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L’Epervier, Tirage de luxe du T. 9 : Coulez la Méduse ! - Par Patrice Pellerin - BD Must

Par Charles-Louis Detournay le 13 février 2016                      Lien  
Profitons de la sortie d'une édition de luxe à tirage limité de l’un des fleurons de la bande dessinée historique, "L’Épervier" de Patrice Pellerin, pour donner un coup de projecteur sur cet aspect de l’édition plus confidentiel, mais ô combien qualitatif !

Si un auteur se livre déjà tout entier dans son œuvre, c’est encore plus vrai dans la version luxe de son album toujours agrémentée d’un dossier truffé de documents inédits. C’est en tout cas la philosophie que BD Must et Patrice Pellerin ont adoptée dans les trois « tirages de têtes » des albums publiés aux éditions Quadrants puis Soleil.

La récente publication du tirage de tête du neuvième album de la série, Coulez la Méduse ! nous donne l’occasion d’explorer en détail cette collaboration entre cet auteur très minutieux et un éditeur qui ne l’est pas moins, ayant réalisé plus de cents tirages de luxe sur près de vingt ans.

Bien entendu, notre œil est tout d’abord attiré par les pages en noir et blanc de l’album, dont le tirage grand format permet d’apprécier tous les détails. Il est impressionnant de constater la large palette de techniques utilisées par Pellerin dans le dessin, selon l’effet qu’il désire souligner : la finesse des décors et des paysages, la force des aplats noirs de certaines scènes d’angoisse ou de nuit, la légèreté dans le dessin des drisses qui apporte réalisme et équilibre à ces vaisseaux minutieusement reconstitués, sans oublier les contrastes entre les visages burinés des marins et la grâce du visage des héros.

L'Epervier, Tirage de luxe du T. 9 : Coulez la Méduse ! - Par Patrice Pellerin - BD Must
Le noir et blanc permet d’admirer la finesse du trait de Patrice Pellerin
TT9 : Coulez la méduse ! (BD Must)
La sérigraphie qui accompagne ce tirage

On retrouve cet équilibre entre minutie et précision dans la grande sérigraphie signée qui accompagne ce tirage de tête. Bien que les thèmes en soient peu révolutionnaires, que cela soit pour les sérigraphies ou les couvertures de ces tirages de luxe, il faut reconnaître qu’elles sont toujours particulièrement réussies. La couleur directe de la couverture, en particulier, est remarquable et justifie l’agrandissement que l’on retrouve au quatrième plat.

Outre les grandes pages en noir et blanc, le dossier introductif se révèle un véritable trésor pour les amateurs d’Histoire et de bande dessinée ! Pellerin y dévoile tout d’abord les photos et les plans d’une maquette de « La Renommée », la frégate qui sert de modèle à « La Méduse » de L’Épervier. Sur base de crayonnés et des planches finales, on comprend mieux comment l’auteur parvient à si bien retranscrire ses décors avec sa luxuriance de détails authentiques.

Les dossiers fourmillent de crayonnés et d’études diverses
TT 8 de l’Epervier (BD Must)

L’intérêt ne faiblit pas quand sont évoqués les lieux historiques de l’action : l’arsenal de Rochefort et la forteresse de Louisbourg. Pellerin dévoile les photos qu’il a lui-même prises sur ces sites, les cartes et gravures d’époque qui l’ont inspiré, ainsi que les dessins -de l’esquisse au résultat final- qu’ils a réalisés lors de la gestation de l’album.

Ce développement à propos de la forteresse de Louisbourg aurait d’ailleurs gagné à être présenté sur une double-page à l’instar de celui de l’arsenal, mais il fallait hélas ménager de la place pour les grandes illustrations (affiches, ex-libris...) inédites en album que Pellerin avait réalisés pour les affiches de divers festivals, pour lesquelles ce genre d’édiiton luxueuse constitue un merveilleux écrin. On a aimé en particulier celle réalisée pour l’exposition à la collégiale Saint-Martin d’Angers en 2013 digne, selon nous, d’un musée !

Dans chaque dossier, des photographies contextualisent les reconstitutions de Patrice Pellerin
TT 8 de l’Epervier (BD Must)

Le cahier d’esquisses et illustrations présente également des crayonnés de différentes scènes, notamment les plus dramatiques. Pellerin y perfectionne ses cadrages afin de renforcer l’atmosphère de ses séquences. Fidèle à son sens du détail, Pellerin y annote la hauteur des meubles, l’orientation des façades pour imaginer comment l’ombre va se projeter à telle heure de la journée, ainsi que la position de chacune des pièces. Cette vue plongeante sur le processus créatif dépasse largement le cadre de la simple reconstitution historique pour nous donner à voir le travail consciencieux d’un auteur qui a su saisir l’esprit de l’époque avec une perfection inouïe.

Que l’on soit amateur de Pellerin ou simplement intéressé par la technique du dessin, ces tirages de luxe constituent un fabuleux écrin qui témoigne des trésors de patience et de travail qu’un auteur consacre à son œuvre.

TT8 de l’Epervier (BD Must) : Patrice Pellein, dans son atelier, au Finistère (2007)
On reconnait derrière lui des reproductions de sculptures, de personnages d’époque, de Gustav Klimt, de Juillard et de Giraud

(par Charles-Louis Detournay)

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