. Jean-Phi, expat’ néocolonial, cocaïnomane exalté, boit du champagne en peaufinant ses projets immobiliers. Trois destins, autant de fils qui vont s’entremêler. Mais à travers ces trois personnages, ce sont avant tout trois visions de l’Afrique qui se télescopent. Gouaille, liberté rêvée ou mesquinerie, à chacun son cap…
Après avoir brillamment dessiné deux scénarios de Christophe Dabitch (« La Ligne de fuite » en 2007, « Mauvais garçons » en 2009), Benjamin Flao a décidé de s’attaquer à sa première bande dessinée en solitaire. Pour réaliser ce projet, Flao est revenu à ses fondamentaux : les voyages. C’est en effet par ce biais qu’il s’était fait remarquer au début des années 2000 en signant deux carnets de voyage virtuoses, en Sibérie et en Erythrée. Fort de sa connaissance approfondie de l’Afrique de l’Est, l’auteur a joint les préoccupations contemporaines et les croyances ancestrales du continent. Et si le patchwork de l’intrigue est encore un peu confus dans ce premier volet, « Kililana Song » compte son lot de personnages extrêmement bien campés. Cette fine observation des mœurs donne à l’histoire justesse et réalisme.
Dessinateur de grand talent, Benjamin Flao n’est pas tombé dans le piège du « beau » pour ses débuts de scénariste. Son album montre avant tout qu’il connaît bien son sujet et qu’il a les outils pour le partager dans toute sa complexité. De bonnes dispositions à suivre avec le second volume à paraître dans quelques mois.
(par Morgan Di Salvia)
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A propos de Benjamin Flao, sur ActuaBD :
> « Il y a une forme de musique dans le simple fait de mettre un trait noir au milieu d’une page blanche ». (Entretien en novembre 2009)
> Angoulême 2011 : Heavy Trash, Baru, Chauzy et Flao ont enflammé le théâtre d’Angoulême
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