C’est autour d’une bière à Angoulême qu’est né L’0stie d’chat, les deux auteures ayant envie de créer un blog-feuilleton à quatre mains inspiré de l’aventure Chicou-chicou.
En mars 2009, les premières planches sont publiées. Au départ, la formule est simple : Iris met en scène le personnage de Jasmin tandis que Zviane s’occupe de son comparse Jean-Sébastien. Les auteures aiment alors se laisser des « pièges » scénaristiques tout en multipliant les rebondissements, les retournements de situations et les « à suivre ». Mais rapidement, l’histoire se complexifie et les personnages se développent. Le lecteur a désormais droit à un feuilleton étoffé, rempli de vécu, d’humour et de moments touchants. Avec la publication de l’épilogue en date du 29 septembre 2011, L’Ostie d’chat cumule de total de 500 pages, qui seront publiées en trois tomes aux éditions Delcourt (dans la collection Shampoing dirigée par Lewis Trondheim).
À Montréal, Jasmin Bourvill et Jean-Sébastien Manolli – deux amis dans la vingtaine – se partagent la garde de Legolas, un chat particulièrement bête et laid dont ils ont hérité à la mort de son propriétaire, un ancien colocataire de Jasmin. Amis d’enfance, J-S (un informaticien qui tient le rôle de séducteur) et Jasmin (un musicien qui tient le rôle du « bon gars ») se disputent souvent au sujet des femmes (ils ont l’habitude de se voler leurs copines). L’album débute d’ailleurs alors que Jean-Sébastien vient déposer l’animal chez Jasmin après s’en être servi pour charmer une fille. La garde de Legolas sert alors de prétexte pour raconter leurs amours, leurs problèmes d’argent, leur passé, leurs histoires de famille et leurs revers professionnels.
Jean-Sébastien est au chômage depuis qu’il est revenu s’installer à Montréal. Dragueur invétéré, ses talents de cuisiner lui permettent souvent d’attirer les femmes dans son lit. Fils d’immigrants italiens, celui-ci a grandi dans une maison où l’autorité paternelle écrasante compose mal avec les problèmes de santé mentale de certains membres de la famille.
Jasmin est claviériste dans un groupe de « grunge » sans avenir, jusqu’au jour où la chance lui permet de croire au succès. C’est au secondaire qu’il fait la rencontre de J-S, qui accepte de partager son casier avec lui. À nos deux héros s’ajoutent une foule de personnages secondaires : Maude (l’amie indéfectible), Julie (l’ex de Jasmin), Claire (la femme désirée) et même Natasha Savage (la « salope »).
Les auteures affirment avoir eu beaucoup de plaisir à créer leur ouvrage et cela se reflète à la lecture. Le scénario, bien que simple, est ponctué de moments forts (mis en relief chez Zviane à l’aide de « silences »), mais aussi de situations cocasses (le « slapstick » étant l’une des marques de fabrique d’Iris). De même, le naturel des dialogues ajoute une belle touche d’authenticité au récit. Si les deux dessinatrices possèdent un trait bien différent, il est remarquable de voir combien ceux-ci s’agencent bien. De même, le style de découpage de chacune s’avère complémentaire. Les lecteurs habituels remarqueront que l’usage du rose, signature visuelle du blog, se perd ici, puisque l’ouvrage est en noir et blanc. Toutefois, l’illustration de couverture en couleurs nous dédommage bien.
Bref, que dire d’autre sinon que L’Ostie d’chat constitue l’une des plus belles surprises de la rentrée chez Delcourt.
(par Marianne St-Jacques)
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À lire également sur ActuaBD.com :
Notre interview avec Iris et Zviane au sujet de L’ostie d’chat (mars 2011)
Notre portrait de Zviane (mars 2011)
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