Énoncé ainsi, le pitch de Kurogane Girl apparaît totalement improbable. Ce que, d’une certaine manière, confirme l’intrigue déployée tout au long des deux volumes du manga : globalement débridée et souvent loufoque. Le tout est porté par un dessin doux, dynamique et particulièrement malléable, capable de verser tout autant dans les emphases “shojoïsantes” propres à la romance que dans la pure comédie ou les affrontements de robots géants.
Car l’œuvre de Kokoro Natsume possède ceci de particulier qu’elle ouvre des perspectives très diverses. On y trouve ainsi une histoire d’amour, une amorce d’intrigue sociale et économique avec les soucis industriels qui séparent les personnages entre maison-mère et sous-traitants, une thématique militaire qui pose un certain nombre de questions dans ce contexte particulier de crise et, enfin, une action prenant forme à travers des combats de mecha.
Sans oublier une tonalité comique véhiculée par la mascotte qu’est Paka l’alpaga.
Il y a, nécessairement, un petit côté brouillon qui émane de ce patchwork, notamment du fait de la brièveté de la série et des ellipses que le format impose. Du coup quelques légères maladresses s’insinuent dans ce traitement, rapide, du motif de la guerre. Mais la caractérisation des héros, l’aspect atypique de ce récit et la dimension jubilatoire qui se dégage de l’ensemble confèrent à Kurogane Girl un intérêt indéniable.
Une excellente surprise en somme, pas exempte de défauts, mais bourrée de qualités, non seulement distrayante mais aussi saisissante.
(par Aurélien Pigeat)
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Kurogane Girl & the Alpaca Prince T1 & T2. Par Kokoro Natsume. Traduction Julie Gerriet. Soleil Manga collection "Gothic". Sortie le 19 mars 2014. 192 pages. 7,99 euros.