Avec ce premier album de 15 x 15 cm, Xiao Pan lance sa nouvelle collection de manière claire. "Carré d’art" donnera la part belle à l’illustration, au graphisme. D’ailleurs, L’essence de la vie est presque un livre d’images, où chaque case épouse le format, au choix, d’une ou deux pages. Le texte, la plupart du temps un récitatif, est placé en vis à vis des dessins, ou intégré à ceux-ci, mais sans bulles. Le ton lui-même, volontiers naïf, contribue à considérer l’album comme un livre pour enfants. C’est que Hei Li Zhi, dessinateur pékinois et drôle de personnage au vu de sa biographie, prend un malin plaisir à brouiller les pistes.
L’histoire de Xiao Lu, un jeune garçon qui se demande pourquoi les hommes vivent, a l’apparence d’une quête initiatique qu’affectionnent les romans "jeunesse". Mais à travers ce conte à première vue enfantin perce des préoccupations d’une plus grande maturité. Ce n’est plus l’entrée dans l’âge adulte qui accapare le héros mais la recherche de la sagesse. L’ouverture au monde laisse la place à un examen de conscience. Et visiblement, Xiao Lu a un peu de ménage à faire dans sa tête. Mais qui lui jettera la pierre ?
Le graphisme de cet album est tout aussi particulier que son traitement scénaristique. Le style rappelle celui du pastel mais le léger effet d’escalier du trait trahit sa véritable nature : l’oekaki. Un mot barbare, ou plus exactement japonais, qui désigne une image créée par l’intermédiaire d’un programme de dessin en ligne. On peut alors admirer le degré de maitrise de l’outil Internet atteint par Li Zhi. Le résultat est à la fois superbe et curieux par sa nature hybride.
On l’a compris, L’essence de la vie est un album à part, un bel objet de 200 pages qui ne se lit pas au même rythme qu’une bande dessinée classique. L’occasion de partager avec le jeune Xiao Lu un voyage introspectif qui par son universalité, fait écho à un moment ou à un autre à la propre expérience de chaque lecteur(trice).
(par Thierry Lemaire)
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