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L’année 2014 de la bande dessinée féminine

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 décembre 2014                      Lien  
Grâce au Prix Artemisia 2015 qui récompense les talents féminins du 9e Art, nous avons pour chaque fin d'année un choix de bandes dessinées réalisées par des femmes.

L'année 2014 de la bande dessinée féminine
Mes Cent Démons de Lynda Barry (Çà & Là)

Le communiqué du Prix Artemisia qui doit son nom à l’artiste-peintre italienne Artemisia Gentileschi (1593-1653) le rappelle à juste titre : seuls 13% des auteurs de BD francophones, selon le Rapport Gilles Ratier de l’ACBD, sont des femmes. Sur 42 festivals à Angoulême, deux femmes seulement ont reçu un Grand Prix : Claire Bretécher lors d’un Prix Spécial du 10e anniversaire en 1982 et Florence Cestac, seule femme membre de l’Académie en 1989.

Niki, le jardin des secrets de Dominique Osuch et Sandrine Martin (Casterman)

L’enjeu de ce prix n’est pas communautariste, il consiste seulement à reconnaître qu’il existe un imaginaire spécifiquement féminin et que celui-ci a le droit de se libérer de l’emprise des hommes.

Le Prix, remis chaque année le 9 janvier (jour-anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir) concentre sa sélection sur des albums réalisés intégralement par une ou plusieurs femmes.... occidentales, car cette comptabilité ne tient pas compte des mangas où les auteurs féminins sont bien plus nombreux.

Cette année, dont la production, constate le communiqué, est "moins riche que les années précédentes", le jury s’est mis sous le patronage de Mylène Demongeot, qui prépare une BD avec Catel et Claire Bouilhac chez Dupuis en 2015, et qui est -cela se sait moins- le modèle de la Schtroumpfette de Peyo, tout un symbole !

Lillian The Legend de Kery Byrne (Agrume)

Cette année, onze titres ont été sélectionnés dont une bonne partie a été publiée sous la bannière de "petits" labels :

- Mes Cent Démons de Lynda Barry (Çà & Là). Réalisée par l’une des grandes figures de la BD Underground américaine, compagnon de route de Matt Groening ou de Charles Burns, Lynda Barry propose ici une jubilatoire "« autobiofiction » empreinte d’une pénétrante intelligence au fait des arcanes les plus surprenantes de l’humour.

Literary Life de Posy Simmonds (Denoël Graphic)

- Niki, le jardin des secrets de Dominique Osuch & Sandrine Martin (Casterman), une biographie fraîche et quasi-enfantine de l’artiste-peintre et sculpteure Niki de Saint-Phalle.

- Lillian the Legend de Kery Byrne (Agrume) ou le destin d’une jeune femme russe qui tente sa chance aux États-Unis dans les années 1920 avant de revenir à pied chez elle en passant par le Detroit de Bering. Une grande épopée servie par un trait graphique singulier.

- Literary Life : Scènes de la vie littéraire de Posy Simmonds (Denoël Graphic) où la grande dame de la bande dessinée anglaise, justement célébrée pour ses portraits de femmes Gemma Bovery et Tamara Drewe, fait une description réjouissante de la Foire aux Vanités des lettres britanniques. Par la cruauté des portraits et l’esprit des répliques, on pense immanquablement à Oscar Wilde et George Bernard Shaw. Notre coup de cœur.

Literary Life de Posy Simmonds (Denoël Graphic)
Lâcher prise de Miriam Katin - Ed. Futuropolis

- Lâcher prise de Miriam Katin (Futuropolis) où l’on retrouve l’auteure de Seules contre tous, à New York, confrontée à devoir revenir en Allemagne à cause de son fils. "Les passages berlinois offrent des scènes dignes de Woody Allen, et les échanges avec les proches, fils et mari en tête, de jolis moments intimes. Un superbe voyage qui évoque autant la judéité que les relations mère-fils, New-York que Berlin, la vieillesse, l’art et même notre petit monde de la BD. Une manière très gracieuse de mettre en scène la réconciliation" écrivait David Taugis dans nos pages.

- Cet Été-là de Jillian & Mariko Tamaki (Rue de Sèvres) "On l’aura compris : la lecture de ce volumineux roman graphique surfe à la fois avec nostalgie sur le thème des vacances en famille, mais aussi celle de la période des découvertes, avec son lot de frustrations de toutes sortes" écrivait Patrice Gentilhomme dans ActuaBD.

- Moderne Olympia de Catherine Meurisse (Futuropolis). Un hommage à la peinture par la grande caricaturiste de Charlie Hebdo. "Imaginez Olympia s’échappant du tableau de Manet. Avec ses envies, ses manies, sa soif de réussir dans le cinéma, et sa quête sentimentale. Dans le cadre d’un nouveau partenariat avec le Musée D’Orsay, Catherine Meurisse utilise cette ambassadrice dans le plus simple appareil pour nous faire découvrir des dizaines de tableaux" écrivait David Taugis dans nos colonnes.

- Finnele T1 : Le Front d’Alsace par Anne Teuf (Delcourt). Les célébrations de 1914 ne doivent pas faire oublier que cette guerre fut aussi l’affaire des femmes. "Sur plus de 200 pages en noir et blanc au crayon, raconte David Taugis dans ActuaBD, elle évoque dans ce premier tome les années de la Première Guerre mondiale, entre 1914 et 1918. Une période particulièrement tendue en Alsace, où les habitants oscillent entre la France et l’Allemagne. Il faut choisir son camp dans ce conflit, et toute la famille doit également se protéger et subvenir à ses besoins..."

Finnele T1 :Le Front d’Alsace par Anne Teuf - Ed. Delcourt

- Ô Cruelle de Nadja (Actes Sud BD). La grande illustratrice pour la jeunesse nous revient avec le dernier volume de sa tétralogie sur les filles de Montparnasse. "Nadja nous embarque dans une rêverie à travers le regard d’une femme, qui connaît les confidences entre filles, et devine ce que seraient les pensées secrètes des hommes. Le pinceau est celui d’une peintre, un trait épais, gracieux, des personnages fortement soulignés à la manière des nabis –sauf que l’auteure, libre de ses sens, est bien d’aujourd’hui" dit Artemisia dans son communiqué.

"Ô Cruelle" de Nadja (Actes Sud)

- Irmina par Barbara Yelin (Actes Sud / L’An 2). "Un destin de femme allemande, des années 1930 aux années 1980, avec en filigrane une histoire d’amour impossible et le poids de l’Allemagne nazie et de son héritage. Le ton singulier et la finesse de l’auteure emportent l’adhésion" écrivait David Taugis, l’un de nos plus fins critiques, dans ces pages.

Au-delà de toute considération statistique, ce choix est peut-être l’occasion de lire des bandes dessinées au regard différent, échappant aux canons virils des catégories habituelles, testostéronées et ado-centrées, du 9e Art.

"Irmina" - Par Barbara Yelin (Actes Sud / L’An 2)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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6 Messages :
  • L’année 2014 de la bande dessinée féminine
    25 décembre 2014 10:18, par Hermina

    Je trouve qu’il manque souvent d’oestrogènes dans pas mal de bd testostéronées.
    Le problème c’est que quand on le manifeste on se fait passer pour une "emmerdeuse", un classique du genre.
    Mais bonne surprise de trouver ici cette liste de de bd au féminin avec des beaux ouvrages.
    Bonnes fêtes à l’équipe d’ Actuabd.

    Répondre à ce message

  • L’année 2014 de la bande dessinée féminine
    25 décembre 2014 10:40, par Mael R.

    "Le Prix, remis chaque année le 9 janvier concentre sa sélection sur des albums réalisés intégralement par une ou plusieurs femmes.... franco-belges, car cette comptabilité ne tient pas compte des mangas où les auteurs féminins sont bien plus nombreux."

    Certes, mais de là faire de Posy Simmonds (Royaume-Uni), Lynda Barry, Kery Byrne, Miriam Katin des franco-belges...

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 décembre 2014 à  14:03 :

      Vous avez raison. Nous avons donc remplacé "franco-belge" par "occidental", mieux adapté.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Yves FREMION, membre du jury le 5 janvier 2015 à  11:16 :

        Non non, chaque année il y a des mangas dans la sélection.

        Il y en avait cette fois-ci. Il y en aura chaque année puisque nous listons, autant que faire se peut, tous les albums féminins parus.

        Après nous choisissons en plusieurs sélections.

        Répondre à ce message

  • L’année 2014 de la bande dessinée féminine
    25 décembre 2014 12:38, par Hermina

    bandes dessinées de femmes plutôt que féminine ?

    Répondre à ce message

  • L’année 2014 de la bande dessinée féminine
    25 décembre 2014 12:45, par Hermina

    bandes dessinées de femmes plutôt que féminine ? ca sonne comme"" presse féminine" alors que cela s’adresse à tout public

    Répondre à ce message

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