Pas né sous les meilleurs auspices (un père mort à la guerre), Craig Pressgang a au moins une qualité indéniable : il est très grand. Au début, cette taille supérieure créé l’étonnement, l’admiration... jusqu’au moment ou le jeune garçon dépasse tous les records connus. Sa vie devient une attraction mondiale, ses études, son quotidien sont suivis par tout le pays. Et si Craig trouve quand même une petite (c’est le cas de le dire) amie, sa mère s’éloigne de lui. Tout cela pourrait rester supportable, avec un bon métier comme celui que propose discrètement la CIA, mais Craig continue de grandir, et se révèle assez fragile physiquement.
Un fond de page sépia, une narration sensible et très littéraire : L’histoire secrète du géant possède une patte classique qui va bien à cet album . Avec des insertions régulières dans le récit (bribes d’interviews, publicités, documents), ce vertigineux roman graphique avance avec élégance.
L’histoire devient particulièrement poignante au moment où Craig décide de fuir la civilisation, errant d’un paysage sauvage à l’autre, avec l’immensité comme objectif. Le fantastique du thème croise une inspiration poétique nimbée de mélancolie existentielle.
Raconté en voix off par la fille du héros, à la recherche de son père, ce bel album a tout d’un conte universel.
Sachez enfin qu’une adaptation au cinéma est dans les cartons, signée Dustin Lance Black, auteur du scénario de Harvey Milk.
(par David TAUGIS)
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