Rescapé du passage des Hébreux à travers la Mer Rouge, moment-phare du volume précédent digne de certaines productions hollywoodiennes, Yona n’en a évidemment pas terminé avec ses péripéties antiques et humoristiques sur fond d’Histoire Sainte.
Dans ce quatrième (et dernier !) volet de L’Exode, nous retrouvons notre truculent Égyptien face à Moïse et ses obligations bibliques : traversée et errance (pendant 40 jours) dans le désert, épisodes du veau d’or et des Tables de la Loi etc…
Notre héros, en route malgré lui vers la Terre Promise, a bien du mal à retrouver la belle Libi. Entre-temps, celle qu’il considère comme sa énième épouse s’est entichée d’un jeune hébreu autrement plus séduisant que notre turbulent Égyptien. L’une de ses femmes (la plus vieille) le rattrape sur le chemin, ce qui évidemment ne va pas simplifier les choses. Il faudra attendre les dernières pages de ce volume pour s’apercevoir que Yona finit tout de même par trouver la sérénité et le repos (éternel !), mais pas forcément comme on pouvait s’y attendre !
À l’image des précédents épisodes, David Ratte nous invite à revisiter les grands événements de la légende biblique, toile de fond des mésaventures de Yona, lointain ascendant de Jonas, le héros du Voyage des Pères, cycle précédent. Le choix de l’auteur, qui est de nous faire lire cette histoire à travers les yeux d’un personnage insupportable, teigneux et pas toujours sympathique, reste la marque de fabrique d’une série originale et déjà fort remarquée. On devine déjà d’autres prolongements pour ce qui d’ores et déjà s’apparente à une collection à succès.
Prenant garde de tomber dans la catéchèse pédagogique ou la caricature facile, l’auteur restitue les principaux événements du Premier Testament, à « hauteur d’homme », ayant recours aux différents registres de la parodie et du burlesque.
Les personnages, s’ils sont parfois outranciers (Yona notamment) ou modernisés (à travers le langage et certaines expressions très contemporaines), n’en demeurent pas moins crédibles parce que justement éminemment naturels. Nourris de leurs contractions, de leurs passions ou de leurs pulsions, ils s’apparentent davantage à des personnages authentiques qu’à des icônes déshumanisées. C’est là la force principale et l’originalité de ce récit.
On regrettera la fin « un peu expédiée » de ce cycle , notamment en ce qui concerne les épisodes bibliques emblématiques comme la scène du veau d’or ou celle des Tables de la Loi dont on aurait pu espérer un traitement plus généreux. Ne boudons pas toutefois notre plaisir devant un album toujours aussi techniquement réussi : le graphisme de David Ratte et la mise en couleurs assurée par Myriam Lavialle restant d’une belle efficacité.
(par Patrice Gentilhomme)
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