Gyorgi Owens, dit "le tueur des hôpitaux", a été reconnu coupable de trente-quatre homicides, et condamné à la perpétuité. Il prétend n’avoir tué que pour aider ses victimes dans leurs dernières volontés.
La journaliste Isabelle Bauffays tente de démêler l’affaire pour un article. Elle bénéficie des autorisations de Sam Justice, inspecteur de police, à condition qu’elle fasse parler Owens de son dernier meurtre, la victime intéressant particulièrement la police.
Mais au fil de ses entretiens avec le tueur, la journaliste découvre des failles dans ses récits, qui parfois ne coïncident pas avec les rapports de police.
Les couleurs d’Homeros Gilani (les 25 premières pages), puis de Stéphane Richard (les suivantes), sur un dessin de Chris Evenhuis sont désaturées : même en plein jour, l’atmosphère est pesante, le ciel est étouffant. Bienvenue dans un univers sombre qui ne laisse aucune place à l’espoir. L’utilisation de textures granuleuses et de hachures spontanées pour densifier l’atmosphère, finissent de plonger le lecteur dans une ambiance poisseuse, dans le sillage d’un tueur en série, à travers le monde des suicidaires et des hôpitaux.
Dans cet album One Shot, pas d’esbrouffe ni d’effets de style. Le découpage accentue le classicisme de ce polar, n’en fait pas des tonnes dans le surcadrage, privilégiant l’histoire. La seule fantaisie réside dans la variation des traitements graphiques, notamment à travers une parenthèse qui revient à intervalles réguliers, sur deux vieux messieurs dans un hôpital. Les révélations finales apprendront au lecteur qu’ils ont un lien avec le reste de l’intrigue.
Le scénario de Kid Toussaint, constitué de multiples retours en arrières, est un véritable puzzle qui s’assemble progressivement par bribes. Des bouts de dialogue du récit d’Owens, renvoient parfois à des situations ou des personnages plusieurs pages plus tard, mais se déroulant des années auparavant.
Le scénariste prend plaisir à brouille les pistes : à l’instar des meilleures intrigues policières à tiroir, aucun personnage n’est ce qu’il prétend être. Les amateurs d’histoires très denses prendront assurément leur pied, ce Killing Time nécessitant bien sûr d’être relu une fois toutes les clés en main.
(par Thomas Berthelon)
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