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L’Empire des Hauts murs - Simon Hureau - Éditions Delcourt

Par François Peneaud le 14 février 2006                      Lien  
Un ensemble immobilier abandonné, des enfants qui se bâtissent un fragile empire, et un premier album couleur pour Simon Hureau, qui donne à lire une histoire douce-amère.

En ce début de vacances d’été, Matéo et son jeune frère Didi ne se doutent pas qu’ils vont faire une découverte qui va les marquer pour longtemps : en pleine ville, une grande baraque laissée à l’abandon éveille leur sens de l’aventure... mais ils ne sont pas les premiers à y poser le pied, et leur rencontre avec le groupe de jeunes qui a pris possession des lieux est un peu tendue. Toutes les sociétés secrètes ont leur rite d’initiation, et celle-ci n’y fait pas exception. Elles ont aussi le plus souvent un chef charismatique, et Princesse, une adolescente au caractère bien trempé, remplit parfaitement son rôle.
Mais si cet Empire des Hauts Murs (ou aux Mille Fenêtres, suivant quel personnage en parle) conserve aux yeux de ses jeunes habitants une magie indéniable, les fonctionnaires en costumes qui tournent autour ont eux aussi des vues sur l’édifice, ou du moins sur le terrain sur lequel il est bâti.

Dans ses précédents albums [1], tous deux chez Ego comme X), Simon Hureau nous avait habitués à une vision sans concession (mais non sans humour, parfois noir) de la vie et de ses difficultés. Ici, la capacité des enfants et des adolescents à transmuter la réalité est mise en scène de belle façon, dans une histoire pourtant sans éléments fantastiques. Car ce conte urbain n’est pas sans rappeler les aventures de Peter Pan et de ses Garçons Perdus, cette fois-si opposés au principe de réalité que représenteraient les vautours en costume-cravate qui encerclent le bâtiment, et semblent bien décidés à dépecer les restes de l’immense résidence. Peter Pan a beau refuser de quitter l’enfance, les Mille Fenêtres ne peuvent continuer pour toujours à contempler la ville extérieure...

L’auteur passe également à la couleur pour la première fois, et s’en tire fort bien. Son dessin très lisible, qui donne aussi bien vie aux jeunes visages encore un peu naïfs qu’aux vieilles faces ridées des voisins qui ont connu les jours fastes de ces Hauts Murs, est mis en valeur par des couleurs chaudes, à mi-chemin entre l’été que vivent Matéo et ses amis, et l’automne qui suivra la fin de l’album, période souvent moins joyeuse et propice aux retours sur les passés perdus.

L’Empire des Hauts Murs peut apparaître au premier regard comme un album léger. Pourtant, Simon Hureau y développe mine de rien des thèmes qui devraient toucher chacun d’entre nous, que ce soit les illusions de jeunesse ou la résignation face au temps qui passe.

(par François Peneaud)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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