Bien qu’ayant débuté sa carrière en 1986 Kenji Tsuruta n’est pas un auteur très prolifique et a été peu publié en France en dehors de son plus grand succès, Spirit of Wonder (1 tome), et de Forget-me-not (1 tome), tous deux parus chez Casterman en 1999 et en 2004.
Plus de dix ans après ces dernières publications ce sont donc les éditions Ki-oon qui relancent l’auteur avec deux titres : Souvenirs d’Emanon, à paraître prochainement, et L’île errante qui nous intéresse aujourd’hui.
Parue en 2010 dans le magazine Afternoon, mensuel de type seinen [1] publié par Kôdansha, l’histoire suit Mikura Amelia, jeune pilote qui s’occupe des livraisons entre les îles éloignées de la préfecture de Tokyo.
Après le décès de son grand-père qui lui a tout appris, elle découvre dans ses affaires une pile de carnets de notes et un courrier adressé à une certaine Mme Amelia, sur l’île d’Electriciteit. Sauf que cette île n’existe sur aucune carte !
Objet de rumeurs et de contes parmi les pêcheurs de la région, il s’agirait d’une île mouvante que certains ont passé leur vie entière à rechercher. Suite à un incident Mikura va elle aussi se mettre à se passionner pour cette fameuse île et consacrer tout son temps à sa recherche !
C’est un immense plaisir de retrouver le trait fin de Kenji Tsuruta et ses décors fourmillant de détails ! Comme à son habitude, le mangaka construit son récit autour d’un personnage féminin fort dans une ambiance étrangement mélancolique et lancinante où la réalité, et en particulier les machines, se mêle à la fantaisie.
Il faudra tout de même apprécier les ambiances contemplatives et les longues séquences muettes ou presque durant lesquelles Mikura réfléchit sur ses cartes chez elle ou vole en avion, que ce soit pour travailler ou rechercher la fameuse île.
Peu d’actions ou de péripéties sont au programme : Le récit se concentre sur la dimension mystérieuse et illusoire de la quête de la jeune fille, sur ses états d’âme qui finissent par l’isoler, ne pensant et ne vivant plus que pour sa quête.
A contrario, le lecteur pourra admirer durant ces longs moments les courbes parfaites de Mikura étant donné qu’elle s’habille généralement d’un haut de maillot de bain, quand ce n’est pas d’un maillot de bain tout court !
Dans tous les cas un album très beau et très envoûtant qui ravira les amateurs de Kenji Tsuruta et de récits contemplatifs à la frontière du réel et du merveilleux.
(par Guillaume Boutet)
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