BD d’Asie

L’Envol - Zhang Xiaoyu - Xiao Pan

Par François Peneaud le 18 avril 2006                      Lien  
Des enfants hors normes et leurs difficultés d'adaptation, tel est le fil rouge de ce recueil de deux nouvelles aussi différentes que réussies.

Les BD chinoises sont-elles nombreuses à aborder la révolution culturelle et ses conséquences humaines ? Nous serions bien en peine de répondre à cette question [1]. Nous sommes en revanche enchanté de découvrir le travail de Zhang Xiaoyu, qui dans le premier récit nous fait découvrir Qiao Zhengfei, fils d’un ingénieur chinois victime de la répression maoïste.

L'Envol - Zhang Xiaoyu - Xiao Pan

Le garçon fait montre d’un réel talent de bricoleur, et rêve d’arriver un jour à voler, à l’instar de son père qui travaillait dans l’aéronautique. L’une des très bonnes idées de l’auteur est d’avoir fait raconter son histoire par un copain de Qiao en admiration devant les inventions du garçon. Un autre point fort est la façon dont sont mêlées la grande histoire du pays et la petite de ces gens qui ont survécu (ou pas) aux chambardements politiques qui les dépassaient. Qiao paie encore le prix de la mort de son père, et son amitié exclusive avec le narrateur rend poignante son envie de réaliser ses rêves.

Le deuxième histoire, bien que fantastique, a de nombreux points communs avec la première : Timi raconte la vie d’un garçon de la préhistoire arraché à son temps par une expérience du futur, et la façon dont une jeune scientifique désignée pour s’occuper de lui va s’attacher à celui que beaucoup voient comme un petit animal [2]. En montrant combien le physique du garçon (qui sous le crayon du dessinateur ressemble plus à un extraterrestre qu’à un enfant de l’âge de pierre) influence la perception qu’en ont les humains, Zhang ramène à un questionnement fondamental : l’empathie est-elle fonction du rapprochement que l’on s’autorise avec autrui ? Si la fiction prend la forme d’une opposition assez simple entre les scientifiques obsédés par leurs expériences et prêts à tout y sacrifier, d’un côté, et le développement de l’instinct maternel et protecteur de la jeune femme, d’un autre, il n’empêche que chacun pourra y trouver matière à réflexion.

Il faut aussi dire combien le travail graphique de l’auteur est remarquable : son dessin est plus rond sur la première histoire, et plus anguleux sur la deuxième (ce qui convient bien à l’atmosphère plus froide de science-fiction), mais partout surgit ce modelé des visages qui leur apporte un réalisme qui n’est jamais au détriment de l’expressivité. Le dessin de Zhang est d’un niveau technique assez impressionnant, que ce soit sur les corps humains ou sur les décors.

L’Envol est donc encore une fois un excellent choix de la part des éditions Xiao Pan. Espérons que nous découvrirons rapidement d’autres facettes du talent de cet auteur.

(par François Peneaud)

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[1On peut signaler la sortie prochaine chez le même éditeur d’un album abordant cette période.

[2Il s’agit de l’adaptation d’une nouvelle de Isaac Asimov publiée à l’origine en 1958 et reprise par l’écrivain sous forme de roman au début des années 90, en collaboration avec Robert Silverberg.

 
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