Idéal Standard a été l’un des albums marquants de l’année 2017 et nous avions dit à sa publication tout le bien que nous en pensions. Quelques mois plus tard, voici que sort, toujours chez Dargaud, un nouvel album d’Aude Picault.
Si vous espériez une nouvelle œuvre dense, ambitieuse, vous en serez pour vos frais. En effet, il ne s’agit pas d’un seul récit mais d’une succession de petites histoires. Aude Picault a en effet publié pendant près de deux ans dans le supplément week-end de Libération une chronique intitulée L’air de rien. Cet ensemble de strips, ici réuni en un seul album, est d’un intérêt très inégal et globalement moins abouti qu’Idéal Standard.
Certains sont très bien sentis, avec un sens de l’observation très fin dont le ton doux-amer rappelle celui de Sempé, quand d’autres sont moins percutants. Une maman envoie ses vœux de bonne année à son fils en pleine gueule de bois, une fille écoute les conseils de ses copines (« ne jamais laisser un mec s’imaginer être un dieu du cul ») qui s’avèrent catastrophiques et froissent son compagnon, etc. La vie du trentenaire parisien, et surtout de la trentenaire inquiète, donnent lieu à de nombreuses remarques, pleines d’autodérision et de féminisme amusé.
Alternent des saynètes composées de deux strips et de grands dessins en pleine page, plus contemplatifs. On sent d’ailleurs l’influence de Sempé non seulement sur la tendresse ou l’aspect décalé des situations décrites, mais également sur le travail graphique de la dessinatrice, qui joue sur la bichromie, lui permettant de donner des ambiances très évocatrices de manière très simple, épurée et réussie. Cette mise en couleurs apporte énormément par rapport à la publication dans la presse, initialement en noir et blanc. On attend malgré tout un nouvel album plus cohérent d’Aude Picault, qui a laissé la barre assez haut avec son dernier opus.
(par Tristan MARTINE)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.