Surprise quand même : Le Norvégien Jason ne nous avait pas habitués à travailler avec un scénariste. Découvert en France par l’éditeur suisse Atrabile, révélé par Carabas, on est aussi surpris de le découvrir chez Glénat. On l’aurait tout aussi bien vu dans la collection Poisson Pilote. Comme quoi, les frontières entre les éditeurs ne sont pas intangibles, et c’est tant mieux, car c’est mon sentiment : plus un auteur a d’éditeurs, mieux il se portera.
Si vous ne connaissez pas encore Jason, on peut dire qu’il est dans la mouvance d’un Lewis Trondheim : un humour cérébral fait de sagacité et d’une grande intelligence narrative qui se joue des codes de la BD avec délectation. On y retrouve l’anthropomorphisme propre à l’auteur des Carottes de Patagonie.
Chez Jason, il y a une dimension davantage contemplative faite d’étrangeté, d’une sorte de froideur inquiétante et en même temps familière et rassurante, comme un paysage d’hiver à moins trente.
Ces ambiances collent parfaitement à l’esprit de Fabien Vehlmann, sorte de Jean Anouilh de la BD qui, campe ici une manière de remix d’Antigone, de L’Ile au Trésor de Stevenson et de Robinson Crusoé de Defoë servi avec cet humour noir qu’on lui connait dans Green Manor.
Une petite merveille enluminée par les couleurs d’Hubert.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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