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L’équipe d’ActuaBD vous raconte ses souvenirs de 2009

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er janvier 2010                      Lien  
Vous lisez parfois nos signatures en bas de nos articles. Pour ouvrir l’année, nous avons voulu quelque chose d’un peu plus personnel où quelques-uns des membres de notre équipe nous racontent un bout de leur année 2009, histoire d’ouvrir une année 2010 que nous espérons heureuse et pleine de BD. Florilège.

FRANCOIS BOUDET
L’année du charme

L'équipe d'ActuaBD vous raconte ses souvenirs de 2009L’année 2009 sur ActuaBD commençait bien puisque nous y notions avec intérêt "Le retour du Charme", plus clairement le retour de la BD érotique chez certains éditeurs et dans les rayonnages des librairies ! Rendons à César ce qui est à César : L’idée de cet article en Une du site revient à Didier Pasamonik (notre éditeur adjoint aussi vénéré que Nicolas Anspach, notre rédac-chef), et je me suis collé à la tâche (avec un accent svp !) étant plus ou moins spécialisé sur le site... Nous étions en janvier et présents également au festival de la ville d’Angoulême, occasion pour moi de croiser une partie de l’équipe ainsi que Thierry Play, directeur général des éditions Tabou, que j’ai pu interviewer pour ActuaBD (lire l’interview). A propos de l’article sur "Le retour du Charme", notons que Yves-Marie Labé, après lecture de cet article, nous a demandé un contact vers les éditions Tabou et a rédigé ensuite un long article sur le même sujet dans Le Monde... Les grands esprits se rencontrent.
La deuxième chose que je retiens de l’année 2009, sur ActuaBD, est le retour - déjà entamé l’année précédente mais qui s’accélère en ce début d’année 2009 - des traductions françaises de bandes dessinées italiennes populaires des éditions Bonelli, avec des séries telles que : "Tex" (voir la première chronique), "Dampyre", "Nick Raider", "Martin Mystère", "Diabolik", etc... Souhaitons longue vie à cette renaissance de ces séries qui paraissaient jadis dans nos "petits formats" Lug/Semic...
Enfin, je retiens l’engagement des auteurs de bandes dessinées pour des causes humanistes comme la dénonciation du racisme ("Droit du sol" de Charles Masson, "Arabico" de Halim Mahmoudi), ou encore la dénonciation des violences faites aux femmes.

ARNAUD CLAES
Une séance ciné agitée

Samedi 13 juin 2009. Les Beaux Gosses, le film de Riad Sattouf, est sorti depuis trois jours en salles, et on n’en a toujours pas parlé sur ActuaBD.com. C’est intolérable ! Armé de mon seul courage et d’un billet de 10 euros (dire que je ne suis même pas payé pour faire ce job), je fonce au cinéma avec trois amis. J’ai pris soin de me munir de mon appareil photo, car il paraît que des auteurs BD font des apparitions dans le film. Qui est excellent. Mais je passe une séance un peu tendue : où sont les auteurs ? J’ai dû en louper plein ! Ah, Satrapi ! Vite, une photo ! Plusieurs ! Tout le monde me regarde, je n’ai pas le droit de faire ça, si ma mère savait… !!!

Ouf, il y en a une qui est nette.

Restons en alerte. Mamans-trop-chaudasses.com, en voilà un site Internet… Tiens, mais ce réparateur pour qui la jolie maman s’apprête à délaisser son aspirateur, ce ne serait pas Sattouf lui-même ? Oui ! Je l’ai reconnu malgré sa perruque ! Vite, des photos !! (Elles seront toutes floues…)

A la sortie du cinéma, j’avais perdu trois litres d’eau, mes amis ont fait semblant de ne pas me connaître, mais ma mission était accomplie. Notre éditeur adjoint Didier Pasamonik, connu dans le milieu sous le surnom de « mitrailleur fou » (il s’est fait greffer un appareil photo sur l’œil droit), sera fier de moi.

CHARLES-LOUIS DETOURNAY
Intimes confidences

Le rituel d’ActuaBD, c’est pas mal de bons livres, de très chouettes rencontres d’auteurs... Surtout de nombreuses heures passées derrière son ordinateur pour tenter de vous rendre un résultat convaincant. Par exemple, pour une interview, il faut sûrement compter une demi-douzaine d’heures de travail !
Dans l’équipe, je suis d’ailleurs reconnu comme étant celui qui a le plus d’interviews en retard. J’avais ainsi promis à notre rédacteur-en-chef Nicolas Anspach de retranscrire avant Noël une formidable rencontre, mais voilà que le nouvel an se profile, et je n’ai pas encore terminé ! Y a-t-il un lien avec le fait que je n’aille pas à Angoulême cette année ? Allez savoir...
Mais le seul endroit où je puisse retranscrire au calme les intimes confidences de nos amis auteurs, c’est plié en quatre dans ma voiture ! Donc, si un temps de midi sur une aire d’autoroute, vous discernez un énergumène avec un casque sur les oreilles, ne klaxonnez surtout pas, que je rattrape mon retard !!!

STEPHANIE FRANCQUEVILLE
L’heure du manga

Plus le temps passe et moins j’ai l’impression d’en avoir. Entre le boulot et les tâches ménagères, je ne sais plus où donner de la tête. J’ai bien pensé travailler la nuit mais j’ai besoin de mes huit heures de sommeil pour ne pas m’endormir l’après-midi. Mais je n’oublie pas ActuaBD pour autant. Je passe mes journées à lire des manuscrits et pourtant, quand je rentre, je ne peux pas m’empêcher de continuer. Les mangas m’apportent du changement, l’air de rien. ^^

Et cette année a été plutôt chargée en shôjos. Nous avons eu droit à la sortie de grand shôjo comme Bitter Virgin, Black Rose Alice, Honey Hunt ou encore My First Love. Beaucoup de déceptions aussi avec des mangas annoncés comme absolument géniaux et qui se révèlent plutôt médiocres. (Voir mes chroniques concernant Spécial A, Otomen ou encore Switch Girl) Voilà un genre qui a énormément de mal à se renouveler.

Mais 2009 signifie d’abord et avant tout l’installation du yaoi en France grâce aux éditions Taïfu Comics et Asuka qui lancent respectivement une collection et un magazine spécialement dédié au genre. D’ailleurs, Tonkam suit leur exemple en 2010 en lançant sa collection Boy’s love. Depuis le temps que les lectrices en réclamaient, elles vont se retrouver surchargées d’un seul coup ! (il y a aussi quelques lecteurs, je ne les oublie pas, mais il faut reconnaître qu’ils sont en minorité.)

Mais mon grand moment de l’année 2009 restera la fin du manga Le Sablier, une romance dramatique absolument magnifique, admirablement réalisée par une mangaka de talent et que je conseille à tous les lecteurs. En plus, c’est le seul manga que j’ai pu lire en entier sans que mon chien ne vienne m’embêter. Preuve qu’il a du goût !

THIERRY LEMAIRE
Conversation d’un dessinateur et d’un journaliste

Ce que je retiens de l’année 2009, c’est une conversation. Une longue conversation téléphonique en janvier avec Emmanuel Guibert après la sortie de Japonais, son recueil de dessins et de nouvelles. A l’origine, l’échange doit servir pour écrire un court article. Le livre, assez difficile d’accès, demande un certain nombre d’explications sur la façon dont il a été créé et sur les intentions de cet épais volume. L’auteur de La guerre d’Alan me les donne bien volontiers mais va beaucoup plus loin. La discussion dure 1h30 et aborde, à travers cette expérience de résidence au Japon, les questionnements d’un dessinateur sur son art. Emmanuel Guibert ouvre des pistes en me racontant les sensations, les essais, les réalisations, les surprises, les déceptions et les plaisirs qu’il a vécus pendant ses deux séjours. Le sujet, la matière, les couleurs, les outils, l’inspiration, le renouvèlement sont passés en revue par un artiste, ou plutôt un artisan, qui se livre comme s’il se parlait à lui-même. L’espace de cette conversation, je suis littéralement transporté à Kyoto et je ressens intensément le degré d’exigence et de réflexion qu’Emmanuel Guibert porte au dessin. L’un de ces interviews qui parvient comme par magie à se transformer en moment rare.

DIDIER PASAMONIK
Surréalisme de masse

Pour moi, la rencontre de l’année a été celle de Peter van Heirseele, alias Herr Seele. Je voulais dans mon exposition aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, Les Regards croisés de la BD belge exposer Kamagurka, le génie de l’humour flamand contemporain. Je connais bien le bonhomme : je l’avais publié naguère (Traité d’humour con chez Magic Strip). Mais il est devenu entre-temps une immense star dans le monde néerlandophone. Il faut désormais passer par un secrétaire qui se pique de prétention. Au bout d’un moment, je comprends que « Kama » ayant depuis peu versé dans l’art contemporain ne peut pas répondre à ma demande : un collectionneur lui a commandé 365 toiles à exécuter en un an. Il n’a simplement pas le temps, ni de me recevoir, ni même de penser à l’hommage qu’on peut lui faire !

Un peu dépité, je me tourne vers son binôme, Herr Seele, le dessinateur de Cow Boy Henk. C’est l’été, et la perspective de me rendre à Ostende, ma ville natale, où réside l’artiste, en compagnie de mon co-commissaire de l’expo Jean-Marie Derscheid, m’enchante. L’un des souvenirs les plus voluptueux de ma jeunesse relevait de ce rituel : aller chez Angèle , la meilleure poissonnerie d’Ostende, acheter un kilo de crevettes grises et un autre de langoustines, et passer une heure à les déguster sur la terrasse du bistrot qui jouxte l’historique échoppe. Deuxième déception : Angèle n’existe plus ! La poissonnerie a été remplacée par un bazar à touristes. Sic Transit Gloria Mundi.

Herr Seele habite un magasin de pianos. Ce n’est pas par hasard : les pianos, il les collectionne, il en a plus de 200, dont un signé Franz Liszt. Son arrière-boutique, où il entrepose sa collection, est une marée de pianos droits. On y voit quelques pianos à queue rangés sur le côté. Nous sommes dans le monde de l’art. La musique côtoie la peinture (il y en a sur tous les murs, souvent de l’artiste, mais aussi de sa mère, peintre flamand célèbre) et des bibliothèques bourrées de livres hétéroclites. Le passionnant Herr Seele s’embarque dans une revisitation de l’histoire de l’art où Giotto, Crumb, Hergé et Cavanna (le Cavanna du 4, rue Choron pas celui des Russkofs) sont à la même table, en même temps qu’il explique comment son surréalisme diffère de celui de Breton ou de Chirico en ce qu’il est un « dadaïste rayonnant », adepte du « surréalisme de masse » qui diffuse sur des médias de grande portée, comme le théâtre, la bande dessinée ou la télévision. Une rencontre inoubliable.

MARIANNE ST-JACQUES
L’année des prix pour la BDQ

En plus d’écrire à titre d’antenne canadienne pour ActuaBD.com (titre que je partage avec Le Bédénaute et Mathias Kind), je suis étudiante à la maîtrise en littérature française (équivalent d’un programme de master) et je prévois rédiger ma thèse sur la bande dessinée. Si j’ai la chance de collaborer au site, c’est grâce à la magie d’Internet, qui non seulement m’a permis d’entrer en contact avec toute la rédaction d’ActuaBD, mais qui me permet également de communiquer avec nombre d’auteurs, d’éditeurs ou d’attachés de presse habitant sur un autre continent que le mien.

2009 aura été une année fastueuse en prix pour la BD québécoise. Accomplissement remarquable, l’album Harvey d’Hervé Bouchard et de Janice Nadeau (Editions de la Pastèque) a remporté deux prix littéraires du Gouverneur Général (la plus haute distinction littéraire au Canada), dans la catégorie du meilleur livre jeunesse et dans la catégorie meilleures illustrations. C’est la première fois de l’histoire des prix du G.G. qu’un livre remporte deux prix. L’album La quête de Chaas t. 2 : « Les vents de Tammerlan » de Michèle Laframboise, (aux éditions Médiaspaul) était le seul autre album de bande dessinée (finaliste dans la catégorie livre jeunesse) en lice cette année.

D’autre part, le nouvel opus de Michel Rabagliati, Paul à Québec, était quant à lui finaliste au grand prix du Salon du livre de Montréal (une première pour un album de bande dessinée). Rabagliati faisait ainsi compétition à une brochette d’écrivains prestigieux (parmi ceux-ci, on ne comptait rien de moins que le roman L’Énigme du retour, de Dany Laferrière, prix Médicis 2009). Le prix a toutefois été remporté, pour une troisième année d’affilée, par le dramaturge et romancier Michel Tremblay. Paul à Québec compte également parmi les albums retenus dans la sélection officielle du Festival international de la BD d’Angoulême 2010.

Celui qui n’a pas été vraiment primé, c’est l’album Coloc en Stock (Casterman), adaptation en joual de Coke en Stock et nouvelle variante régionale des aventures de Tintin. Cet album a connu un succès mitigé, soulevant l’ire de certains critiques, intellectuels et lecteurs, qui y ont vu une caricature maladroite du français québécois ou encore une perversion de l’œuvre d’Hergé, tandis que d’autres, indifférents, y ont surtout vu une opération marketing de la part des éditions Casterman.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Comme on disait chez Casterman en 1978 : (À Suivre)...

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4 Messages :
  • Bonne année 2010 à toute l’équipe, et au web master !

    Répondre à ce message

    • Répondu par Michel Dartay le 1er janvier 2010 à  21:27 :

      Je souhaite la bonne année à Didier Pasamonik et à Thierry Lemaire, qui participent tous deux comme moi à la revue sur la BD Zoo.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Francois Boudet le 2 janvier 2010 à  13:36 :

        Et nous on peut mourir alors ?... ^^

        Répondre à ce message

        • Répondu par Michel Dartay le 2 janvier 2010 à  16:02 :

          Désolé, François, surtout qu’on s’est rencontré un soir chez Makassar. Bonne année aussi à toi et aux autres rédacteurs (le commentaire sur l’auteur du reportage sur "les beaux gosses" m’a bien fait rire. Et j’étais loin de me douter que Kamagurka avait atteint une telle célébrité !!). Comme tu sembles te spécialiser dans le charme, tu devrais être satisfait, car il y aura de plus en plus d’intervenants dans ce domaine qui devient à la môde !

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