Malheureux sur le plan affectif, Dylan décide de mettre fin à son existence en sautant dans le vide. Sauf que ; même à ce jeu-là, c’est un échec cuisant. La suite pour Dylan n’est qu’un amas d’interrogations : est-il un miraculé, doit-il se sentir béni par cette seconde chance ?... Fort vite, des réponses, il va en obtenir : pour s’amender, le démon qui résonne dans sa tête lui propose un marché : une vie pour une vie, et dés lors, chaque mois il devra tuer, tuer encore pour rester en vie !
Au scénario, Ed Brubaker compose une ambiance riche en rebondissements jouant pleinement sur les émotions, et crédible dans sa dimension humaine. Un héros suicidaire qui, par la force des choses, ou plutôt par un pacte démoniaque, se retrouve à jouer les justiciers et se créer ainsi un réel but existentiel. Dylan, jeune homme fébrile se voit désormais pousser des ailes, rallier à une cause malgré sa condition d’assassin. La trame mise en place par Ed Brubaker brille une fois encore. Sans excès de bavardage, ni redondance, sans action inutile.
Aux commandes de la partie graphique, nous retrouvons un dessinateur talentueux, Sean Phillips. Précis et réaliste, principalement aux niveaux des décors, il sait donner vie aux protagonistes et nous emmener jusqu’au bout de cette expérience psychologique. À plus d’une reprise, il s’est déjà associé à Ed Brubaker : Notons entre autres, récemment, le formidable Fondu au Noir mêlant corruption et trahison dans l’univers hollywoodien, à l’instar de Fatale et Criminal, deux séries monuments du polar contemporain. Ces deux auteurs fonctionnent à l’unisson, et surprennent le lecteur tant par leurs idées ingénieuses que par une qualité graphique exemplaire.
La gouache apportée par Elizabeth Breitweiser n’est pas en reste, et donne une réelle dimension au travail finalisé. La noirceur qui domine dans ces pages évoque les ténèbres dans lesquelles évolue notre héros. Aussi sombre que soit ce récit, une forme d’énergie bienveillante s’en dégage. Enfin, et non des moindres, nous avons droit à une couverture qui, avec peu de moyens, parle beaucoup d’elle.
Kill or be Killed démarre en force et vous tiendra en haleine tout au long de la lecture. Lorsque le polar s’affiche avec un tel visage, on en redemande !
(par Marc Vandermeer)
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Kill or be Killed T1. Scénario : Ed Brubaker. Dessin : Sean Phillips. Editeur : Delcourt Comics. Coloriste : Elizabeth Breitweiser. 128 pages. Sortie : le 24 janvier 2018. Prix : 16,50 euros.
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